Le Soleil de Colombie, vendredt 30 janvier 1987 - 5 La girafe (était) ambleuse: programmes de février Le 4 février 1987: tel que promis, un spécial sur la musique de Jac Gautreau, jeune musicien acadien de la Reléve. Et plus encore: des extraits d’entrevues récentes avec Marte-Claude Séguin, Micheline Goulet, Lucie Blue Tremblay, trois chanteuses québécoises dont les chansons expriment, de trois facons différentes, le vécu de femmes résolument bien de leur temps! Le 18 février: un mouvement minimaliste s'est développé, depuis plusieurs années, sur la scéne musicale contemporaine internationale: le plus d’effet possible avec la plus grande économie de moyen. Un instru- ment, une voix, une mélodie en apparence simple, ce sont 1a les moyens utilisés par Wzm Mertens Ag Le Centre culturel colombien reprend a partir de février sa série de concerts de jazz. Jazz Series comprendra les six concerts suivants: ©18 février, 20h00, soirée douverture avec Le Coast ~ Quartet et le Vancouver Art Trio. Gratuit. © 25 février: le Vancouver Art Trio. © 4 mars: le Quatuor Fraser- Ryga. © 11 mars: Chief Feature. ©18 mars: le Trio Philippe Lapointe. e 25 mars: Lunar Adventure. © ler avril: le Groupe de Paul Plimley. Le mercredi, de 16h30 4 18h00 a CO-OP radio CFRO 102,7 sur la bande MF pour créer l’émotion. L’émission portera sur la musique de cet auteur bruxellois et sur ses commentaires, trés politisés et pertinents, par rapport au “commerce” de la musique, aujourd'hui... L’émission est animée en francais. Vos commentaires sont les bienvenus, vous pouvez nous téléphoner durant la mise en ondes comme telle, en composant le 684-8494. Mieux encore, vous pouvez venir nous visiter, CFRO est au $37 de la rue Carrall, dans le Gastown. Qui sait, peut-étre cela vous donnera le goat de vous impliquer comme bénévole, ou de devenir membre??? A bientét!!! Jean Doré d Pour les six derniers concerts de la série, l’entrée est de 4$ pour les membres et 5$ pour les non-membres. Les concerts ont lieu les mercredis 4 20h00. Information et réservation: 874-9105. Isabelle Roland, une jeune Francophone de Vancouver, donnera le 20 février un récital d’alto, accompagnée au piano par Ingrid Pfeutzner. Au programme, des oeuvres de Bach, Brahms et Mozart. Coquitlam Reformed Church, 2400 Austin, Coquitlam, le 20 février 4 20h00. Entrée libre. grand: AUTEUR: Avril, Nicole Beaulieu, Victor-Lévy Beck, Beatrix Belletto, René Benzoni, Juliette Bergounioux, Pierre Billetdoux, Raphaéle Blondeau, Dominique Contant, Alain Deschodt, Eric Fernandez, Dominique Hausser, Isabelle Larteguy, Jean Le Gal, André Lyons, Nan et Yvon Mathieu, André Monteilhet, Hubert Parizeau, Alice Simon, Njami- Thériault, Marie-Josée Tillinac, Denis Van Cauwelaert, Didier Vilar, Jean-Francois Corbeil, J. Xenakis, Francoise Chrétien, Jean Duchéne, Jacqueline Lévesque, René Markale, Jean Truffaut : Nouveaux livres La Bibliothéque publique de Vancouver vient de s’enrichir de plusieurs livres francais. Si vous aimez la fiction, le choix est TITRE: La premiere alliance Steven le hérault La prunelle des yeux - L’enfer Jean de la nutt Ce pas et le suivant Mes nutts sont plus belles que vos jours Un homme foudroyé Henri Eugénie les larmes aux yeux L'amour Célubée _ L’or de Baal Le Shanghate La grande cuisine Le sang des autres La perte de vue Céte-des-Neiges Cercueil et Cie L’envoleur de chevaux L’ange du désordre Madame et ses flics Bastille tango Dictionnaire thématique Zut Dans la fosse aux lions Frangotse de Grignan ou le mal d'amour Attendez que je me rappelle... Le chéne de la sagesse’ Truffaut par Truffaut Films de guerre «Platoon»: l’antidote Rambo Chris espérait trouver un idéal, il découvre des cadavres anony- mes qu’on décharge a la sauvette d’un hélicoptére. Lui arrive, eux Chris Oliver: Oliver Stone, le réalisateur du Platoon, est un vrai personnage de film! Né en 1946, d’un pére juif et d’une ' mére francaise catholique, il a écrit des romans depuis ]’age de neuf ans. Déchiré par le divorce de ses parents, il part a dix-huit ans pour Saigon, oi il enseigne l’anglais dans une école chinoise. Ensuite, il ~sengage dans la marine marchande, puis retourne a luniversité, 4 Yale. Ses romans ne sont pas publiés, il en jette la moitié dans un fleuve. Désespéré, désorienté, il choisit de combattre au Viet-nam pour donner un sens a sa vie. Ce sera un cauchemar de dix-huit mois, qui le marquera a jamais. I] a vécuV/horreur qu'il décrit dans Platoon, il a rencontré réellement les per- sonnages qui allaient devenir ceux de son film. En rentrant du Viet-nam, aprés un court séjour en prison pour traffic de drogue, il retourne a l’université pour étudier le cinéma. Martin Scorsese sera son premier professeur. En quelques an- nées, il est devenu le scénariste