... le supplément économique mensuel du Soleil de Colombie-Britannique Vol. 2 No.9 JUIN 1996 _ SOULEIADO, L’AME DE LA PROVENCE PAR CATHERINE BAUDET Au coeur des Bouches-du- Rhone, non loin d’Arles, dans le sud de la France, se trouve une petite ville qui porte haut les cou- leurs de la Provence: Tarascon. Rentrée dans la légende grace a Vécrivain Alphonse Daudet' et a son célébre roman «Tartarin de Tarascon», elle est aujourd’hui le siége de la plus importante manu- facture de tissus provencgaux: Souleiado, Créée et dirigée par la famille Demery, la célébre marque est avant tout la meilleure ambas- sadrice de la culture provengale a travers le monde. Histoire d’une passion et d’une famille pas com- me les autres. ‘Une histoire de couleurs D’une voix douce et chaleu- reuse, Christiane Demery évoque avec passion sa famille et sa culture. Elle parle d’un jeunehomme, qui par amour pour sa région natale, la Provence, ouvrit en 1938 une petite fabrique de tissus. Cet homme, c’était son pére, Charles Demery. II avait découvert avec sa femme, Héléne, 40 000 blocs d’imprimerie en bois, sculptés de délicats motifs floraux. Un héritage inestimable, fruit du travail de générations de graveurs. Entouré de cing employés, le couple Demery commence par rééditer ces gravures sur des fou- lards et des mouchoirs estampillés «Souleiado», ce qui signifie enso- leillé en langue provengale. Leur clientéle est locale et leur ambition tout a fait modeste: ils veulent avant tout que se perpétue un savoir-faire quiremonte au X VII*"* siécle. C’est en effet 4 cette époque que la manu- facture d’Inde présente a la cour du roi Louis XIV un procédé ancestral de fabrication des couleurs. Les pigments, élaborés a partir de cer- taines plantes, produisent des cou- leurs d’une merveilleuse vivacité. Et c’est tout naturellement en Provence que la technique se déve- loppe, ot le climat et le so! favori- sent l’éclosion de ces plantes alors exotiques. On rétrouve par exemple celles que l’on appelle aujourd’hui la graine d’Avignon, qui donne un jaune éclatant, ou encore la garance - utilisée pour fabriquer le rouge. Grace a cette nouvelle technique, on peut enfin reproduire les plus belles tonalités de la Provence: le rouge des montagnes de 1’Esterel, Vocre scintillant des maisons du Roussillon, le vert des oliviers et le bleu profond de la mer Méditerranée. Face au succés remporté par leurs petits foulards, Charles et Héléne Demery décident de créer leur premiére ligne de prét-a-porter puis de l’exporter aux Etats-Unis. Le publicsuit, les stars aussi: Jackie Kennedy décore la «chambre de Lincoln» 4 la Maison Blanche de tissus provengaux, Pablo Picasso est apergu en chemise «Souleiado»... Tout le monde veut du «Souleiado». L’esprit de. famille En 1968, les enfants Demery rejoignent leur pére dans ]’aventu- re. Ensemble, ils restructurent la société, qui a pris un essor que méme Charles ne prévoyait pas. Aujourd’hui, Jean-Pierre est le di- recteur de la firme qui, malgré des difficultés qu’il espére passagéres, emploie 95 personnes et gére une centaine de boutiques implantées partout dans le monde: Etats-Unis, Italie, Hongkong, Suéde, Portugal. Liban... Régine, la petite derniére, s’occupe du bureau de style. Et . enfin Christiane gére le bureau de Paris et les exportations: «Souleiado, ce n’est pas juste mon pére, mon frére ou moi. Nous som- mes indissociables les uns des autres. Souleiado c’est d’abord une histoire de famille et de pas- sion, Notre pére nous a légué le plus précieux des héritages: Vamour de la Provence. Nos pro- duits ont tous une Ame et une his- toire. Ils sont le reflet d’un paysa- gé, mais aussi d’une mentalité et @une cuisine hautes en couleurs. Cela nous fait réellement plaisir de savoir que des Japonais dégus- tent des sushis dans de la vaisselle provengale, ou quedes Norvégiens se réchauffent dans nos édredons. A travers nos produits, c’est avant tout un esprit que nous voulons exporter. Pour que vive l’ame de SOMMAIRE ® tLe marché do travail . ®. Lo réussite d'un francophone > Destination ferraille la Provence, sa chaleur, sa convivialité et sa gaieté sur tous les continents». A cété de la fabrique de Tarascon, dans une vieille maison provengale, se tient le musée érigé en 1988 parles enfants