mpaerertnaneninaiptertiees ™“ gui avait Le Soleil de Colombie, vendredi 19 octobre 1984 —13 Ces pages oni été réalisées grace au soutien financier du Secrétartat d’Etat du Canada. . en Colombie britannique aventures du marquis de Roquefeuil tournante des échanges com- merciaux des pays des Hom- mes Blancs, notamment pour les fourrures contre des pro- duits exotiques tant désirés en Europe. Choix des navires Il est curieux de constater que de Roquefeuil ait entre- pris le tour du monde a bord d’un mini-navire de 200 ton- neaux (566 métres cubes) : il parait que c’est un fait qui n’a rien d’exceptionnel. Des voya- ges ont été effectués sur des navires de 100... tonneaux: il en a €té ainsi, tant que la navigation a voile ne sera pas remplacée par celle 4 vapeur, prétendant que les frais et les risques étaient moindres pour les armateurs, qui souvent ne disposaient pas de gros capi- taux, suivant Henri Sée dans son ouvrage “Les_ cétes américaines vues par un Fran- Cais au début du XI Xe siécle”’. _-Apergu historique Les escales du Marquis de . Roquefeuil dans nos parages de :) a Colombie britannique nom Nouvelle- alédonie lui permit des ex- plorations, se référant, avec admiration d’ailleurs, aux re- lations, aux cartes du capi- taine George Vancouver, en y apportant certaines rectifica- tions hydrographiques, carto- graphiques, possédant des ins- truments plus -perfectionnés que ceux de jadis. La contri- bution frangaise, en ce do- maine, fut trés significative. . Voila donc, un navigateur francais de Bordeaux, aux cétes de notre Tle. de Vancouver, qui avait, a cette époque, une situation géo- graphique et historique ba- -tarde sur les bords. Elle avait subi une occupation con- jointe, Bretagne-Etats-Unis, en 1818: ne devint territoire britannique qu’a la suite du Traité de l’Orégon de 1846. Trois ans plus tard (1846), cédée 4 la Compagnie de la Baie d’Hudson, a condition d’y kis du eas une colonisa- tion, naturellement en faisant venir des colons; ce fut son moindre souci... la Grande- Bretagne annula la cession, la compagnie lui tint rancune. Renommée _interna- tionale Nous avons mentionné que le Chef des Nootka, Maquinna, surnommé le “Tueur de Boston” a été pro- bablement le seul chef amé- rindien a jouir d’une notoriété « dans le monde _ nord- américain et strement en celui européen; d’abord par les relations des grands explo- rateurs, puis, par ses atrocités et enfin dans l’affaire dite, la “Controverse de Nootka”. Dans chaque capitale d'Europe, les yeux étaient tournés vers l’Ile de Nootka et son chef tout puissant, Maquinna. es rol George III d’Angleterre, le roi Carlos III d’Espagne, Louis XVI, roi de France et la reine Antoinette, le nom du Chet Maquinna leur était connu. Aussi, sur les lévres des grands hommes d’Etat, comme William Pitt, George Washington, Alexander Hamilton, Thomas Jefferson, il y avait les mots: One dira, que __fera aquinna? Encore plus loin, notre Lord Dorchester (Sir Guy Carleton), Gouverneur- Général de l’Amérique du Nord Britannique, soit le Canada actuel, eut la mission de mettre le nez... dans l’'affaire de Nootka, la Contro- verse de Nootka, les préten- tions du _ capitaine John Meares, qui ont mis aux prises deux empires, jusqu’aux bords d’un conflit: mission consistant a négocier une amicale neutralité avec les Etats-Unis, en échange de laquelle les Anglais et les Américains se partageraient la “spoliation” des territoires eepagnols le long du ississipi, usurperaient les co- lonie espagnoles du Mexique, de la Californie, le long de la céte-ouest du Pacifique de notre territoire. -en 1831 a l’ge Maquinna ce “Tueur de Boston”, lui, dans sa.résidence de Tahsis, ne se rendait pas compte qu'il était devenu une figure mondiale: que par ses faits et gestes, avait la possi- bilité de faire déclencher une guerre aux effets imprévisi- bles, sarement désastreux, qui ‘auraient changé le cours de Vhistoire: opinion d'un histo- rien. La fin du Marquis de Roquefeuil Nous nous sommes laissés aller 4 quelques courtes di- gressions en marge des escales a l'Ile de Nootka, de notre héros, tout juste pour donner au lecteur, un apercu sur les hommes et les événements qui se sont déroulés dans le cadre de la période mouvementée du “régne” = du Chef Maquinna. Nous revenons a Camille- Joseph, marquis de Roquefeuil, tout en n’étant pas en mesure de dire ce qu'il fit aprés son retour Aa Bordeaux, en aout 1819, si, ce n'est qu'il fut en service a locéan Indien, ot il mourut, de 