Le Soleil de Colombie, Vendredi 4 aoat 1978:

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HISTOIRE DE CHOUX

Suite a discours de notre fédéral ministre es
finances, qui avec sa désinvolture et intelligence
coutumiéres nous oblige 4 manger du caviar.

Vous avez dit, Chrétien:
Si le chou est trop cher
Eh, n’en achetez pas.
Mais mon prochain repas?

La nature nous créa
Avec un es*omac,
Comme le . tre grand
Tl nous faut le remplir
Et tout aussi souvent

Si le chou est trop cher?

Copiant Marie Antoinette qui voulait gaver de
brioche nos grands parents, Monsieur Chrétien a
manqué d’audace. Pourquoi n’avoir pas dit:

Tu veux faire bonne chaire
Mais le chou est trop cher

Pour que rién ne se perde

Alors mange...du caviar.

BAL SANS BASTILLE

Ce fut en 1977, oui 77 un bien beau bal de la Bastille,
réussi sous tous les rapports. Marseillaise et Java,
Valses et musettes, buffet froid appétissant et prix
trés abordable.

Hélas les années se suivent et ne se ressemblent
pas. En 78, le prix d’entrée avait baissé, la qualité
aussi. Pourtant, c’était les mémes organisateurs, la
méme salle et la charcuterie était délectable. Hélas,
Yorchestre était bruyant et criant, pas de musettes, ni
Marseillaise, pas de javas. Une seule valse et un seul
tango, chaque fois demandé par des danseurs. Hélas,
la maniére dont le tango et la valse étaient joués a
enlevé l’envie d’en redemander d'autres.

Il y eut méme une tombola. Hola qu'elle tombe. On a
crié plusieurs fois Vive l'Espagne et les organisateurs
se sont bien amusés.

L’an prochain, le bal du 14 juillet aura lieu a
Waterloo? :

UNE BONNE PLAISANTERIE

Lu quelque part dans le Soleil de Colombie, un
article trés officiel et trop optimiste par la plus
importante personnalité F.F.C.:

L’an prochain 50,000 adhérents

Je ne sais comment classer cela: débordement
d'imagination, humour noir, ou simplement inflation. .
Il ne faudrait pas prendre les enfants du Bon Dieu
pour des canards sauvages.

RELIGION

Vu l'autre jour en ville dans la vitrine d’un magasin
de livres pieux appartenant a je ne sais quelle religion,
une de celles qui apparaissent et disparaissent comme
les champignons: Il n'est pas nécessaire d’étre pauvre
pour aller au ciel.

Voila donc une secte qui sans doute, avant
d'embaucher les croyants, leur demande un état de
leur compte en banque.

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par Keith SPICER

Courtoisie du Vancouver Sun

OTTAWA — La canicule
d'aoit serait-elle, pour nos
média, la saison des potins et
commérages? Les manchet-
tes seraient-elles si plates
qu'on aimerait lire un bottin
plut6t qu’un journal? Mais
pas du tout. Jugez-en seule-
ment d’aprés le tohu-bohu
extraordinaire de cette der-
niére semaine.

Il faut remonter jusqu’en
novembre 1956 pour dépis-
ter des moments aussi tur-
bulents et lourds de consé-
quences: c’était l’époque ot
nous, scribouilleurs, nous de-
vions vous analyser simulta-
nément l’invasion soviétique
de la Hongrie, l’invasion
franco-britannique de Suez,
et l'invasion américaine du
monde entier par des touris-
tes en short style des Ber-

mudes (genoux, hélas, plu-

tét que cuisses, a l’air...)

