Lextes de création Hypocrisie, quand tu nous tiens! La mémoire est une faculté qui oublie, dit le proverbe. Rien de plus vrai pour ceux qui, pour un motif inavouable, préférent oublier! Par contre les infortunés, victimes de la barbarie nazie, n’oublieront ja- mais l'enfer des camps de la mort, tant qu’il leur restera un souffle de vie. Ayant vécu la période troublée de l’ére hitlérienne, je res- sens le besoin d’apporter mon témoignage afin d’accorder a la véri- te la place qui lui revient. Une cérémonie commémorant _ la libération du camp d’Auschwitz eut lieu, recemment. De nombreux dignitaires, venus des quatre coins du monde, y assisterent. « Une telle tragédie ne doit plus ja- mais se reproduire, déclarérent-ils. La haine doit 6tre, a tout jamais, éradiquée de nos coeurs. » Voeu pieu? Qu’en est-il vraiment? L’Europe, ainsi que bien des pays du monde de ma jeunesse étaient profondement antisémites. Je soupconne que c’est toujours le cas, si on en juge par les déclarations virulentes d’ultras, envers les Juifs. Qui n’a entendu parler de l’affaire Dreyfus qui divisa les Francais de 1894 a 1906? Faussement accusé d’espionnage au profit de |’Al- lemagne, l’infortune officier fut trouvé coupable et condamné au pé- nitencier. L’enquéte avait été confiée au commandant du Paty de Clam. Pour briser sa résistance, ce militaire sadique soumit Alfred Dreyfus a d’interminables interrogatoires. Un homme d’un courage exceptionnel, compte tenu du contexte d'alors, osa défier I'Armée. Dans son livre J’accuse, Emile Zola mit au jour l’odieux complot et en dénonga les auteurs. Voici un extrait de la lettre que |’écrivain adressa au président Félix Faure : « On ne croira jamais les expériences auxquelles il (du Paty de Clam) a sou- mis le malheureux Dreyfus, les piéges dans lesquels il a voulu le faire tomber, les enquétes folles, les imaginations monstrueuses, toute une démence torturante... » Une trentaine d’années plus tard, les premiers camps de concentration faisaient leur apparition en Al- lemagne... comme par hasard! Quand j’entends des gens de ma génération dire, qu’a cette épo- que, on ne savait pas ce qui se passait outre-Rhin, cela me révolte. 4