— tN ttt re 14— Le Soleil de Colombie, vendredi 14 juin 1985 Lettres, arts et spectacles Au oo Balser Par Francois Bourboulon Le groupe de jazz Québécois Uzeb se produit au Commodore Ballroom pour deux soirées avant de jouer & Victoria. Deux soirées chaudes en prévision car Uzeb n’a pas l’habitude de mesurer son énergie sur scéne. “Formation €quilibrée, com- posée de quatre champions de la technique et des langages modernes” (Jazz hot). “Par sa virtuosité tant individuelle que collective, Uzeb se classe parmi les meilleurs” (Globe and Mail) . “Le meilleur groupe de jazz électrique que j'ai jamais vu” (Georgia Straight). “Le premier groupe fusion pro- gressif au Canada” (Globe and Mail). Ouf, n’en jetez plus. Devant un tel concert de louanges, on ne sait qu’ajouter. En quelques années, Uzeb a véritablement réussi a faire l'unanimité sur son nom. Une réussite que l’on retrouve au niveau du public puisque Uzeb est a présent un gros vendeur de disques, au Québec bien sir mais aussi dans le reste du Canada et en Europe. En France, par exem- ple, ils vendent autant que Miles Davis ou Weather Re- port. Egaler les Américains sur leur propre terrain, dans ce domaine du jazz fusion qu’ils ont inventé, n’est pas une mince performance. Et la référence a Miles Davis et Weather Report est sans doute la meilleure que I’on puisse trouver. Comme eux, Uzeb a su élaborer une formule qui revigore le vieux jazz en le teintant de sonorités nouvelles, inspirées du rock et d'autres rythmes. Mais Uzeb a réussi a se créer sa propre identité, son propre son. Et il le doit en priorité au talent de ses membres, non seulement virtuoses de leursinstrumentsmais faisant preuve d'une énergie quel’ona rarement l’occasion de per- cevoir dans le jazz. La palme revient en priorité a Alain Caron, le bassiste, qui étonne par la puissance et la profon- deur de son jeu tout autant que par sa variété et sa vitalité. L’ensemble a permis au criti- que de jazz duGlobe and Mail.. Mark Miller, de décrire Uzeb comme le “Van Halen du jazz” méme si l’assimilation a ce groupe de hard-rock n’est pas endossée par les musiciens d’'Uzeb, elle parle di’elle- méme. Uzeb est né au Québec en 1976. Aprés plusieurs tournées seuls ou avec Diane Tell ou Claude Dubois, et un premier disque (Live in Bracknell), il explose vraiment en 1982 avec son deuxiéme album, Fast émotion, puis l'année suivante avec des tournées au Canada et en Europe. Il participe au festival de jazz de Montréal (le saxophoniste Michael Brecker l’y accom- pagne), de Toronto (en premiére partie de Miles Davis) et de Québec (avec le violoniste Didier Lockwood). Fin 1983, Uzeb recoit un premier Félix 4 l’ADISQ (As- sociation du Disque et de l'Industrie du Spectacle du Québec) pour le meilleur disque jazz de l'année. En 1984, nouveau disque (You be easy) , nouvelles tournées cana. diennes et européennes et nouveaux Félix (meilleur dis- que jazz et groupe de l’année) . A présent, Uzeb est reconnu Les ripoux sévissent encore et toujours. Qui donc les arré- tera? Le film francais (sous- titres anglais) de Claude Zidi avec Philippe Noiret et Thierry passe toujours au Varsity, 4757 10e avenue ouest, a 19h30 et 21h30, matinées a 13h45, 15h40 et 17h380 les samedi et dimanche. Gérard Depardieu sera a Vhonneur les 21 et 23 juin au Vancouver East Cinema puis- que seront diffusés ces jours-1a, deux de ces films: Le retour de Martin Guerre a 19h30, et Danton a 21h30. | Au Vancouver East Cinema, Je Ave. et Commercial Drive. Denise Guenette interprétera “Marcel, tu m’harcéles” au Centre culturel colombien les 27, 28, 29 et 30 juin et les ler et 2 juillet 4 20h30. Elle est Vauteur de ce spectacle en chansons et monologues. In- formations et réservations au 874-9105. L’agenda Uzeb: le jazz en fusion _ Uzeb: l’unanimité par tout le monde comme !’un des plus grands dans sa catégorie et arrive donc a Vancouver pour deux concerts au Commodore Ballroom et un autre au Royal Theatre de Victoria. Ce n'est pas sa premiére expérience a Vancouver. La premiére fois, les murs du club ov il jouait ont presque explosé