Contentez-vous de médi-
ter les coups de théadtre que
voici, tirés au hasard dans le
tourbillon des nouvelles a
sensation ayant dominé les
huit derniers jours:

——Le Canada provisoire-
ment a l’abri des hommes
politiques: Pierre Trudeau
se réfugie au Maroc. Joe
Clark se cache 4 Montebello.
Ed Broadbent disparait com-
plétement des yeux du pu-

blic en passant tous les soirs

au téléjournal dela C.B.C.
C’est dire que cette semaine
les Canadiens redécouvrent
des libertés perdues depuis
une éternité: la liberté de ne
pas subir des discours m’as-
tu-vu, celle d’éviter la Pério-
de des Questions au Parle-
ment, celle -- ce sera bref --
denepas étre gouvernés
par des sondages Gallup.

Au Québec, on le sait; la
politique est un sport qui se
pratique a longueur d’année
(et en pleine Chambre et en
plein air). Mais méme 1a, on
constate des absents qui
n'ont pas peur d’avoir tort:

digestion estiva

René Lévesque se bronze
sur une plage de la Nouvelle-
Angleterre afin d’étudier
sur place le taux d’échange
du dollar américain, alors
que le chef libéral Claude
Ryan sillonne la province
(incognito, disent ses adver-
saires) afin de réunifier son
parti avant de réunifier le
Canada;

——Messieurs, ne faites
pas vos jeux! Mince et
morne, le ministre fédéral
des sports Iona Campagnolo
a cléturé l’Olympiade de
1984 a Montréal alors que la
Reine s’apprétait 4 inaugu-
rer -- moins vite, sans doute
-- les Jeux du Common-
wealth de 1978 4 Edmonton.
Voila une trés grosse nou-
velle...dont personne ne se
souviendra quand le Gouver-
nement fédéral désavouera
Madelle Campagnolo juste
aprés les élections de l’au-
tomne;

——Un rond-de-cuir dé-
nonce ses confréres pares-
seux: une dréle d’histoire,
dans la catégorie “Croyez-le
ou non”. A Ottawa, un direc-
teur de la recherche au
ministére de ]’Agriculture a
traumatisé ses subalternes
par une directive fustigeant
leur fainéantise et leur f4-
cheuse habitude de filer a
V'anglaise a tout bout de
champ. Désormais, annon-
cait-il 4 la Paul Sauvé, cha-
cun devrait faire preuve
d’assiduité et de ponctualité.
Les contribuables de Saint-
Tite apprécieront ce geste
encore plus lorsque le syndi-
cat des fonctionnaires finira
par avoir la téte du gars
pour crime de lése-torpeur.

L’unique espoir de survie
pour le directeur: une nou-
velle directive approuvant
les petites aventures entre
midi et trois heures, a condi-
tion qu’on ne prétexte pas
plus de deux fois par semai-
ne des rendez-vous chez le
dentiste;

——Le Canada anglais se
déchaine en faveur des lan-
gues secondes: nous, les
Anglais, paralysés par I’uni-
linguisme? Un événement
éloquent de la semaine der-
niére prouve que c'est tout
le contraire et que nous
pourrons enterrer a tout
jamais la calomnie voulant
que nous détestons appren-
dre une deuxiéme langue.
C'est a Belleville, en Onta-
rio, tout prés des pénates
anti-bilingues du député con-
servateur Tom Cossitt, que
la preuve a été faite: une

le

bonne dizaine d’étudiants se
sont inscrits 4 un cours d’été
pour se faire ingurgiter de
force (comme le dit le célé-
bre slogan) un peu de...
thibétain.

Le thibétain, on le sait, est
une langue mondiale d’une
utilité inestimable. Ce zéle
nouveau pour le bilinguisme
devrait suffire pour faire
oublier qu’au méme collége
(ce n’est pas loin: de la, on
peut cracher jusqu’au Qué-
bec) onne trouvait pas assez
d'éléves pour constituer une
seule classe de francais...

——Une blonde géniale
voit les choses en noir et
blane: dans les concours de
beauté pour le titre de Miss
Univers, vous savez, on a
cessé d’évaluer les candida-
tes en fonction de critéres
puisés dans le manuel du
parfait ingénieur des ponts
et chaussées; les femmes
n’étant plus des. objets
sexuels, on les juge d’aprés
leur intelligence, leur tact et
leur culture.

