Rehan / pennnihtnsh _ laissa a l’étranger la victoire par Ben WEIDER CHAPITRE X RENCONTRE AVEC LES EUROPEENS VOYAGE EN ANGLETERRE Le soir de la rencontre Louis se sentait frais et dispos. Miller, en sa qualité de visiteur, avait les hon- neurs du premier mouve- ment. I] commenga par lever a bout de bras a la verti- cale une barre de 232 livres. C’était une magnifi- que performance. Mais sa confiance en lui-méme fut sé- rieusement entamée lorsque Louis Cyr, s’approchant de lui, s’empara de la barre a peine lachée, la leva sans aucun effort jusqu’aux épau- les et la développa, comme en jouant, quatre fois de Suite. Miller, homme fort _ Le deuxiéme mouve- _ment choisi par Miller fut le soulever du dos. La aussi il n’y eut pas de lutte. Miller ne put dépasser 2,400 livres, alors que Cyr, en un seul essai, leva 3,100, ce qui d’ail- leurs était trés au-dessous de ses possibilités. Puis Louis leva son baril de ciment d’une main jusqu’a Vépaule. Miller ne put rien en faire. Son visage était défait et ses yeux hagards. Louis Cyr fut pris de pitié et se dit qu'il avait été un peu fort; aussi, gentiment, il dans le dernier mouvement, qui consistait 4 soulever a deux mains un tonneau par ses cercles. Miller reconnut aisément qu'il avait été étonné au-dela de toute expression par la force du Canadien. — Jamais je n’aurais cru qu'il était possible d’étre si fort, admit-il. En bon homme d'affaires, autre piéce de monnaie. Il avait eu en Europe un numéro a sensation avec une autre homme fort, qui se faisait appeler Sampson. Mais leur étoile commenga a baisser a l’apparition du fameux Sandow, supérieure- ment conseillé par son ami Attila. C’est alors que le Cyclope rencontra un An- glais admirablement bati et trés fort lui aussi qui s’appe- lait Irving et il eut l’idée de l’emmener avec lui en le rebaptisant du nom alors trés prestigieux de “San- dow”, auquel, par un impré- vu scrupule, il ajouta’un “e” a la fin. Débarqués a New-York, les deux compéres appri- rent par les journaux la victoire de Cyr sur Miller, puis le départ de Cyr en tournée. Aussitét ils se pré- cipitérent a Montréal avec un plan bien arrété. A peine arrivés, ils montérent une énorme campagne de publi- cité dans laquelle ils affir- maient qu’ils étaient les hommes les plus forts du monde et que Cyr avait fui en apprenant leur arrivée, de peur de se faire ridicu- liser. Le défi a Louis Cyr, les sarcasmes sur sa fuite, les menaces de le casser en deux s'il se présentait, cons- tituaient une part du spec- tacle qui attira de grosses foules. Mais les amis de Cyr, qui connaissaient la vérité, ne restérent pas inactifs. Ils bombardérent les villes ot Cyr pouvait se trouver de télégrammes, suppliant le Canadien de rentrer au plus vite. Louis Cyr, que son exploit avait de nouveau remis en vedette 4 la premiére page de tous les journaux du continent, entreprit sur le champ une nouvelle tournée et commenga par la Nouvel- le-Angleterre. Il n’était pas parti depuis bien longtemps _de Montréal quand arrive- rent, sans crier gare, deux compéres, qui se présenté- rent sous le nom de “Cyclope et Sandowe”, les hommes les plus forts du monde. Le Cyclope était un colos- se réellement exceptionnel sur le plan de la force et surtout en ce qui concerne la puissance des doigts. Il cas- sait en deux sans effort des -piéces de 10 cents, ou toute LE GY CLORE Malgré ses engagements, et le sacrifice d’une véri- table fortune que lui cofita la rupture des contrats, Louis n’hésita pas une seconde: son honneur était en jeu. Aussitét au courant, il prit le premier train pour Mont- réal; durant le trajet il piaf- fait littéralement d’impa- tience. Il avait retrouvé, pour l'occasion, la pétulance et l’entrain de sa premiére jeunesse. Quand il débarqua a la gare Bonaventure, une foule d’amis l’attendait. Le train était arrivé le soir et le spec- tacle de Cyclope et Sandowe était commencé. Louis loua une caléche et se précipita chez ses insul- teurs. Le bruit d’un retour possible de Cyr