~ cachés, 8 - Le Solel de Colombie, vendredi 9 octobre 1987 Une touche francaise géniaale et rafraichissante «May B» comme Maguy Marin Par Esther Gagnier Avec May B, cette chorégraphie de Maguy Marin, présentée les 2 et 3 octobre a l'Université Simon Fraser en hommage a Samuel Beckett, on pouvait sentir toute essence et J'esprit créateur francais. Le ton de l’oeuvre est direct, précis, avec une touche théatrale ot les images créées sont des plus intenses. Maguy Marin, chorégraphe francaise issue de l’école de Maurice Béjart, nous offrait un spectacle ot lT’on pouvait découvrir son génie artistique. Parce qu'elle est géniale! Sa compagnie existe depuis 1981 et s'appelait alors le Ballet Théatre de JlArche jusqu’en 1984. Ensuite, elle prend le nom de Compagnie Maguy Marin. En quelques années elle devient une chorégraphe appréciée et sollicite a travers le monde. C’est la premiére fois que cette compa- gnie se produisait 4 Vancouver, bien qu’elle soit déja venue au Canada. L’oeuvre que Maguy Marin a créée en hommage a4 Samuel Beckett retrace les images et les moments des piéces qui l’ont inspirée. A premiére vue, la chorégraphie comporte peu de mouvements techniques dansés réellement mais c’est exactement ce qu’elle a cherché 4 tirer de loeuvre de Samuel Beckett. «C'est un déchiffrage secret de nos gestes les plus intimes, les plus ia ” déceler ces gestes minuscules ou grandtoses, de multitudes de vies a peine perceptibles, banales, ou Vattente et l’immobilité pas tout a fait immobile laissent un vide, un rien immense, une plage de silences plein d’hésitation» a écrit Maguy Marin a propos de May B. En un sens May Best une oeuvre surr€aliste puisqu’elle tire de l'inconscient une gestuelle. Celle-ci_ est bien structurée, répétitive pour la banaliser. Lioeuvre débute avec la musique sur une scéne plongée dans l’obscurité. Peu a peu, la lumiére s’intensifie pour laisser apparaitre une dizaine de statues en platre aux caractéres grossiers. Soudain elles se trainent en masse a petits pas vers un endroit de la scéne en laissant une trainée blanche derriére eux. Ils poussent des soupirs rauques comme si ces statues empoussiérées par le _temps se mettaient a parler. Finalement on croit discerner -?.C’est presque du Dirty Dancing: dans leur voix ces quelques mots : «Ca va finir. Ca va peut-étre finim exactement comme dans une piéce de Beckett ot les phrases banales regorgent de sens et d’absurdité. On y entend la musique, mais les silences sont éloquents. La richesse intérieure de chaque personnage, leur posture, appor- tent un élément théatral impres- sionnant. Ils sont fous, sortis du quotidien, d’un asile psychiatri- que; ils nous font vibrer ou nous font horreur; ils nous font rire ou se moquent de nous, bref on ne sait plus trés bien sur quel pied danser avec May B. Le vocabulaire chorégraphique est cru, brutal, et Maguy Marin n’a pas peur d’appeler un chat, un chat... A un moment, on voit les personnages danser au_ bal populaire, swinger la compagnie Suite page 13 Le 23 octobre a Victoria Frais d’inscription 25$ Pour tout renseignement et pour vous inscrire, téléphonez a: VOUS EXPORTEZ? Inscrivez-vous maintenant a CARREFOUR EXPORT 87 Tout un monde a découvrir Les 26 et 27 octobre a Vancouver Découvrez tout un monde en rencontrant les délégués commerciaux canadiens. De retour au pays, ils sont ici pour vous faire part en exclusivité de leurs connaissances et de leurs perspectives des marchés internationaux. A Carrefour Export 87, laparoleesta vous! Participez a des rencontres adaptées a vos besoins, et évaluez sur place le potentiel de réussite de vos produits et de vos services pourl’exportation. Discutez avec les représentants d’autres agences fédérales et de plusieurs firmes spéciali- sées dans l’exportation. Faites-nous part de vos attentes : des opérations bancaires interna- tionales au transport de marchandises. Carrefour Export. Untremplin quia permis aux entreprises canadiennes de s’affirmer sur la scéne internationale. Vous aussi, cette année, découvrez tout un monde! pour Victoria: Chambre de commerce du grand Victoria (604) 383-7191 pour Vancouver: Centre de commerce mondial de Vancouver (604) 641-1261 pour Kelowna: Chambre de commerce de