oT as ie ida \ par Ben WEIDER CHAPITRE X RENCONTRE AVEC LES EUROPEENS VOYAGE EN ANGLETERRE Ce ne fut pas de gaieté de coeur que le Samson cana- dien sacrifia sa chevelure. Mais il n’y avait pas d’autre moyen et c’est un Louis Cyr aux cheveux courts qui dé- barqua avec sa troupe a Liverpool. Il était temps! Le pauvre Pierre Cyr avait trés mal pris le voyage, souffrant presque tout le temps, ren- dant tripes et boyaux et passant des journées entié- res 4 geindre et a gémir sur son lit de douleur. Fort heu- reusement, dés qu'il prit pied sur la terre ferme, il retrouva son insouciance, sa joie de vivre et son appé- tit. L’arrivée en Angleterre fut pour Louis l'occasion de mesurer a quel point sa _ John D. Sullivan, champion boxeur popularité était grande, mé- me de ce cété de l’océan. Les organisateurs, avec lesquels il était entréen contact de Montréal, l’attendaient avec un énorme paquet de coupu- res de journaux et il put: se rendre compte de l'intérét qu'il éveillait. Les journalis- tes n’avaient pas épargné les comparaisons les plus extra- vagantes et Louis Cyr fut tout étonné, malgré l’habi- tude qu’il avait des super- latifs, de se voir comparé a un immeuble de raport, 4 un mammouth, a une locomo- tive, a un bison et au conti- nent américain tout entier. Louis fit ses débuts a Londres dans une salle de ‘spectacle qui était trés popu- laire au début du siécle, Le Royal Aquarium. On y avait vu défiler les géants de la force les plus fameux de V'époque et si Louis voulait s'imposer, il lui fallait vrai- ment sortir le grand jeu. Le soir de la premiére, il y eut presque une émeute aux guichets; les derniéres pla- ces furent prises d’assaut; le flegme britannique, alors au sommet de sa gloire, fut oublié dans l’enthousiasme. _ Les détails de I’écrasement du Cyclope 4 Montréal, de ce méme Cyclope qu’on avait vu triomphant, avaient énor- mément contribué a l’ac- croissement de ]’intérét. Il y avait en ce 19 janvier 1892 de l’électricité dans Vair. La police estima plus tard que prés de 5,000 personnes s’étaient entas- sées aux portes de l’Aqua- rium sans avoir pu entrer. L’assistance était aussi va- riée que pittoresque. La plus haute société de Londres, les ducs et pairs du royaume Horace Barre, partenaire de Cyr s’étaient dérangés avec le méme enthousiasme que les commis de la cité et les dé- bardeurs du quai. Il y avait dans la salle un bon nombre d’hommes forts et de spécia- listes de la force; parmi eux, ceux qui suivaient les numé- ros préliminaires avec le plus d’impatience, attendant Vapparition du grand Cana- dien, étaient strement le professeur Louis Attila et son poulain Eugen Sandow. Lorsque le rideau se leva sur le numéro de Louis Cyr, un silence impressionnant se fit. Le spectacle méritait cet hommage. Jamais on n’avait vu sur cette aréne, ot avaient défilé pourtant les géants de la force les plus fameux, un tel homme don- nant a ce point l’impres- sion de la puissance. Louis était éclairé par la lumiére crue et impitoyable de deux projecteurs; le reste de la salle —la scéne comme les spectateurs — était plongé dans les ténébres. Le Mont- réalais se tenait debout, les ~D. Sullivan, Eres homme fort bras croisés, ou plutét posés sur son énorme poitrine, les jambes légérement écartées, le corps bien d’aplomb, mou- 1é dans un maillot collant. Louis se taisait, et la foule se taisait aussi. Le charme ne fut rompu que par le manageer de Louis Cyr qui s’avanga dans un rayon de lumieére et fit cette déclaration, qui im- pressionna d’autant plus qu’ elle était sobre et simple, ce qui tranchait sur les habi- tuelles rodomontades des bonimenteurs présentant les hommes forts. Le texte de cette déclaration nous est parvenu; en voici la traduc- tion aussi fidéle que possi- ble: “Louis Cyr est considéré en Amérique comme |’hom- me le plus fort du monde, a la suite de sa victoire sur . tous ceux qu'il a affrontés. Jamais Louis Cyr n’a refusé de rencontrer qui que ce soit; nous sommes venus en Angleterre dans le but de rencontrer tous ceux qui se présenteront. Nous avons déposé chez le trésorier du journal “Sporting Life” la somme de mille livres qui servira a couvrir n’importe quel pari que Sampson ou Sandow voudront faire. Louis Cyr rencontrera n’im- porte qui, n'importe quand, de préférence ces deux hom- mes, qui tous deux préten- dent au titre d’homme le plus fort du monde. Nous contestons le droit de porter ce titre 4 tout homme qui n’aura pas battu Louis Cyr. Vous voyez sur la scéne des Miss Yucca, | femme forte poids dont n’importe qui _peut vérifier l’authenticité. Y a-t-il un homme fort dans la salle, ou plusieurs, qui désirent les peser ou essayer de les soulever"? __ Ce discours, par sa conci- sion et sa briéveté, frappa Vassistance. Malgré la pré- sence dans la salle de nom- breux hommes forts, person: ne ne bougea. La foule fut un peu décue de voir que ni Sampson, ni Sandow, direc- tement mis en cause pour- tant, ne voulaient se risquer sur l’estrade. Voyant que personne ne réagissait Louis fit un pas en avant, salua profondément le public et s’attaqua a Vénorme téche de montrer ce qu'il