Le Soleil, mai 1992 De Mont Roya A MontTREAL Le 2 octobre 1535, Jacques Cartier met pied a terre sur l’ile de Montréal. Le lendemain 3 octobre (qui depuis la réforme du calendrier grégorien correspond dans notre calendrier actuel au 14 octobre), un groupe de personnes, un millier peut-étre, hommes, femmes et enfants viennent I'accueillir. Un peu plus tard, Cartier rencontre un dignitaire d’Hochelaga venu le recevoir comme c’en est alors la coutume chez les Amérindiens. Ensemble, ils marchent pendant une demi-lieue environ et arrivent prés d’une montagne «toute labourée sur son pourtour, et fort fertile, et de dessus laquelle on voit fort loin», rapporte Jacques Cartier et d’ajouter: «Nous nommdames cette montagne le mont royal.» Peut-étre sans le savoir, ce coureur des mers de St- Malo venait- il de trouver le nom de la future grande ville québécoise. Il est difficile d’affirmer que Montréal tire son nom de mont Royal. Certains romanciers et journalistes suggérent que Montréal dériverait de Monréale en Sicile parce que |’évéque de cette ville aurait insisté auprés de Rome en faveur des Francais qui aspiraient 4 l’établissement d’une colonie sur le continent américain. Mais il semble plus probable que le nom de Montréal vienne tout de méme de «mont Royal» donné alors par Jacques Cartier au promontoire d’ou il aurait découvert le village de Hochelaga. NELLA NOVA FRANCIA|—~ lll Indianiche cx ne di feeri dciis Cieal apprefic al fue- ca, & f anne corezse. 'T. La Scala che va &@) Consider. % | ae Au mois doctobre 1535, Jacques C bati sur I'ile de Montréal. IL ETAIT UNE FOIS HOCHELAGA RF : WE D’aprés les récits de l’époque, il est permis de penser que Hochelaga était une grosse bourgade ronde et palissadée comprenant de quarante a cinquante grandes maisons en bois, recouvertes d’écorces cousues. Dans celles-ci devaient vivre — plusieurs familles alliées, réparties dans diverses chambres au-dessus desquelles étaient aménagés des greniers oi les habitants entreposaient leurs récoltes. Au centre de la petite ville devait se trouver la place publique réservée aux danses, fétes et cérémonies rituelles. Si l’ons’en tient aux évalua- tions de mesure en «pas» de Cartier eten supposant qu’un pas mesure 80 cm environ, on peut penser que la superficie occupée par Hochelaga a pu cou- vrir jusqu’a 40 000 mé- tres carrés. La population d’un tel village devait alors varier entre 1500 et 2000 habitants répartis dans 40 4 50 maisons. En ce dimanche du 3 octobre 1535 od le temps est au beau, dit I’histoire, Cartier passe quelques heures & Hochelaga. Mais aujourd’hui en 1992 il est bien difficile de désigner avec exactitude l’emplacement du village d’autrefois. L’opinion la plus répandue veut qu’Hochelaga ait été situé prés du mont Royal, mais faute de vestiges, d’autres pensent que le village devait se trouver prés de l’université McGill. Enfin aprés maintes déductions, il est permis de penser que le site amérindien devait se situer au- dela de la terrasse qui longe la rue Sherbrooke mais ot exactement?... Celaest encore 4 découvrir. Quoi qu’il en soit, quelque part dans la grande métropole, les cendres du village d’Hochelaga, que visita Jacques Cartier, gardent jalousement a l’ombre des gratte-ciel les secrets d’une communauté amérindienne aujourd’hui disparue. VitLe-Marie ... LA MYSTIQUE Il serait faux de penser que Ville-Marie fut fondée dans un but commercial. Au tout début, c’est sur un élan d’enthousiasme chrétien que s’ébauche enloitaine France l’idée de sédentariser pour mieux les convertir les natifs de cette partie du Canada que l’on appellera la Nouvelle-France. Les riches marchands et les batisseurs viendront tenter leur chance plus tard. . A la téte de ce projet pour le moins audacieux, on trouve Jérome Le Royer de La Dauversiére et Pierre Chevrier, baron de Fancamp. Le premier est peu fortuné mais plein d’enthousiasme, le deuxiéme jouit d’une bonne fortune. D’autres viennent bientét se joindre 4 eux: Paul de Chomedey de Maisonneuve, le baron de Renty, le prétre Jean-Jacques Olier, fondateur de la compagnie de Saint-Sulpice, ainsi qu’une qua- rantaine de laics dont Jeanne Mance, jeune fille pleine d’élan qui contribuera de fagon remarquable au déve- loppement de Ville-Marie. Tous révent d’évangélisation et de relance de la chrétienté. Cepen- dant tous ne connaitront pas «le bonheur de venir en terre d’Amérique». Ce sont «ces messieurs et dames de la societé de Nostre Dame de Montréal pour la conversion des sauvages de la Nouvelle-France » qui ont imaginé Ville-Marie. Dés lors c’en est fait, ils se voient déja venanten Nouvelle-Francepoury créer «unpeuplement indien» ot Francais et natifs vivront ensemble ou mieux encore, fraterniseront. Tous seront sédentaires et vivront leur chritianisme comme. aux premiers sié- cles de la chrétienté. C’est vraiment 1a leur ultime ambition. Hélas les revers de i’histoire (guerres, occu- pation britannique) viendront contrecarrer leurs plans d’harmonie et de vie fraternelle. Les véritables motifs derriére 1’établissement de Montréal, basés sur la spéculation et l’ambition territoriale et qui se situent a de plus hauts niveaux dans la noblesse francaise, échap- pent sans doute a ces fous de Dieu. Bien sfr le réve de fraternité nouvelle entre Frangais et Amérindiens, basé sur le principe de vie chrétienne et le travail de la terre des «Associés de Nostre Dame», était-il un peu - utopiste, mais il n’en était pas moins noble et géné- reux. C’est au nom de ces idées qu’ils sont venus et qu’ils ont lutté. Ils s’appelaient Paul Chomedey de Maisonneuve et Jeanne Mance, etc’ est a juste titre que les Montréalais les considérent comme les fondateurs de Montréal. Poi le Jéréme Le Royer de !a Dauversiére d'aprés une peinture originale conservée a Laval, France. (Photo Armour Landry) HOCHEI! VILLE-M MONTF Vitrail de la basilique de N tréal rend hommage a Jeann de I'H6tel-Dieu de Montré importante de Maisonneuve RELA DE CE ON sass EN LA NOVVELLE | EN L'ANNEE Enuoyéecau R.P.LEAN Prouincial dela Compag en la Prouince de | Parle R.P. BAnTHELEMY ‘la mefme Compagnie, Sap A:-BEALIRES Chez Sesasrizn Cramoisy, Im du Roy, rué S. lacques, au Me DG: - Xt Auec Primlese du Ro oar