oer 4— Le Soleil de Colombie, vendredi 23 mars 1984 Les Indiens, |’autre minorité Suite de la page 1 des Premiers ministres des 7, 8 et 9 mars. «Je suis optimiste- pour la suite des négocia- tions, indique-t-il, 4 la condi- tion qu'un gouvernement libéral soit au pouvoir. Dans le cas contraire ...» Selon les statistiques du ministére des Affaires indien- nes et du Nord Canada, il y a en Colombie _ britannique 58411 Indiens _ statutaires (vivant dans une réserve) ei a peu prés autant de non- statutaires Pas tellement plus que de francophones, mais: us sont suffisamment forts pour avoir obtenu début mars, du gouvernement provincial la restitution de terres spoliées d'une valeur de cent millions de dollars. Selon Len Marchand cette force est venue de l’unité toute récente qui s'est faite dans la communication indienne autour du combat constitu- tionnel : «Il y a quelques années, explique-t-il, réunir les Indiens” de Colombie britannique sur une _plate- forme commune €tait presque impossible. Maintenant Yunité a été réalisée et a entrainé un renforcement de l'intérét des Indiens pour leurs affaires. 100% des Indiens, méme les vieilles femmes, se sentent concernés par le pro-, bléme constitutionnel. De méme, il y a de plus en plus de monde pour les réunions cul- ~ turelles ou économiques. J’ap- partiens 4 une organisation appellée - Western —_Indian Agricultural Cooperation qui a tenu son congrés 4 l’autom- ne dernier. Nous étions plus de 2000 Indiens venus de toute la Colombie britannique». or Marchand se redresse sur son fauteuil et l'entretien prend un tour nouveau. C’est qu'il entend souligner un point qui lui tient 4 coeur : «Nous nous renforcons parce que nous savons de plus en plus qui nous sommes. Toutes les étu- des montrent que les Indiens n’ont pas progressé 1a ou la culture piétine, et qu'il y a eu des progrés la ou la culture est forte. Depuis les années soi- xante , nous retournons 4 notre histoire, nous commen- cons a produire des écrivains et c'est ce qui fait notre force». Aiguillonné par les questions, il finit par s’aventurer sur un terrain glissant pour lui «Dans une certaine mesure, il est arrivé la méme chose au années soixantes, risque-t-il, le synchronisme entre les deux phénoménes_ est ___dailleurs Intéressant a noter. Plus d’une ressemblance Le paralléle entre - les Indiens et les francophones ne s'arréte pas la. Ces deux communautés ont méme fait un bout d’histoire ensemble en Colombie britannique : un certain nombre d’Indiens de la province portent un nom francophone (Marchand en est un bon exemple), et la majorité sont catholiques. «Quand les francophones sont arrivés dans l'Ouest, raconte Len Marchand, ils ont assez vite entretenu de bons rap- ports. avec les Indiens. Ils étaient: ouverts et leur vision de la vie semblait assez proche de la notre : ils aimaient rire, bavarder, s’amuser ... Résul-: tat, certains pionniers fran- .. cophones,.. ont, €pousé.;,.des SS Indiennes .Un peu comme les Ecossais, ils ‘ont essayé de respecter nos coutumes,, de comprendre, alors que les anglais nous ont tout de suite considéré comme des esclaves. Pour expliquer le catholicisme de beaucoup d’Indiens en Colombie britannique, c’est beaucoup plus simple : les missionnaires catholiques, et le Pére Lejeune en particulier, sont tout simplement arrivés les premiers dans la province. A l'inverse les péres anglicans se sont réservé les iles de la reine Charlotte et les Indiens chrétiens de 1a-bas sont an- glicans.» Selon Len Marchand, Cette proximité entre les fran- cophones et les Indiens a maintenant disparu. «En Colombie britannique, regret- te-t-il, il y a aujourd’hui les Indiens et les non-indiens». De plus, les rapports récents entre les tribus du Québec et le Parti québécois n'ont pas toujours été idylliques. «Si j'ai parfois entendu des Indiens parler de séparatisme et de modéle québécois, explique Lenn Marchand, particulié- rement dans les années soixante-dix, je pense que ce mouvement n’a jamais ététrés fort. Le Québec a comme les autres provinces spolié les Indiens et les chefs de tribu ne se sont jamais départis d’une certaine méfiance vis-a-vis du Parti québécois. Ils crai- gnaient qu'une séparation du Québec n’aboutisse. a une nouvelle remise en cause de leurs droits». «Ce qui se passe au Manitoba me rend a malade» dainepatioy obo kod phones ont eu un Premier ministre pendant seize ans, réagitLen Marchand a une question volontairement arti- ficielle sur une éventuelle alliance entre les Indiens et les francophones .Nous. nous avons été considérés comme des étrangers sur notre propre terre pendant des dizaines d’années». Malgré tout, il reconnait un paralléle entre la situation des francophones et celle des Indiens en Colombie britannique, «surtout sur la facon dont ils sont regardés dans l’ouest du Canad + dit-il avant de poursuivre .«re -jui se passe actuellement au Manitoba me rend malade. On essaye de revenir sur une garantie donnée 4a la fin du siécle dernier et les décla- rations anti-francaises qui ont été tenues m/attristent pro- fondément». Diailleurs, ce sentiment anti-francais dont parle Lenn Marchand, il en a lui-méme payé les conséquences,