de films prestigieux, comme Midnight Express, Scarface, L’Année du dragon. Pendant des années, il a essayé de trouver des produc- teurs pour Platoon, mais personne a Hollywood ne voulait d’un film sur la guerre du Viet-nam. “Ce n'est pas vendable”, lui répondait-on a chaque fois avant de lui fermer la porte au nez. Oliver Stone a porté pendant des années les s€quelles de la guerre, il s’est adonné a la drogue et aux déréglements en tous genres. Mais maintenant, avec le succés, sa vie a repris son cours. Il est aujourd’hui heureux, marié et pére d’un petit garcon d’un an. EF sont partis 4 jamais: la reléve est assurée, c’est le Viet-nam. Chris cherchait un but, il est plus perdu qu'il ne l’a jamais été. Sa patrouille avance a taton dans une jungle étouffante, angoissante. On y entend le bruissement affolant des insectes, ony guette le silence menacant de Vennemi invisible, toujours ca- ché. Chris, le nouveau, dévoré par les fourmis rouges, malade au point de s’évanouir, découvre qu’au Viet-nam aussi, il n'est rien. I] se met vite au diapason. I apprend la terreur des embusca- des, le maniement des armes, la foliedumeurtre. I] tue a son tour, terrorise les habitants d’un village perdu en pleine jungle. Il est constamment au bord de la folie, basculé d’un cété ou de I’autre. Mais entre la cruauté de Barnes, prét a torturer, 4 massacrer femmes et enfants, et la bonté d’Elias, qui essaie de protéger les civils de la meute enragée des soldats US, Chris fait son choix. Il se range au cété d’Elias, qui miraculeusement, a réussi a garder un peu de sens moral au milieu du chaos. Confronté a la réalité terrible de la guerre, Chris croyait étre parvenu au bout de l’enfer. I lui reste 4 découvrir que la trahison et la lacheté ne sont pas l’apanage de l'ennemi, et que le courage n’est qu'un vain mot. Platoon est un film lucide et désenchanté sur la guerre du Viet-nam. Pas d’exaltation guer- riére, pas de grandeur, pas d’héroisme. C'est un coup de pied dans la _ fourmilliére. Oliver Stone, le réalisateur de Platoon, braque son microscope sur quelques hommes perdus. I sait de quoi il parle: il a été Chris. Comme le héros du film, il s’est engagé pour servir une cause juste, pour donner un sens a sa vie. Le réveil a été atroce, un cauchemar. Aprés les Rambos imbéciles, exaltation d’un héros aussi idiot qu'il est musclé, qui a - une mitraillette 4 la place du cerveau et la certitude absolue d’avoir raison, aprés toutes ces idioties donc, Platoon fait du bien. Oliver Stone montre que la guerre souille 4 jamais ceux qui la font. Les soldats sur lesquels il a braqué son projecteur ne sont pas des héros, mais de la chair a canon, des victimes. Il précise: ces victimes ont eu les mains sales. Elles ont souvent ~ été des bourreaux. La scéne ot la patrouille de Chris s’empare d'un village viet-namien est certaine- ment la plus parlante. Stone lui-méme, comme le fait Chris, a terrorisé des villageois, lui aussi a évité in extremis a des fillettes d’étre violées et massacrées par des soldats de sa patrouille. Ila vu ses “fréres d’armes” tuer femmes et enfants. C’est sans doute le plus grand mérite de ce film de montrer que les populations civiles sont les premiéres victimes de la violence des soldats déchainés. Il ne sont pas beaux 4 voir, les héros. J'ai trouvé presque trop beau le personnage d’Elias, qui essaie de protéger les villageois de la folie des soldats, mais Oliver Stone assure qu'il a existé. C’est la seule note optimiste (trés relative) du film. Le combat de la fin était-il indispensable? Pour un film qui se veut le contre-pied de Rambo, cest un peu dommage de conclure sur cette trop longue bataille, trés bien filmée au demeurant. Cela donne 4 Platoon un petit air de western, écueil parfaitement évité jusqu’a ce point. Pourquoi la derniére image du champ de bataille montre-t-elle, dans la plus pure tradition Rambo, un _ soldat exalté qui brandit sa mitraillette avec un air mystérieux? Est-ce ironique? Autre critique: les commentai- res en voix off de Chris, qui analyse avec recul ce qu’a été réellement sa guerre, étaient-ils nécessaires? A mon avis, les images sont assez parlantes pour se passer de message. Les acteurs, inconnus jusqu’a présent, sont tous excellents. Charlie Sheen, dans le réle de Chris, incarne parfaite- ment un homme jeune, naif, qui se salit en découvrant l’horreur de la réalité. On n’oubliera pas de sitét Yétrange et beau visage de Willem Dafoe, qui joue le réle du sergent Elias. Tom Beranger, défiguré par une cicatrice, a peut-étre un peu trop une téte de brute, mais il rend trés crédible son personnage d’ affreux, sale et méchant . Signalons que Charlie Sheen est le fils de Martin Sheen, . acteur principal d’un autre film sur le Viet-nam: Apoc Now.