Photo: David Cooper.

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16 - Le Soleil de Colombie, vendredi 4 novembre 1988

a ER i att

Mozart et «Don Giovanni»
a l’opéra

Je ne sais pas si j’aimele long j’ai eudes mauvaises surprises; _ taille, lavoixdeSandraGraham,
et compliqué singspiel «Don par exemple la mollesse de mezzo-soprano qui a bien joué
Giovanni». Et en ce mardi soir, |’ouverture, et une déception de Donna Elvira, mais dont la voix
n’est pas encore a la hauteur de
ce réle exigeant. Précision: sa
voix: puissante et jolie manque
de la souplesse essentielle a
tous les grands rdéles lyriques,
d’autant plus qu’elle chantait
beaucoup de duos et de trios
avec Christine Weidinger (Don-
na Anna) a ja voix riche, belle,
souple, de vraie coloratura.
D’autant plus qu’avec Katherine
van Kempen (Zerlina), |’Opéra
de Vancouver a découvert une
étoile qui va, qui doit monter
dans le ciel lyrique canadien.
Alors que Mile van Kampen,
soprano canadienne, n’achanté
que dans un petit réle de Figaro
et s'‘intéresse plus aux salles de
concert. Leconcert de louanges
des critiques |’orienta vers les
opéras de Mozart, pourquoi pas
en Cherubino, en Papagena? Sa
voix est légére mais modulée
par une technique sans faille,
colorée, parfaite.

Chacun aurait mieux aimé la
voix de M. Richard Margison
(Ottavio) s'il apprenait a se
mouvoir sur scéne. Dans une
soirée ou Leporello et Don
Giovanni bondissent allégre-
ment en compagnie de Zerlinoa
et Masetto (Phillip Ens a
vraiment une belle voix), M.
Margison ressemblait a2 un bout

Théodore Baerg et Katherine Van Kampen.

de bois. Ses arias sont trés
longs, on ne veut plus écouter
sa bonne voix, pourtant lyrique
a souhait, aprés dix minutes!
Encore une réaction négative,
adressée a cet ange que fut
Mozart: puisque votre copain
de Ponte vous a donné un livret
aux personnages flous et a
l'intrigue impossible, pourquoi
ne pas y faire des coupes? Que
de longueurs! Enfin, nous
avons a Vancouver un claveci-
nistedepremierordre, M. Bruce
Johnson, dont nous attendons

impatiemment le prochain
récital.
Et pourtant... Que de bons

moments! Quel Leporello ma-
gnifique nous a donné ce vieux
routier encore tout jeune, M.
Claude Corbeil, drdlatique,
vif-argent, qui bondait, qui
roulait, qui Sautait, qui courait,

qui vivait le domestique
accomplice Leporello avec
verve, vivacité et... le plus beau

baso du Canada. Voix riche,
veloutée, i>ut en nuances, bel
instrument totalement contrélé
par son heureux propriétaire.
Quelle musique! A la joie pure
de l’allégresse mise en musi-
que, joliment chantée par tant
de belles voix.

On ne parle jamais de
l’éclairage. Pourtant, M. Robert
Thompson du Ballet National
nous a fait des fééries, par

exemple la scéne du bal ou
- décor, figurants, étoiles - est
en noir, beige, blanc. Les
costumes sans la moindre
erreur historique, bien insérés
dans les couleurs dominantes
de l’opéra; le noir-et-blanc de
Don Giovanni (bien chanté par
un excellent baryton, M. T.
Berg). On sait que le régisseur
David Walsh est la, et on
remercie le ciel toutes les fois
que son sens du drame, sa
créativité artistique, nous offre
des fétes visuelles comme celle
de mardi soir.

Alors oui, la soirée fut
agréable. En attendant Idome-
neo, Bastien et Bastienne,
L’Enlévement, et les autres
joies de Mozart chantées par
MM. Corbeil et Enns, Miles
Wiedinger et Van Kampen. Et si
vous n’avez pas des nerfs
d’acier, fermez vos yeux pour le
final explosif, sinon M. Joseph
Rouleau en Commendatore
effrayant, a la belle voix
puissante et variée, vous
entrainera) vous aussi aux
enfers...

Nigel Barbour

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