12 Le Soleil de Colombie, vendredi 7 janvier 1983 SSP SSS DETTE GU SP FR TE Lettres, arts et spectacles Un auteur par semaine Jean-Charles Harvey Par Daniel Arluison Ce vieil orignal était le patriarche de sa tribu. Intelligent, brave et rusé, il évitait depuis douze ans le feu meurtrier des hommes et, chaque automne, il sortait victorieux des combats que lui livraient d'autres males pour les conquétes de l'amour. Il fallait le voir, dans les sentiers de la forét, alors que son pas pesant fatsatt trembler la colline votsine. La seule vue de son large sabot inspirait @ ses rivaux une crainte respectueuse. Il longeait les bords des lacs, et quand les moustiques le harcelatent il s'enfoncait dans l'eau jusqu‘au poitrail. Son panache a treixe branches fatsatt, sur la surface ridée, une ombre large comme celle des arbres. (La Mort de !’Elan). Cet écrivain canadien est né en 1891 a La Malbaie, au Nord de Qué- bec sur la rive gauche du Saint-Laurent. II fut éléve des Jésuites 4 Montréal. D'abord employé au Parle- ment de Québec, il s’orien- ta vite vers une grande carriére de journaliste: a La Patrie et a La Presse de Montréal puis, rédacteur en chef, au Soleil de Québec. Il fonda a Mont- réal Le Jour qui parut de 1987 a 1946. Il fut aussi commentateur a Radio- Canada et mourut en 1967. Pamphlétaire mordant, “téte dure”, il soutin les oppositions les plus vives, celle de l'Eglise en parti- culier. Il mena campagne contre le marxisme [URSS, paradis des du- pes), défendit le fédéralis- me canadien (Pourquoi je Suis antiséparatiste, 1962, ripostant 4 Pourquos je suis séparatiste de M. Chaput, 1961). Il s'éleva contre le colo- nialisme de lesprit: “ai- mer la France sans con- tracter la francomanie”, contre les abus de la litté- rature régionaliste, la “ter- roiromanie” issue de Maria Ree il juge admira- le. [ Pages de critique]. Discuté pour son goat de la thése et son ton parfois Au Savoy Cinema “‘Le magnifique”’ “Comment détruire la ré- putation du plus grand agent secret”. Le romancier raté Jean-Paul Belmondo méne une double-vie: son alter ego est un espion racé aidé et aimé par l'aimable Jacqueline Bisset. Le routinier de sa vie grise alterne avec des aventu- res de super-héros. Une farce vivante empreinte d’absurde étonnant. Réalisateur: Philippe de Broca. En frangats avec sous- titres. A 21h35, du vendredi 7 au dimanche 9 janvier. Sede 2) “Diva Ce film & suspense roman- tique est centré sur une ve- dette nord-américaine et son admirateur le _ age est la proie a la fois d'une bande noire et de deux “pira- tes-vidéo” talwanais dans une course folle & travers la ville. Aidé un maitre du zen et une vietnamienne, le héros échappe a ses poursui- vants et parvient & obtenir un rendez-vous platonique avec son idole. - Réalisateur: Jean-Jacques Beineix. En frangats avec sous-titres. 2321 rue Main et sermonneur, Jean-Charles Harvey n'en a pas moins marqué fortement |’évolu- tion des lettres canadien- nes. EDITEURS: Montmagny, L'Homme, Fides, Lévis. PARMI SES MEILLEU- RES OEUVRES: Marcel Faure, vision d'une cité idéale. L'Homme quit va: un savant vainqueur de la mort. Les Demi-civilisés. Cette oeuvre de précur- seur, aujourd'hui bien dé- passée, fit scandale en 1934. Avec lucidité, l’au- teur faisait le procés du Canada francais des an- nées trente, “troupeau do- mestiqué”. Il prénait la liberté intégrale: “liberté de l'amour, de l'industrie, de la croyance, de la pres- se”. (Wyczynski) . LISEZ POUR COMMEN- CER: Sébastien Pierre: un sage et pieux collégien se transforme peu a peu en un rude bandit par la faute dune éducation mal com- prise et, l'on s’en doute, sous l'influence d'une fem- me fatale. Ce récit sim- pliste et moralisant appar- tient a un genre bien démodé. Le lecteur d’au- jourd’hui préférera les nouvelles qui completent le volume: Les Sauvages, La Mort de l'Elan. Besos « Diva »: 4 fois primé aux Cesars 82. 7éme avenue, a 19h30, du vendredi 7 au dimanche 9 janvier. “Le beau mariage” d’Eric Rohmer avec André Dussolier et Béatrice Romans sera pré- senté en francais avec sous- titres anglais, le 7 janvier au Bay theatre, 935, rue . Denman. Au Centre Culturel Colombien La photo francophone sort de la chambre noire Le Centre Culturel Colom- bien commence l'année 83 par une exposition de photo- graphies. Cette nouvelle an- née sera particulidrement § dédiée a cet art. A partir de 13 janvier, les oeuvres de huit photogra- phes [cinq professionnels et = Fa trois amateurs] de Colombie britannique seront présen- — tées dans la galerie de la — 16éme avenue. Ark Tougas, photographe et cinéaste professionnel, an- cien directeur fondateur de la Cinémathéque Pacifique a Vancouver, a déja présenté son travail au Centre. Ses oeuvres sont représentées dans les collections de l'Université de