50 ans, enterré a l’Ile Bourbon, terri- toire francais depuis 1642, devenu département francais depuis 1946. Pas de traces, a ce jour, de sa tombe. Opinion peu ortho- doxe Celle d’un curieux personna- ge qui nous intrigue il s’agit d'Ian S. Mahbod, un résident de Vancouver-ouest, qui se déclare dans la préface de son ouvrage “The Land of Maquinna”, édité pour comp- te d'auteur, a l’Agency Press Ltd. Vancouver, comme ayant été un “forestier” et un biacheron a sa Millstream Timber Company Ltd. 4a I'Ile de Nootka, sur les anciennes terres de Maquinna: en con- naissance de cause, a cru devoir publier ledit ouvrage, qui, dans ‘un certain sens est intéressant. Ian S. Mahood a divisé son travail en deux parties, une, sa version de la vie du Chef Maquinna, ses relations, ses conversations... avec les per- sonnages de son €poque, don- nant l’impression qu'il était présent... l’autre, une superbe série. de 90 photographies- couleurs prises a partir d’un avion, montrant les terres de Maquinna, sa flore et sa faune. Ce qui manque com- plétement, ses sources de re- cherches historiques, cela nous déroute, d’autant plus qu'il a une version toute par- ticuliére de la réception Maquinna de Roquefeuil en . franche contradiction avec la chaleureuse décrite au début de notre narration; nous la présentons, sous toutes réser- ves, au lecteur. b d’Tan La version Mahood Elle se trouve a la 127e page de son ouvrage. En 1817, lexplorateur de Roquefeuil avait cherché a retracer les pas du capitaine James Cook a Yuquot (Friendly cove, la Crique amicale) des Espagnols, du _ capitaine George Vancouver, 1a, ou John Meares avait eu ses batiments, son chantier naval, ses dépdéts et les Espagnols, leur bastion afin d’arréter la poussée russe vers le sud. En 1817 aussi, Maquinna était encore en vie, il devait avoir 60 ans, maintenant son quartier général, disons sa capitale a Tahsis. Suivant Ian S. Mahood, il refusa l'invitation du marquis de Roquefeuil de se rendre a bord du “Le Bordelais” qui se considéra offensé, voire insul- té: tout au plus il consentit a s'approcher a bord de son embarcation se tenant droit, flanqué de ses guerriers, vétu suivant le rituel amérindien d'un grand chef, coiffe haute et conique, plumes, un visage grotesque peinturluré aux couleurs chaudes, vives, un semblant de puissance, d’é- nergie, des yeux percants que le capitaine Cook avait peine a soutenir, parait-il.. Derriére lui, en silence, le fin visage de son €épouse Wickaness, dans sa beauté royale (sic)... Maquinna permit a de Roquefeuil de descendre a terre, qui obtempéra en s’a- vancant avec un large sourire, mais le Chef d'une voix puissante, lui dit: Hialte, pourquoi étes-vous venu ici? La réponse: Afin de rendre visite au grand Maquinna. Celui-ci, lui répéta la ques- tion. Afin de m’entretenir -avec Maquinna au sujet de l’affaire de John Meares et des Espagnols en général. Maquinna de répondre, j'ai oublié les hommes et les choses du passé: je ne connais que ce qui concerne mon peuple et les tristes années traversées. Notre: navigateur fit quel- ques pas en avant, mais fut vite rabroué par un brutal “Arrétez-vous” suivi d’un, je vous raconterai la pénible histoire de mon peuple et ensuite vous devrez partir immédiatement d’ou vous étes venu, vers l’océan, votre pa- trie, en oubliant mon peuple. De Roquefeuil se tint coi, obéissant. Maquinna alors d’une voix chevrotante en un anglais syllabique, cherchant avec peine ses mots, débita l’his- toire de ses ancétres, ses vic- toires sur les tribus rivales des Tahsis, ses entretiens avec le capitaine Cook (rien au sujet de Vancouver..), sur les échanges contre des fourrures, peaux, avec les Espagnols, avec John Meares, refutant la thése qu'il vendit des terres a celui-ci provoquant lire du gouvernement de Madrid, les maladies et les miséres de son peuple. Le navigateur francais ne pouvait tout saisir, mais de- puis longtemps il couvait le profond désir d’avoir de e ‘miére main des nouvelles de la collusion Maquinna-Meares et tout le “mic-mac” de la controverse de Nootka qui a secoué les chancelleries d'Europe: il voulait égale- ment pouvoir porter son pro- pre jugement sur les racontars publiés, a l’époque, dans la presse européenne. sursaut de Maquinna Nous- reprenons la_ thése Mahood. Avec une vigueur renouvelée, le grand Chef explosa: Mon peuple a été détruit par les mauvaises ac- tions des hommes blancs. Leur Dieu n’est pas le bon Dieu... Mon peuple requiert de nombreux