Demery. C’estun triple hommage, a leur pére décédé en 1986, aux graveurs qui ont perpétué jla tradition durant des siécles, mais aussi a leurs racines. On y retrouve des objets d’hier et d’aujourd’hui qui sont tous prétextes 4 de petites mises en scénes: des tissus indiens et perses du XVII*™ siécle, des poteries d’Uzés 2, des assiettes d’Apt*, des costumes camarguais de toréadors... Dans une petite piéce plongée dans la pénom- bre, on découvre un atelier du X VII" siécle. Des bains de couleur solidifiés depuis longtemps ainsi que des blocs gravés semblent encore y attendre la main de ]’artisan. Une autre piéce est consacrée au peintre Antoine Raspal, une autre encore a Mireille, la roman- tique héroine du poéte chéri de la Provence, Frédéric Mistral. Untravail magnifiquement orchestré !0 'Célébre écrivain francais originaire de la ville de Nimes dans le Sud de la France (1840- 1897) ? Ville située prés de Nimes et non loin de Tarascon. Connue pour ses poteries. $ Ville située dans le département du Vaucluse, dans le Sud de la France Souleiado: La tradition des tissus de Provence. Alsthom: La réussite d’un grand industriel Frangais en Colombie-Britannique PAR DENIS BASTIEN Cet 6t6, les grands bateaux de croi- siére sont encore plus nombreux, encore plus blancs, encore plus beaux. Peu de gens se doutent que, sur la vingtaine de navires basés 4 Vancouver, prés du quart a été construit en Francea Saint-Nazaire, par une entreprise francaise: Alsthom. Ce grand groupe industriel diversi- fié est généralement connu pour son réle majeur dans laconstruction du TGV (train a grande vitesse) frangais. Ila cependant réalisé de nombreuxautres projets specta- culaires, dans le domaine des transports, tout comme dans Iindustrie lourde ou l'industrie manufacturiére. Cette muttina- tionale dont les sites de production sont essentiellement concentrés en Europe, est cependant présente en Colombie-Britanni- que, et pas seulement au traversdes majes- tueux paquebots quitraversent le Burrard Inlet toutes les fins de semaines. En effet, un bureau commercial, situéa Burnaby, est chargé de commercia- liser fensemble des produits du GEC ALSTHOM. Pour cela, une équipe souple et dynamique de huit personnesesten place pour soutenir l’'action de Jim Gleeson, le directeur commercial. Les activités prin- cipales d’Alsthom dans notre région sont la vente et l’installation d’équipements a Pindustrie miniére et auxcentrales électri- ques, ainsi qu’un courant d’affaire trés significatif avec les sociétés publiques. Parexempk, Alsthom est chargé par BC Transit, de la maintenance et de famélioration du «skytrain» de Vancouver. Autre client public, BC Ferries commande réguliérement des moteurs ou des pidces mécaniques a Alsthom dans le cadre de lentretien de son parc de 45 ferries. LA encore, pensiez-vous quel'industrie fran- gaise était 4 ce point concernée lorsque vous vous rendez sur!'lle de Vancouver? BC Hydro enfin, achéte des turbines, de réquipementde protection et des piéces derechangeaAlsthom. Ces contrats avec des sociétés publiques débouchent parfois sur des ‘missions 4 l’étranger. Ainsi, suite a son implication dans la construction et la maintenance du «skytrain », Alsthom BC a 6té chargé de différentes réalisations pourlecompte du métrodeKualaLumpur (Malaisie). Belaccomplissement pour un bureau de huit personnes! Mais Alsthom travaille aussi, bien entendu, aveclesec- teur privé. Ceci se fait surtout par ’inter- médiaire de consultants ou sociétés d’ingénierie qui ont la responsabilité de conception industrielle pourle compte de clients manufacturiers. D’aprés Jim Gleeson, activité de Alsthom en Colombie-Britannique et plus globalement dans l'ouest du Canada est ennette augmentation, bien sir du fait de la qualité des produits Alsthom et des efforts de cette filiale, mais aussi parce que finvestissement industriel est en hausse dans cette région. II faut néanmoins re- connaftre qu’ilreste sans commune me- sure avec ce que l'on peut voir dans l’est du pays. L’image des produits industriels frangais, sans étre aussi favorable que celle des produits de luxe esttrés bonne etne souffre pas de la comparaison avec lesconcurrents européens ou asiatiques. Enfin la preuve que la France peut exporter autre chose que des parfums! O