C’était donc tout a fait
dans le ton lorsque la ga-
gnante de cette année, une
Sud-africaine de 18 ans, a
confié gentiment qu’elle con-
sidérait les noirs “tout sim-
plement comme des étres
humains”. Manque de chan-
ce, elle s'est mis le doigt
dans l'oeil tout de suite

_aprés en affirmant, avec une _
-logique merveilleuse, que si

les noirs jouissaient du mé-
me droit de vote que les.
blanes de son pays ce serait
un “désastre”.

Quant a cette charmante
personne, j’aimerais mieux
connaitre ses dimensions
que ses opinions politiques;

——A la mode des Fran-
¢ais: voici une autre bombe
internationale, celle-ci pari-
sienne. L’an dernier certains
hommes politiques se félici-
taient d’apprendre’ que les
pontifes de la mode vesti-
mentaire avaient ordonné
qu’on s’habille tous en clo-
chard: ce n’était, pour nom-
bre d’entre eux, que la béné-
diction des moeurs de toute
une vie. La semaine dernié-
re, 23 des maisons de mode
les plus huppées de Paris ont
prescrit le style svelte et
élégant. Catastrophe pour
les mal habillés de tous les
partis. Pensez, par. exemple,
au danger d’un vote serré au
référendum: dans ce cas-la
René Lévesque aurait nette-
ment intérét a se trouver un
nouveau tailleur “sharp” et

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de laisser crier au placard
son stock de 10,000 cravates
écossaises;

——Westmount coupe les
vivres 4 Sa Majesté: numéro
un au palmarés de la quétai-
nerie cosmique, ce scandale
concerne la décision du con-
seil municipal de Westmount
de réduire le nombre de
gallons de sirop d’érable que
notre Petite-Angleterre
montréalaise donne chaque
année au Palais de Bucking-
ham. :

Le chambellan d’Elisa-
beth, semble-t-il, avait tardé
un tantinet a flatter les
politiciens westmountais du
mot de remerciements d’usa-
ge. De toute évidence, si
nous voulons sauver la mo-
narchie et surtout le sens de
"humour de la Reine, il est
grand temps de modifier la
constitution pour mettre le
sirop d’érable sous l’autorité
du Gouvernement fédéral;

—Ambiguité royale? par-
lant de Sa Majesté, elle a di
trouver grandement édifian-
te la panique prise par nos
média anglophones devant le
texte en francais approxima-
tif que le bureau du premier
ministre lui a fait lire a
Terre-Neuve. Quel domma-
ge que la dame ne puisse pas
dire 4 ces journalistes an-
goissés par le trivial ce
qu'elle doit réellement pen-
ser de leur mentalité de
Clochemerle! Dans le doux
francais de ses |

urs normands, — m-
ple, elle pourrait“leur servir
sa devise royale officielle:
“Honi soit qui mal y pense”;

——Le bébé-éprouvette

conjure la faillite de plu- ~
sieurs compagnies de papier-

journal: cette premiére man-
chette de tous les téléjour-
naux a empéché a elle seule,
que plusieurs de nos rédac-
teurs-en-chef ne meurent
d'ennui. Ne minimisons’ pas

‘importance de l'épisode: _
pour les messieurs en blanc, ~—

ce fut un bel exploit.

Toutefois, le dernier mot
appartient a un autre Bri-
tannique, celui-ci n’étant pas
médecin, mais l’ancien ar-
chevéque de Cantorbéry.

Il y a quelques années,
lorsqu’on a évoqué pour la
premiére fois l’hypothése
des bébés-éprouvettes, Sa
Grace a confié: “Il me sem-
ble que l’ancienne méthode
de faire des bébés était bien
plus amusante”.

Voila done, la source d'une
pensée rassurante pour cou-
ronner l’agitation journalis-
tique de cette folle semaine:
comptez-vous heureux d’a-
voir raté votre cours de
chimie a l’école secondaire. ~

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