tellement le public était nombreux. La seconde, Uzeb a non seule- ment rempli le Commodore pour un soir, mais aussi fait une telle impression que la performance avait été classée parmi les dix meilleurs con- certs de l’année par le Georgia Straight. Au méme rang que Bruce Springsteen ou Tina Turner. De bonnes références. Au Commodore Ballroom, les 14 et 15 juin a 20h30, et au Royal Theatre de Victoria le 17 juina 20h00. Billets :1 0.50$ En premiére partie, le fran- cais Paul Serret qui réside a Vancouver et est un spécialiste du santour, instrument de musique iranien. Le 22 juin sera l’occasion de célébrer la journée nationale du film. A Vancouver, le programme débutera a 14h00 dans la salle de cinéma du Robson Square Media Centre, et se composera d’un certain nombre de courts métrages et de dessins animés. Dans la soirée aura lieu la projection de Sonatine, de la réalisatrice québécoise Micheline Lanctot (qu’on avait pu voir lors du festival international) qui a remporté un Génie vendredi. La librairie Le Soleil | 3283, rue Main Vancouver V5V 3M6 Tél. 879-6656 La Librairie Le Soleil a actuellement des romans, des bandes dessinées, des romans policiers etc... 4 vendre a des prix trés bas, aux alentours du dollar. Venez-y faire un tour, noue sommes situés au coin de la 17éme avenue et de Main [autobus 3 et 5], de 9h a 17h du lundi au Le profit de la vente des livres de la Librairie est versé 4 la Fondation Le Soleil de Colombie. Cet argent est ensuite distribué 4 des étudiants qui ont excellé en frangais. eee Pa es 5 ASP MS @ 980-5341 hae La Galerie Diane Farris présente jusqu’au 29 juin une exposition d’oeuvres de cing jeunes artistes de Vancouver. Elle est l'occasion de découvrir des tableaux récents de ces artistes parmi lesquels deux francophones, _ Philippe Raphanel et Lyse Lemieux. Galerie Diane Farris 3e éta- ge, 165 rue Water, Jusqu’au 25 juin, exposition de tapisseries de Marcel Mallette ala West End Display Gallery, 870 rue Denman. Les Cammac, Canadian Amateurs Musicians, orga- nisent 4 nouveau un camp de musique pour les adultes et familles cet été. Celui-ci aura. _lieu du 28 juillet au 4 aoait a Miracle Valley, prés de Mis- sion. : _ Des activités musicales seront proposées dans les domaines suivants: ment, instruments a vent et a cordes. D’autres activités se- ront réservées aux enfants de 6 412 ans. Chaque soir aura lieu un concert donné par les éléves. On sait déja que la soliste soprano montréalaise Gaby Billette figurera parmi les professeurs de ce camp. Des prix familiaux et des bourses peuvent étre obtenus. Pour tous renseignements et inscrip- tions, appeler CAMMAC chant, enregistre- «Le temps est de mon cété» Suite de la page 1 - “Le phoque” [Chanson la plus connue de Michel Rivard que le public a chantée avec lui dans un véritable moment de communion]. - On lI’a faite une fois a Québec devant 42 000 per- sonnes. Et quand les 42 000 personnes la reprennent en choeur, l’auteur pleure, et c'est arrivé. Samedi soir aussi c était extraordinaire. En plus, ¢aaune certaine signification, quand tu as des gens qui sont exilés. C’est une chanson sur l’exil. Javais arrété de la chanter parce qu'elle représentait trop Beau Dommage. Mais les gens l’aiment et tu ne peux pas empécher les gens d’aimer quelque chose, c'est mesquin. Alors, je me suis remis a la chanter, enfin jarréte de chanter presqu’au premier tiers. Les gens la prennent et puis ils s’en vont avec. Alors je deviens spectateur et j'adore. C'est toujours extraordinaire d’entendre une foule chanter ca. Ca dépasse le cadre du succés ou du show-business. Ce sont des gens qui chantent tous ensemble. - Influences? - Jen ai mais je ne peux pas. les déceler tout le temps. Jen’ai pas d'idoles, uniquement des montées de respect pour quel- qu'un. J’écoute de tout, abso- lument de tout et je suis complétement ouvert par rap- port a ce que j’€coute. Beaucoup d’assurance sur scéne - L’improvisation? - Ca a été mon gagne pain a un moment. C’est quelque- chose que je trouve a la fois trés exaltant et trés dangereux, surtout dans la forme