20 Marché Une féfe farcie d’idées Le prix est dérisoire, le gout, pense-t-on, |’est tout autant. C'est un vil préjugé, la citrouille demande un vote de confiance. Entre un et sept dollars, voila ce que vous pouvez vous attendre 4 payer cette année pour une citrouille. Une trés grosse citrouille pourra méme cofter douze dol- lars, mais c’est plutét rare. En plus gros- ses quantités, le prix de revient au détail pour une douzaine oscillera entre douze et trente-six dollars. Dans le prix du gros, une douzaine vaudra entre six et huit dol- lars. Une aubaine! Une aubaine, en autant que vous puis- siez convaincre vos clients des délices dont ils se privent s’ils n’essaient pas votre nou- velle recette, car ce gros fruit 4 la pulpe orangée se défend maladroitement au menu. Mais alors pourquoj fait-on encore’ pousser des citrouilles dans les champs du Québec? Pour |’Halloween! Selon M. Ro- ger Boisjoli, producteur agricole de Neu- ville en banlieue de Québec, soixante-quin- ze pour cent de ses 1500 citrouilles sont destinées a cette féte. La citrouille est pour lui, comme pour la majorité des produc- teurs, une culture secondaire, un petit revenu pour arrondir les recettes de la saison. La grand'jaune «Nous semons les graines dés la fin mai et la récolte s’effectue en octobre avant la gelée, explique M. Boisjoli. La variété que nous cultivons, la Jaune des champs, nécessite de 90 4 100 jours pour parvenir a maturité. Durant 1’été, les jeunes citrouil- les ne requiérent qu’un peu de sarclage et ne demandent simplement qu’a étre épargnées du vent.» Le probléme survient a la récolte; on devait s’en douter. Une citrouille moyenne pése environ vingt livres. Une trés grosse citrouille, facilement le double. Et, en plus, ga se permet d’étre fragile! La moindre meurtrissure peut en affecter la qualité d’importante facon. La manipulation de- vient dés lors fastidieuse: c’est une & une qu’elles seront déménagées du champ et emballées avec soin afin de ne pas briser le pédoncule. par Luce Charland NOIXa' AGU La citrouille ne se change pas qu’en carrosse ou en tarte: sa versatilité est étonnante. Par contre, la citrouille, trés conci- liante, est préte a tout pour se faire aimer. Quitte 4 accepter de mijoter, coupée en cu- bes, dans une eau a gros bouillons. Qu’on la réduise en purée, en mousse, en fricas- sée, en confitures, qu’on la confine entre deux crofites, qu’a cela ne tienne! C’est & ce prix qu’elle pourra séduire. Ven fais de la compote Soeur Angéle, de I’Institut de tourisme et d’hétellerie du Québec, fait partie de ces inconditionnels de la citrouille. Elle en par- le d’ailleurs avec autorité. «La citrouille? J’en fais de la compote, des marinades, des muffins, des gateaux, des potages. Je la coupe en batonnets et je la fais frire. J’en fais aussi de la créme glacée. Les graines de citrouille dorées au four feraient palir d’envie les traditionnelles graines de tour- nesol. Saviez-vous qu’un coulis de citrouil- le sur des pétoncles ou du filet de sole est un vrai délice?» Elle est enthousiaste, soeur Angéle, lorsqu’elle parle de citrouille. Elle a d’ail- leurs, raconte-t-elle, connu un succes fou > SS SS ee eee eee octobre 1984 Le Restaurateur