savait faire. Le fameux lever dévissé de Sandow faisait du bel Eugen l'un des favoris pour le titre supréme. C’est a ce record du soulever de 269 livres d’une main, que Louis s’attaqua en premier. Nous avons dit déja que Sandow, comme |’Américain Pennell, employait le style/ penché et dévissé. La foulé londonienne vit ce soira avec stupeur le géant cdna- _dien lever d’une seule main 258 livres, puis égaler le record de Sandow de 269 livres, puis battre ce record avec 278 livres et quart, sans plier les jambes et prati- quement sans faire dévier son torse de la verticale. Lienthousiasme de cette foule, ot l'on comptait énor- mément de connaisseurs et de spécialistes, fut sembla- ble au grondement du ton- nerre lorsqu’il répéta le mé- me exploit de la main gau- che. C’est certainement ce soir-la que Sandow, que l'on vit, pale et transpirant d’an- goisse, s’enfoncer dans son > fauteuil, prit la décision de ne jamais compromettre sa réputation dans une confron- tation avec le colosse cana- dien. Mieux que quiconque il savait que pour faire ce que fit Cyr il fallait posséder au moins 50% plus de force qu'il n’en avait lui-méme... Fait curieux, imposé 4 Louis de lever dans le style incliné-latéral de Sandow, Attila ou Pennell, il aurait été bien embarrassé de le faire, ses énormes masses musculaires l’empé- chant de se plier latérale- ment avec facilité. Ceux qui se tenaient prés de l’estrade — en majorité des spécialistes — étaient surtout impressionnés par le volume et la puissance des jambes du colosse. Le deuxiéme tour de Louis fut le développé a deux mains d’une barre de 301 livres qu'il avait lente- ment amenée aux épaules et développée a partir de la. Simplement pour montrer qu'il était capable aussi de mouvements rapides, il fit crouler la salle sous les applaudissements en arra- chant dans un mouvement vif comme I’éclair un haltére de 174 livres, d’abord du bras droit, puis du gauche. Les Sandow et Sampson se tassérent un peu plus en notant que Louis. avait fait ces deux arrachés sans plier les genoux ni les bras. Le mouvement suivant fut encore plus remarquable. Louis saisit un haltére de 104 livres et demie et l’ame- Charley Mitchell, champion d’Angleterre ‘na d'un geste vif a l’épaule. Les connaisseurs interlo- qués se regardérent: aprés les levers précédents, c’était un/poids insignifiant. L’ins- tant d'aprés, ils étaient édi- fiés: réalisant un exploit que ‘ personne n’a jamais pu réver d’approcher, Louis allongea le bras horizontalement,]'im- mobilisa ainsi pendant plu- sieurs secondes qui parurent une éternité; et pour bien ‘montrer a quel point il contrélait la masse, il la ramena tranquillement, tou- jours a l'horizontale, jusqu’a Vépaule. Le tout avec un sourire aux lévres. La tension de la salle était telle que les pickpockets auraient pu, sans la moindre si l'on avait Le Soleil de Colombie, Vendredi 23 Décembre 1977 23 L’homme le plus fort du monde AUX EDITIONS VICTOR-LEVY BEAULIEU: difficulté, s’emparer de tous les portefeuilles des mes- sieurs et de tous les bijoux des dames, méme en n’y mettant aucune forme. Mais les pickpockets eux-mémes étaient tellement absorbés qu’ils ne songérent pas a profiter de la situation... Sans laisser 4 la foule le temps de se reprendre,Louis Cyr passa a l’exercice sui- vant, qui était pour lui un jeu d’enfant, lui permettant pour plus de renseignements demander notre brochure ou . téléphonez a 687-1828 [24h], 1150 rue Robson, Vancouver, C.-B. ERO RS | FACEa FACE "a Votre Agence de rencontre de reprendre son souffle. C’était le chargement sur l'épaule de son fameux barill Vépaule de son fameux baril de ciment de 314 livres. A la suite de quoi, il fit son stupé- fiant numéro du lever de poids d’un seul doigt. Ce soir la, i] réussit 551 livres. Jamais on avait mé- me pensé qu'une chose pa- reille était possible. A suivre’ wereteteteterere ete", j050-6-0-0" 6-670" "6" 06" 6" e"e"e"e"e"e%e neeenteeae._e1ere ele ee eee ea ate" Une femme a lagent de police qui vient de lUarréter pour exces de vitesse : — Je ne me rendais vraiment pas compte qu'il y avait autant de milles dans une heure ! travail ou en offrir... d’annonces classées. Le Soleil de Colombie, . 3213 rue Cambie, Vancouver, C.B. V5Z 2W3 ~ Abonnez-vous aujourd'hui méme! ! et vous recevrez un livre de poche en francais... Soyez au courant des diverses activités ayant lieu en francais en Colombie-Britannique. Ayez une idée de la politique fédérale en ce qui touche les droits des citoyens francophones au Canada. En recevant “Le Soleil” toutes les semaines, vous recevez aussi le TELE SOLEIL, horaire détaillé des émissions de télévision de CBUFT. Vous pouvez suivre nos bandes dessinées, faire nos mots croisés, avoir un coup d’oeil sur le sport, lire nos commentaires et éditoriaux. Le Soleil, c’est toute une aubaine pour qui veut vendre, louer, échanger quelque chose ou encore trouver du par notre service gratuit Jusqu’au ler Janvier 1978, tous les nouveaux abonnés au Soleil recevront comme prime un livre de poche en francais d’une valeur de $2.00. 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