avait rempli la salle jusqu’aux combles. La tension devint particulié- rement vive lorsque les habi- tuelles insultes a I'égard du Canadien fusérent. Un homme fort, non identifié Le rideau s’était levé mon- trant les deux athlétes et leur manager au milieu d’é- normes haltéres et d’appa- reils divers. Lorsque les cris habituels de: “Out il est ce Cyr qui a fui devant le Cyclope et Sandowe” reten- tirent, une voix de stentor éclata en réponse: Louis Cyr venait d’entrer dans la salle. —Me voila, j’arrive! Et, suivi de son manager, M. Labadie, il fendit la foule et se précipita sur l’estra- de. —Me voila! répéta-t-il. Od ils sont vos tours de force, que je ne peux pas répé- ter? Je suis prét 4 vous battre tout de suite. Le manager de Cyclope et _ de Sandowe ne savait plus ou donner de la téte. Laba- die attaqua a son tour: —Vous avez offert $500 a qui battra Sandowe_ et -$1,000 a qui battra le Cyclo- pe. Nous sommes préts a relever ce défi. King essaya d’esquiver le coup; mais Labadie, soutenu par les grondements de la foule, tint bon. —Personne ne sortira d'ici avant que l’affaire ne soit tirée au clair, affirma-t-il. Le Cyclope ne pouvait plus fuir. Il attaqua ses mouvements, mais Cyr le suivit dans tous. Enfin arri- va le moment que la foule attendait le plus: Le Cyclope avait un numéro réellement impressionnant: celui du soulever d'une grande cloche de 250 livres, trés difficile a manier. Le Cyclope hissa la cloche aux épaules puis, & coups de reins, de torsions et de flexions, fit monter la grosse masse a bout de bras. Le public applaudit; c’était vraiment une belle perfor- mance. Mais la colére rendait Cyr encore plus fort; sans aucun. effort apparent, il fit grim- per la grande cloche aux épaules et sans la moindre flexion du corps, la déve- loppa au-dessus de sa téte. Mais King était un malin. Il était évident que Louis avait employé une autre méthode que le Cyclope; aussi fut-il accusé de ne pas avoir levé correctement le poids. Le public indigné tapa des pieds: —Qu’ a cela ne tienne, je vais refaire le tour a nou- _veau, trancha Louis. Et a la surprise générale, le Cyclope plus étonné enco- re que les autres, il leva la grosse cloche de nouveau, puis lacha une main, mainte- nant le poids de l'autre, pointa un doigt accusateur vers le Cyclope et demanda: —Cela vous convient-il? Il n’y avait pas besoin d’attendre la réponse... Aus- si Louis quitta-t-il la scéne satisfait. Mais a la réflexion, il pensa que la démonstration de sa supériorité devait étre plus concluante encore. Il avait refait tous les numéros du Cyclope; maintenant, il fallait que le Cyclope échouat aux exploits de Louis. Le manager Labadie aidant, Cyr,, le soir suivant, retourna dans la salle ou s’exhibaient les étrangers. Le public, averti par la ru- meur, était aussi nombreux que la veille. SANDOW | Dés le lever du rideau Louis Cyr et son manager bondirent sur l’estrade, et proposérent mille dollars au Cyclope s'il pouvait répéter, - ou méme approcher, l'un des tours du Canadien. II n’y avait pas moyen pour le Cyclope d’esquiver I’offre. Il dut se laisser faire. Aussitét, une douzaine de robustes gaillards commen- cérent a amener sur la scéne le matériel de Louis. Lors- qu'il vit arriver ces énor- mes poids, le Cyclope prit peur et s’avoua vaincu sans combattre. C’était une fin ignominieuse et au fond inutile, car les deux hommes venus du vieux continent avaient une réelle valeur. Irving était aussi bien fait et harmonieusement bati que le vrai Sandow, quant au Cyclope, de son vrai nom Franz Bienkowski, il était le fils d’un forgeron de Dant- zig et sa force des doigts était réellement unique au monde, ou peu s’en faut. Comme I'a témoigné le célé- bre professeur Desbonnet, de France, le Cyclope cassait Le Soleil de Colombie, Vendredi 16 Décembre 1977 11 L’>homme le plus fort du monde AUX EDITIONS ee a BEAULIEU: les piéces de monnaie avec une étonnante facilité et méritait par cela tous les éloges. Ayant pris la mesure des athlétes