dans laquelle je l’ai faite, la Ligue Nationale d’Improvisation, des espéces de jeux du cirque. Jel‘ai fait trois ans et c’est juste assez. Ca m’a donné beaucoup d’assurance sur scéne, et per- mis d’étre capable de réagir au public, de me débrouiller quand toutes les cordes de ma guitare pétent en méme temps. Je trouve que l'improvisation a pris beaucoup d’ampleur, les matches sont diffusés a la télé, ca devient peut étre un peu trop gros. Mais il n’est pas dit qu'un jour, je ne rechausserai pas les patins.. - Cinéma et théatre? . - Je suis plus attiré par le cinéma. Je n’ai eu que des petits réles occasionnels mais j'ai surtout bien aimé faire des musiques de films. J’ai trouvé ca extraordinaire, c’est quel- que chose qui me fascine. Je n’ai jamais été un vrai acteur de théatre. J’accepte les réles quand je pense qu’ils me conviennent. Et puis, ca me change de la chanson et ¢a fait du bien d’étre dirigé par un metteur en scéne. Tu deviens un outil dans les mains de quelqu’un d’autre. - “Sauvage”? [dernier dis- que de Michel Rivard] - Cest le disque retour aprés 4 ans d’absence. Jai repris confiance en mon écriture de chanson, redécou- vert l’énergie électrique et les chansons plus simples, plus todd pdt stadt pig ey tors 8 accessibles. C'est le disque que FR PEL RL OA SE Bh Chet O0 Fe he i hin en bik eect al Se EE ee jai a coeur car il représente pour moi le renouveau. - Ty a deux mots qui me sont venus A l'esprit en écoutant “Sauvage”. Le pre- mier, c’est: famille. - Je pense que c’est évident, il y a l’influence de cette espéce de nouvelle responsabilité (une femme et deux enfants) . Responsabilité n’est pas du tout péjoratif. On est respon- sable des gens qu’on aime. Je ne me vois pas comme une sorte de “pater familias” qui régle les activités de sa famille, on est trés moderne comme association familialel Mais c'est aussi la responsabilité d’aimer des gens et d’étre dans leur vie quotidienne. Quand tu es un artiste et que tu as ces préoccupations, ¢a influence oeuvre et c’est normal. Je suis trés heureux de ce que came fait, mémesi ce n’est pas facile du tout. - Le deuxiéme maintenant: age? - Jusqu’a 25 ans, javais peur de vieillir. Depuis je trouve ca tout a fait intéressant et ca ne fait plus peur. J'ai prouvé que je pouvais changer d’activité et ca me donne une espéce de calme par rapport au futur. Aujourd’hui a 32 ans, je n’ai aucun probleme d’envisager le cours du temps. Je trouve méme que le temps est de mon cété. - Je vais finir par trois mots trés banals. Messages? - Mon message n’est pas original du tout, il existe depuis que le monde existe et continuera jusqu’a ce que cette pauvre planéte éclate. On va tous mourir un jour, en attendant c’est pas trés facile mais on s'aime, et plus on est capable de donner de l'amour et d’en recevoir, plus on peut passer a travers et étre heu- reux. Il n’y a 1a rien de nouveau et c'est ce que jessaie de dire 4 travers toutes mes chansons. - Cause? - Je ne suis attaché a aucun parti politique. Je ne suis sectaire d’aucune facon, donc pas raciste. Je veux juste essayer de vivre sans exploiter personne autour de moi, en essayant de garder mon envi- ronnement sain, et en méme temps avoir une certaine cons- cience planétaire. Si je peux donner l’exemple en faisant ¢a (je suis un artiste, donc je diffuse) , on peut la sauver, la planéte. Donc ma cause, elle essaye de rejoindre l’universel par le petit. : - Demain? - C'est le savoureux mélange de prévu et d’imprévu qui a toujours été ma vie. J'ai des projets professionnels, j’aime- rais bien aussi avoir beaucoup de temps a ne rien faire avec mes enfants et ma femme. Mais il peut arriver que je m’installe devant ma machine a écrire pour commencer un roman. Tout peut arriver... - Pour conclure, quelle est la question que tu aimerais qu'on te pose? - Pourquoi je fais ce métier la? Et puis, je ne sais pas comment répondre. C’est peut étre pour ¢a que je veux qu’on mela pose. La réponse, ¢a doit étre que je pense que je suis incapable de faire autre chose. Propos recueillis par Francois Bourboulon ee ee