dieux afin de le guider au cours de ses chasses et péches dans l’océan, les voies qu'il doit suivre, sa vie, son travail, les soins aux €pouses. Sans dieux, nos ancé- tres nous ont désertés, si ce n'est que vivre dans la peur du lendemain. De Roquefeuil, toujours obs- tiné, l'interrompit: Quoi, au sujet de John Meares et des Espagnols? Est-ce que John . Meares posséda réellement en toute propriété des terres ici? Maquinna toujours évasif, ré- Monat net “J'ai oublié” et ajouta “Ma grande faute a été mon attitude amicale envers le Capitaine Cook (celui-ci ne séjourna que 28 jours a Nootka, le temps de calfater ses deux navires: rien de Vancouver qui gouverna Nootka...) . Si, j'avais fait décamper James Cook et ses hommes, en son temps moi, Maquinna jaurais continué a régner sur la céte, sur Yuquot (Friendly cove) et tout le reste (il avait peut-étre raison ce vieux Maquinna, philosophe; les relations de Cook, Vancouver et autres, ont attiré l’atten-- tion des hommes blancs sur ce petit coin du monde loin- tain). De Roquefeuil enchaina: Est-ce que votre fils, plus tard, conduira votre peuple et le reménera 4 Yuquot? Mon fils, répondit Maquinna, est le vrai descendant des caractéristi- ques d’Upquesta le Bon, mon grand-pére maternel et celles de Ulatilla, mon pére, le puissant. Tout ce -mélange sanguin, plus le mien, ont passé a mon fils, qui lui permettront de recouvrer la splendeur des temps passés. La voix du vieux chef s’étei- gnit et brusquement, il éten- dit son bras, pointant de son doigt la poitrine du naviga- teur trop curieux, lui dit: Allez, retournez a votre na- vire. Manquant de _ renseigne- ments probants, il ne nous est pas possible d’évaluer la véra- cité de cette version, assez contradictoire avec celle de divers historiens qui semblent lignorer: pour eux, aes eut tous les égards envers son héte francais. Statistiques Toujours suivant~ Ian Mahood: en 18638, le docteur Robert Brown, de la Société Royale, explora les terres de "Ne de Nootka, il trouva que a population des Nitinats, naguére toute puissante, tota- lisa quelques centaines d’4mes seulement: lors de sa période de splendeur, les huit villages comptaient plus de 8000 indi- vidus. A la Baie de Clayoquot ot les Wickannish, les adver- saires de Maquinna, pou- vaient se prévaloir de plus de mille guerriers, 135 avaient survécu. A Nootka, le petit-fils de Maquinna restora Yuquot (la crique de Friendly cove des Cook, Vancouver, de Roque- feuil, Espagnols) mais peu dhabitants, de 2000 jadis, a moins de 50. Le village que le capitaine Cook décrivit com- me ayant 2000 habitants, d’heureux aborigénes vivant dans une société organisée, pleine de vigueur primitive, est disparue, faisant place a une bande de 200 solitaires n’ayant pour cadre, le brouil- lard, la pluie, les vents: 85 années durant, la mort a été fort occupée. Camille-Joseph, marquis de Roquefeuil, a la suite de son périple, sa curiosité, ses ren- contres avec le Chef Maquinna, a contribué et a permis 4 nos habitants de la Colombie britannique, a con- naitre une certaine partie de l'histoire de notre céte-ouest. Entre des navigateurs anglo saxons, espagnols, au moins un Francais eut des entre. tiens étoffés avec le Grand Chef Maquinna, le “Tueur de Boston” devenu un personna- ge de légende. . Publications En 1923, la découverte d’un manuscrit de 341 pages, trés probablement rédigé par Vimont, le médecin-chirur- gien a bord du “Le Bordelais” de l’expédition, attira l’atten- tion de quelques scientifiques. Cet important document se trouve actuellement a la Bi- bliothéque de la Marine, Paris. Une version abrégée en an- glais, publi¢e en 1923, a Londres, ne refléte pas beau- coup le compte-rendu ori- ginal. ; Le journal d’un voyage au- tour du monde de C.J. de Roquefeuil est peu connu des historiens du Pacifique-nord et encore moins de ses propres concitoyens. Publié en 1823, en dépit d’une nouvelle édi- tion, 20 ans plus tard, le marquis de Roquefeuil de- meura inconnu en France, un siécle durant. En 1954, une traduction en anglais publiée a Los Angeles (Californie) ne traite que le segment du voyage de C.J. de Roquefeuil a la céte de cet Etat américain. Une étude publiée, en 1952, par René Cruchet “Le tour du monde en 37 mois de C.J. de Roquefeuil, avec la préface de M. Jacques Chaban-Delmas, homme politique francais, né a Paris en 1915, ex-maire de Bordeaux, Président de 1’As- semblée Nationale (1958). Une édition en langue allemande a été publiée. FIN Se Se ee