européens, Louis Cyr se décida a accepter les propositions qui linvitaient a aller en Europe. Mais auparavant il voulut éxécu- ter quelques nouveaux tours de force sensationnels dans son pays. Il devait réussir au-dela de toute espérance le 20 décembre 1891 au parce Sohmer, lorsqu’il résista de- vant 10,000 personnes a la traction de 4 robustes che- vaux de mille deux cents livres chacun, que des har- nais spéciaux attachaient a ses bras. Malgré tous les efforts des bétes fouettées par le cocher, les bras de Louis ne s’écartérent pas. Cet exploit accompli, il ne restait plus qu’a finir les préparatifs avant le départ pour Londres. Le premier janvier 1892 trouva Louis et ses suivants sur le quai de New-York, en partance pour la capitale de la Grande-Bretagne. I] ne partait pas seul, mais emme- nait avec lui sor. frére Pierre Cyr, qui était lui aussi un athléte remarquable. Bien que ne pesant que 165 livres, le cadet était capable de soulever 2,206 livres avec son dos, de dévisser 220 livres d’un bras et de lever 469 livres un quart d’un doigt. Il était en outre champion de boxe poids moyen du Canada. Autant Louis était placide autant Pierre était batail- leur, qualité qui devait beau- coup servir lors du début du séjour des deux Cyr a Lon- dres, quand ils durent faire face 4 des malandrins venus les attaquer. Pierre se rendit égale- ment trés utile en assurant la cuisine de l’équipe. Ne trouvant pas la nourriture britannique a leur godt, les deux Canadiens se prépa- ‘raient leurs repas dans leur chambre. II y avait la éga- lement un souci d’économie. La tournée avait été orga- nisée par un certain Per- reault, qui avait les Fréres Cyr sous contrat et leur versait un salaire hebdoma- daire. C’est cet arrangement qui empécha Louis et Pierre de quitter l’Angleterre au” cours de leur voyage. C'est aussi 4 Londres ‘que’ Louis Cyr rencontra le fa- meux Richard K. Fox, dont nous avons déja parlé. En- thousiasmé par les exploits du Canadien, Fox appuya le défi de Louis Cyr a tous les hommes forts d’Europe d’une bourse de mille livres sterling, ce qui représente- rait environ vingt-cing mille dollars de notre monnaie ac- tuelle. A suivre weak a a a a : Visite d’un ministre canadien en Haute-Volta A linvitation du gouver- nement de la République de Haute-Volta, M. Jean-Pierre Goyer, ministre des Appro- visionnements et Services du Canada, et conseiller auprés du secrétaire d’Etat aux Affaires extérieures pour les affaires francopho- nes, a effectué une visite officielle en Haute-Volta. Durant son séjour, le mi- nistre canadien a eu des entretiens avec les membres du gouvernement, notam- ment le ministre des Affai- res étrangéres et tous les ministres intéressés. Il a été recu par le président de la République, le général El Hadji Aboubacar Sangoulé Lamizana. Les entretiens ont porté sur la coopération tant bilatérale que multila- térale. Un accord-cadre régissant la coopération en- tre les deux pays a été signé, ainsi que plusieurs protoco- les d’entente relatifs au dé- veloppement rural, aux transports, aux télécommu- nications et a la radio rurale. M. Goyer a aussi évoqué avec les autorités voltaiques diverses questions d’ordre international telles que la situation en Afrique austra- le, le dialogue nord-sud et l'établissement d’un nouvel ordre économique mondial. Par ailleurs, le ministre canadien a soulevé avec le’ président de la République la possibilité d’un sommet des chefs d’Etat francopho- hes, qui pourrait avoir lieu en 1978. Le chef d’Etat voltaique s’est dit favorable au principe d'une telle ren- contre susceptible de ren- forcer la coopération inter- nationale et la compréhen- sion entre les peuples. La Haute-Volta a exprimé sa vive satisfaction pour les efforts déployés par le gou- vernement du Canada en vue de promouvoir une as- sistance plus efficace aux pays en voie de développe- ment. Les entretiens se sont: ' déroulés dans une atmos- phére de parfaite cordialité et de compréhension mu- tuelle. ;