Kelowna (604) 861-1515 Les exportations canadiennes, un succes international qui peut aussi étre le votre. Le 28 octobre a Kelowna | Canada Affaires extérieures External Affairs Canada EXPORTER, CA RAPPORTE ba BUILD CANADA Canada = by s > ee uy Painting The Town Painting Ihe town qui pourrait encore s’appeler «la peinture affichée» est assurément une exposition des temps modernes. Cette fois-ci, l’art n’est plus dans les musées ou les galeries, mais bien dans les rues. Les oeuvres de trois artistes canadiens renommés sont repré- sentées sur des panneaux d’affichage a travers la ville de Vancouver. Les peintures origi- nales ont d’abord été agrandies et ensuite transférées sur des panneaux de grandes dimensions (10 x 45 pieds) grace a divers procédés de projection, d’appli- cation, perforation -et colorisa- tion appartenant a la technique moderne. Jack Shabolt signe Théme et transformation (au coin de la rue Main et de la 5éme avenue), Gathie Falk, Tow Curves Celebrating (sortie du pont Pattulo-est) et Yves Gaucher M—L—S— P—11—87 (coin des rues Hastings et Kaslo). Les panneaux d’affichage ne sont pas rares dans notre grande «Transformation Theme» de Jack Shadbolt {ci-dessus]. ville. Dressés par milliers, ils nous vantent quotidiennement _ les derniéres merveilles du monde de la consommation. _ Rassasié d'images vues et revues tant de fois, le passant ne leur accorde qu'une attention distraite. Dans cette espéce de léthargie du «déja vu», il est agréablement surpris de découvrir sur ces immenses surfaces accrochées 4 méme le ciel, les chrysalides en mutation de Jack Shabolt, les chaises de Gathie Falk sagement rangées en demi-cercle comme dans I’atten- te d’un événement spécial, ou encore les espaces flottants d’Yves Gaucher. Voila une maniére d’exposer qui aidera certainement a démystifier l'art en le placant dans le quotidien et le mettant a la portée de tous. Commanditée par Manufac- turers Life Insurance Company, Painting The Town reste «affichée» jusqu’au 15 novembre. Il est done encore temps de donner ce «coup d’oeil» qui en vaut vraiment la peine. ~ THEATRE «Two Curves Celebrating» de Gathie Falk [en haut). La Seiziéme Des yeux au bout des doigts Par Marie-Louise Bussiére Aprés avoir trainé durant quelque temps, la réputation de faire des productions de second ordre, la troupe de La Seiziéme évolue. Sous la direction de Réjean Poirier, et probablement aussi grace a l’apport de Roger Gaudet, la troupe améliore la qualité de ses spectacles. Le dernier en liste, un petit bijou : Des yeux au bout des doigts ow la rencontre de deux €tres différents. | Anouchka, aveugle, et Alexandre, un garcon qui malgré ses 11 ans seulement exprime déja des _préjugés, d’abord envers les filles puis les handicapés. Mais une tendre amitié se développe sous les yeux d’un vieux monsieur sympathi- que, ‘collectionneur d’affiches d’artistes du «rock». Avant de partir en tournée, les organisateurs présentaient la piéce dimanche dernier au Holliday Inn. Diaprés les réactions du public des grands, il est a prévoir que les petits aimeront aussi. Une scéne m’a particuliérement ému, celle ot l’aveugle palpe le visage d’Alexandre pour mieux «le voir», Le jeune garcon réticent au premier abord cherche ensuite, de ses mains gauches, le visage d’Anouchka. Elle le guide doucement. C’était si touchant d’assister, en tant que spectateur, a la découverte de ces deux jeunes, du bout des doigts. Les adultes dans la salle se sentaient presque génés de retrouver des gestes si naturels de lenfance, et si sensuels. L’actrice Evelyne Germain n’avait pas le ton juste au début, bien qu'elle se soit rattrapée par la suite. Elle démontre une discipline et une souplesse corporelle intéressante, et son attitude d’aveugle est tres crédible. Yvan Morissette interpréte avec naturel et dynamisme le réle du garcon turbulent et inattentif. Sil prend la peine d’aller se chercher une formation adéqua- te, ce jeune acteur fera des malheurs dans le milieu théatral (a surveiller) . Quant au vieux Léon, Sylvain Demers en crée un personnage Savoureux, si précis qu’on ne réalise pas que l’acteur n’a que 28 ans. Dans l’ambiance exquise crée par le talent des acteurs, et le doigte du metteur en scéne Suite page 18