Le Moustique Volume 5 - 3° Edition ISSN 1496-8304 Mars 2002 ravade, bravoure et bavardage. Suite... -Je vais monter la tente, nettoyer le site et allumer le feu. Repose-toi en attendant. Dés que le feu aura pris, je verrai ce que l’on peut préparer pour le souper. - C’est toi qui prépareras a manger ? - Oui ! Décontracte-toi, je verrai avec quoi on pourra accommoder les nouilles ce soir. - Encore des nouilles ! - Tu préféres du riz ? Il est un peu moisi, cela ne fait rien ? - Je ne sais pas : jen ai assez des nouilles et le riz moisi ne me tente pas ce soir. Choisis ce que tu préféres. Ce que je préfére ? Je le sais fort bien. J’ai regardé autour de moi a m’en dévisser le cou, j’ai fait un tour complet du camp et je n’ai pas vu de "Chez Monique". La tente est en place et un magnifique bicher s’appréte a faire la nique au coucher du soleil. Je ne me décide toujours pas a préparer le repas. Je fais au préalable un tour des tentes ; j’interroge nos quelques voisins qui me répondent en rechignant que "Chez Monique" existe effectivement, que c'est toujours ouvert et que ga se trouve un peu au-dela du camps, en direction du phare de Carmanah . - Cest loin ? - Non, au contraire, et c’est inacceptable ! Il ne devrait pas y avoir de choses semblables sur un si merveilleux sentier. - Oui |! Vous avez raison. C’est trés regrettable. Mais cela ne tardera pas a disparaitre : le bon sens y pourvoira. J’ai tres nettement le sentiment que si on se décidait a aller manger chez Monique, on aurait intérét a s'y rendre discrétement, a la nuit tombante. Je retrouve ma fille réveuse au coin du feu. Derriére elle, le soleil s’éteint doucement, la découpant en silhouette sombre que les flammes du bticher marbrent de vagues reliefs coulés dans le bronze. De ses yeux vides, elle fixe le feu qui n’éclaire que l’immobilité de son visage. Toujours assise au méme endroit, elle n’a pas fait le moindre mouvement. Pourtant, quand je m’approche du cercle de lumiére, elle me demande : - Tu n’as pas préparé le souper ? - Non ! Pas encore. Je suis allé faire un tour, histoire de voir si je ne pouvais pas trouver une maniére de remplacer les nouilles ou le riz. - Qu’aurais-tu pu trouver sur cette plage presque vide ? J’espére que tu n’est pas aller emprunter de la nourriture a nos voisins ? Ils croiront qu’on n'est pas capable de nous organiser. - Certes non, mais j'ai appris tout de méme qu’il existait chez Monique une sorte de banque d’échange. Tu laisses a l’entrée ce qui te parait trop lourd ou inutile et, en @change, tu peux y trouver certaines choses qui pourraient te manquer. C’est une bonne idée, c’est bien pratique. On devrait aller voir s'il n’y a pas quelque chose de bon a manger qui remplacerait le riz moisi. - J'ai impression que tu essayes de trouver un moyen pour m’emmener manger la-bas. - Non ! Pas du tout, tu m’as dit que des pates et du riz, tu en avais soupé et je ne peux pas te donner tort. J’essaye tout au plus de trouver une maniére de te satisfaire. Je peux trés bien te preparer du riz moisi ; en y mettant beaucoup de fromage en pate ou pourrait ne rien remarquer. 4