Montréal et la bibliothe- que Nationale a Paris. Raymond Pouyol: photo- graphe amateur lauréat de deux concours de pho- tographie. Maurice Lagassé: photo- graphe amateur de Victoria revient d'une croisiére sur Belle Blonde. Ce voilier qui a sombré en juillet dernier sera présent dans les clichés de ce jeune francophone natif de St Boniface. Doanne Gregory: photo- graphe professionnel. Né sur la céte est des Etats-Unis. Il émigre en 1973 au Canada, en Colombie britannique. Cette exposition sera la premiére de cet autodidacte. Patrick Hattenberger: pho- tographe professionnel, deux années consécutives recoit la médaille de bronze au concours international “Ni- kon” pour ses clichés d'action Alignement de bouddhas & Bangkok [photo Gérald Moenner] de rodéo en Colombie bri- tannique. Plusieurs revues et magazines : Plusieurs revues, magazines et calendriers canadiens lui achétent réguligrement des oeuvres. La revue francaise _ “Photo” vient de retenir plu- sieurs de ses photographies. Gérald Moenner: photo- Poéte engagé Aragon est mort Louis Aragon est mort a 85 ans en son domicile parisien. Le podte francais était l'un des fondateurs du mouvement surréaliste. 11 devint également par la suite l'un des chantres du “réalisme soviétique” et du parti te francais. Le Soleil a publié dans son édition du 10 décembre une chronique sur Aragon. = — : PE EET L’écrivain a été enterré dans le jardin de sa maison de campagne, en banlieue parisienne, aux cétés d'Elsa Triolet, son épouse et son inspiratrice pendant 40 ans, elle-méme femme de lettres. LES YEUX D’ELSA Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire J’ai vu tous les soleils y venir se mirer S’y jeter a mourir tous les désespérés Tes yeux sont si profonds que j’y perds la mémoire A l’ombre des oiseaux c’est l’océan troublé Puis le beau temps soudain se léve et tes yeux changent L’été taille la nue au tablier des anges Le ciel n’est jamais bleu comme il l’est sur les blés Les vents chassent en vain les chagrins de l’azur Tes yeux plus clairs que lui lorsqu’une larme y luit Tes yeux rendent jaloux le ciel d’aprés la pluie Le verre n'est jamais si bleu que sa brisure. Mére des sept douleurs 6 lumiére mouillée Sept glaives ont percé le prisme des couleurs Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs L’iris troué de noir plus bleu d’étre endeuillé Tes yeux dans le malheur ouvrent la double bréeche Par ou se reproduit le miracle des Rois Lorsque le coeur battant ils virent tous les trois Le manteau de Marie accroché dans la créche © Une bouche suffit au mois de Mai des mots Pour toutes les chansons et pour tous les hélas Trop peu d’un firmament pour des millions d’astres Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux L’enfant accaparé par les belles images Ecarquille les siens moins démesurément Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens On dirait que l’averse ouvre des fleurs sauvages Cachent-ils des éclairs dans cette lavande ou Des insectes défont leurs amours violentes Je suis pris au filet des étoiles filantes Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d’aoat J'ai retiré ce radium de la pechblende Et j'ai bralé mes doigts a ce feu défendu O paradis cent fois retrouvé reperdu ee Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes Il advint qu’un beau soir l’univers se brisa Sur des récifs que les naufrageurs enflammérent Moi je voyais briller au-dessus de la mer oe Les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa graphe professionnel diplémé de l’école de Vanguard, Paris. A ramené de nombreuses épreuves de ses voyages en Amérique centrale, en Asie du sud-est et en Chine. Peter Henderson: photo- graphe amateur. Depuis 25 ans a Vancouver, se rend au Québec chaque année. Col- lectionneur d’appareils photo- graphiques d’antan, il est le photographe officiel de nom- breux groupes de comédiens amateurs de Vancouver. Ted Scott, photographe professionnel, architecte et conférencier en architecture a TUniversité de Colombie bri- tannique, professeur de photo au Vancouver Community College de Vancouver. L'exposition est ouverte du 18 janvier au 11 février au Centre Culturel Colombien, 795, 16@me avenue ouest, du lundi au vendredi de 9h00 a 17h00 et le samedi sur rendez- vous. a ale: Ph OD ><< ‘Brew’ en francais Suite de la page 1 vie québécoise... présentées en version originale. Les billets sont en vente a la librairie Le Bouquineur, au 1222 rue Robson et au Soleil de Colombie, au $218 rue Cambie. Le prix du billet est de 9 dollars. Pour réserva- tions, _ téléphonez au 734-5720. Les places partiront sans doute rapidement. N’hé- sitez pas a réserver dés mainte- nant et a acheter vos billets dés aujourd'hui. C’est une soirée unique en_perspecti- ve... “BROUE” en francais, live a Vancouver! Neg