4 Levendredi ler aout 1997 Les petits chemins | n jour de semaine sans histoire et A nouveau jatterrissais & Coquitlam, tout endormi par l’heure et demie que ronronne !’autobus pour revenir de Vancouver. Pour me rendre de la gare centrale au quartier Meadowbrook ou j’habite, un ami m/avait suggéré deux grandes avenues, mais aprés deux ou trois fois, je me rendais compte qu’elles allongeaient ma route et qu’en plus elles étaient extr6mement bruyantes. J’ai réfléchi : n’y aurait-il pas d’autres chemins 4 emprunter que les deux grandes avenues que !’on m’a proposées ? = En marchant et en reluquant les cheveux fous des jeunes femmes emboellies par le soleil d’été, j'ai croisé une petite avenue que je ne connaissais pas encore : l’avenue Christmas. Un drdle de petit chemin avec d’un cété, le derriére d’un des nombreux centre d’achats et leurs milliers de néons archi-laids, et de autre, des arbres, des grands arbres, le début d’une petite forét. J’ai arpenté le trottoir qui a fini par finir et j’ai fermé mon baladeur (dans lequel je fais jouer des musiques douces pour contrer celles, violentes, des voitures et des villes), Ha ! quel bonheur ! Comme c’était bon de sentir la fraiche sous les arbres humides, de frdler des petites fleurs sauvages qui poussent en douceur et des framboisiers gorgés de petits desserts. La fin de semaine arrivée, j'ai décidé de me payer des petites vancances peu coditeuses sur le bord de la Coquitlam River ; une petite riviére tranquille, quasiment un ruisseau, qui transporte le trop-plein du Coquitlam Lake jusque dans la Fraser River. J’ai traversé un joli petit pont, déboulé sur les roches jusqu’au bord de l’eau, puis marché, ébloui, fouetté par les branches, le long des petits sentiers de la Poco Trail. Je voyais des grands arbres & qui je voulais parler mais qui avaient l’air de me dire : « T’es petit et t’es bien trop pressé, une autre fois. » Jentendais les cris d’enfants surveillés par la mére allongée sur le sable, des chiens qui se morfondaient pour des maitres qui eux s’amusaient & lancer sans arrét des branches dans me Yai trotté jusqu’ un endroit poole our gratter ma guitare classique et jai trouvé une ignon: r ity urée par le. Ee PSO aa SSRs el aaa eu ents grands boulevards contigus 4 la riviére. Chauffé par un soleil dont j’avais presque oublié qu'il existait dans cette province, j'ai commencé a penser & histoire du Canada. Je me demandais s’il y avait, pour expliquer ce pays dans son passé et son présent, d’autres chemins que les deux grandes avenues habituelles : Yavenue canadienne-frangaise et The English Canadian Avenue, deux avenues qui ne se rencontrent que par petits bouts ici et A, mais qui en réalité sont un méme chemin, The Trans- Canada (ou si vous préférez, Le Canada en transe...), avec deux signalisations historiques différentes, presque contradictoires, telle : Bienvenue 4 Maillardville, Welcome to Coquitlam... En jeune voyageur que je suis (en coureur-des-villes), j’aimerais bien un jour visiter le Canada par ses petits chemins, par ses pensées les moins connues, différentes des deux pensées colonisatrices européennes qui tentent de se faire accroire qu’ ils ont tout construit ce pays, juste parce que leurs hommes sont venus avec des religions et des batons. Je voudrais un jour connaitre les petits chemins qu’ont empruntés les Asiatiques pour s’immiscer dans ce continent de glace. Je voudrais connaitre aussi les chemins de pensée des Amérindiens, eux qui ont appris 4 Européen comment survivre dans le froid, comment voyager sur l’eau, eux qui connaissaient autre chose que des lecons de catéchisme et la poudre & canon. Jaimerais de tout mon corps qui vieillit pouvoir un jour emprunter les chemins de pensée millénaires des premiers utilisateurs du sol Kanata, fatigué que je suis de devoir passer toujours par les mémes chemins de pensée des propriétaires de terre de la Nouvelle-France ou de la Hudson Bay Cie ; des lieux communs de pensée qui s’affrontent encore aujourd’hui 4 la Chambre des Tres Communes, en l’absence des pensées asiatiques et amérindiennes. RK « Un corps en mouvement tend & rester en mouvement, L’heure du souper arrivé, jal ramassé mes affaires et rebroussé chemin par les petits uN Corps au repos tend a rester au repos... » sentiers. En prenant le petit pont blanc, jai fait un réve éveillé : il y avait plein de petits ponts £1 tex cae Newioni entre gens de différentes générations, de différents accents, etc. Aprés, je suis revenu dans la réalité et j’étais encore plus petit que les arbres. Connaissant Newton... Ref eanis: bougez! a 4 | responsabilité S tous ec , _ DENIS GILBERT Paancpacnon