page 14 CHRONIQUE SCIENTIFIQUE L’Ecologie de 1’Humanité par Fernand Bouvier Abattez un seul renard sauvage! Résultat? La population des rongeurs se multipliera par la centaine en quelques mois 4 peine. Tuez un hibou et quelques couleuvres et les mémes ron- geurs accéléreront encore le processus. Bientdét les jardiniers s’apercevront que les rats man- gent leurs récoltes et leurs épouses se plain- dront de l’invasion des souris dans leur garde- manger. C’est un exemple du déséquilibre causé par Vhomme 4 l’ordre de la nature. Cet ordre na- turel n’est pas nécessairement en équilibre longtemps mais a tendance 4 osciller comme le pendule de l’horloge. L’importance numérique relative des différentes espéces a tendance 4 se maintenir dans une constante dynamique proportionnelle. Observons un peu ce phénoméne naturel en action. Quand les renards augmentent en nom- bre, (ceci s’applique 4 tout autre carnivore) ils mangent plus de petits mammiféres. Ceux- ci se voient vite décimés et monsieur le renard s’en trouve affamé. La disette a raison d’un bon nombre de renards et la reproduction de l’espéce diminue. Moins de renards veut dire un regain chez leurs victimes naturelles qui assu- rent bonne chair 4 ceux qui restent. Ces renards produisent de bonnes portées. Résultat: plus de renards encore une fois. L’invasion de l’>homme dans ce monde dé- licatement équilibré peut ne pas avoir d’effets trop prononcés. arfois, cependant, ces effets peuvent étre catastrophiques. Jacques Wood raconte dans l’un de ses articles l’histoire d’une ile o& carnassiers et petits mammiféres vivaient ensemble dans cet état relatif d’équilibre. Les insulaires décidérent d’exterminer les carnas- siers. Ils y réussirent. Dés lors, la population de liévres se multiplia d’une facon vertigineuse jusqu’au jour ot la végétation: dont elle se nourrissait fut détruite et le sol en restat expo- sé. La pluie lava la couche arable et, bientét, ce ne fut plus qu’une ile déserte. L’homme est le seul étre vivant qui a le pouvoir de modifier considérablement son mi- lieu. Il a déja totalement éliminé nombre de ses ennemis naturels des régnes animal et microbien. Il produit assez de nourriture pour une population de proportion gigantesque. Et, tout comme la vermine, dans des conditions aussi favorables, il suroccupe ses terres. L’Hom- me, en effet suroccupe sa planéte elle-méme. C’est cette multiplication non freinée de 1’es- péce humaine qui est 4 la base de tous les problémes écologiques qui 1’assaillent. Ce défi nouveau pour l’humanité prend des proportions dramatiques dans une ville comme celle de Bombay, aux Indes. La population en- tiére ne peut simplement pas toute étre logée. Des millions d’individus dorment dans les rues. Imaginez un peu le drame de centaines de mil- ) L’APPEL ») Janvier 1968 liers de familles non abritées — non pas a cause d’inondations ou de tremblements de terre, ce qui n’est que temporaire — comme phénoméne permanent résultat de surpopula- tion. Nous avons tous constaté la hausse de popu- lation dans nos propres villes. Ce sont mainte- nant des chaines continues de zones urbaines la ot, il y a a peine quelques années des dis- tances assez fortes séparaient des villes auto- nomes. Il y a quatre ou cing générations, le gigan- tisme urbain aurait probablement été impossi- ble. Les moyens de transport n’auraient pas suffi 4 approvisionner tant de bouches. D’au- tre part, méme en présumant quw’il y eit ali- mentation adéquate, une épidémie quelconque eit rapidement décimé une population trop concentrée. Le citadin paye cher pour vivre dans la grande ville. Il est entassé. Souvent il vit dans des taudis. Il peut ne pas avoir sa part de soleil et d’air pur. Il a troqué l’atmosphére calme des champs et des bois pour le bruit, le remou et la tension. Selon le Dr René Dubos, “la sti- mulation constante du réseau endocrinien cause des dommages sérieux 4 tout l’organisme.” La science et la technologie nous ont permis de maitriser notre milieu de vie et d’augmenter notre population. L’explosion démographique qui en a été la conséquence a eréé des problé- mes qui semblent étre sans solution sinon celle d’équilibrer notre propre faculté de reproduc- tion. De plus, il y a les problémes causés par la pollution. S’il y avait moins de monde il y aurait moins de pollution. Notre habitat serait plus propre et notre santé meilleure. I] appert, de plus en plus, que tous nos grands problémes se retracent 4 un principal qui serait celui de la population. C’est le probléme majeur qui, s’il nest pas bientdt résolu, confrontera nos en- fants d’une maniére collossale. Dans L’Appel du mois prochain, nous exa- minerons le probléme de la pollution. Fernand Bouvier MAILLARDVILLE Une a une Les portes des magasins se ferment Et oublient une ville Une & une Les enseignes s’allument Et enluminent la ville Une a une Les automobiles rentrent chez-elles Et oublient cette ville Une a4 une Les fenétres s’éclairent Et contemplent leur ville Une a une Les personnes se couchent Et révent a votre ville Et mois je suis éveillé Et comme vous je pense et espére En Maillardville. Notre ville. Jean Van-Houtte