LE SOLEIL DE COLOMBIE Des Par Elise Fontenaille “Il découvrit, éclose dans un interstice, une wiolette. Il progressa sur les genoux, -entrouvrit les lévres, la cuezllit avec ses dents et la mangea. Il eut du mal a lavaler et un sanglot le secoua, en dépit de ses efforts pour ~ : rlvES, délire et dérive a se calmer.” Le lac de Yasunari Kawabata, prix Nobel japonais de littérature, est l’histoire d’une dérive. Celle d’un_professeur déchu pour avoir séduit une de ses éléves. Gimpei met tout en oeuvre pour rendre sa déchéance irréversible. Lucide et cruel, il : recherche la pureté et la beauté, et il leur confronte sa propre veulerie. Gimpei, une courtisane, une étudiante, un vieillard: les divers personnages du lac ont des destins paralléles. Ils se frélent, se croisent, s’épient mais ne se rencontrent jamais. Kawabata est le seul maitre de ce ballet désespéré. Au plus fort de sa solitude, Gimpei le paria est attiré jusqu’au vertige par le souvenir du lac de son enfance. “Le bonheur, pour le jeune Gimpet, c’était de suture le chemin qui longe la rive, leurs deux silhouettes confondues reflétées dans le lac. Il marchaitt, regardatt l’eau, et songeait que les deux reflets tratent jusqu’au bout du monde embrassés pour Véternité. Mazs il fut bref, ce bonheur-la.” Le sentiment de fusion avec la - nature confine parfois au délire: Kawabata est essentiellement japonais en cela. Le lac est une oeuvre désenchantée, froide et belle. Magie d’une écriture rafinée, légére, amére: Le lac, méme s'il n’y est jamais question de violence physique, est une oeuvre sauvage. On a |’impres- sion d’assister a une lente noyade, ou le héros s’enfonce peu-a-peu dans les eaux noires d’une vie manquée. : Kawabata décrit les passions avec -l’indifférence glacée d’un enfant qui observe les fourmis, quitte a les tourmenter. L’é- crivain a fait plus que donner un coup de pied dans la fourmilliére. En 1972, quatre ans aprés avoir recu le prix Nobel, il s’est suicidé. Ce livre est dtsponible a la libratrie Manhattan Books, 1089 rue Robson. pectac Se Conseil de iv région de la capitale nationale. diffusion. Les parties intére: télécommunications canadiennes Le Conseil a aussi annoncé aujourd'hui une proposition visant a mois pour le calcul du contenu canadien et d’appliquer une péri seulement aux télédiffuseurs qui ne répartiraient pas équitablement cette programmation sur l'année entiére de - sont invitées 4 formuler des observations sur ce sujet d'ici le 22 aoft 1986. (Avis la radiodiffusion et des Avis Le CRTC propose une rationalisation du Réglement sur la télédiffusion Le C.R.T.C. a proposé un projet de nouveau Réglement sur la télédiffusion qui constitue une étape majeure vers la rationalisation de sa démarche réglementaire pour tous les éléments du systéme de radiodiffusion. A la suite des précédents établis par les révisions en cours des réglements sur la radio et le cAble, le projet de Réglement sur la télédiffusion élimine les dispositions dépassées, en actualise ou en clarifie d’autres et fournit un cadre plus souple a l'industrie de la télédiffusion. De plus, le projet de Régiement a pour objectif essentiel de faciliter le développement d’une programmation canadienne plus diversifiée et de meilleure qualité. Il comprend également une nouvelle politique sur la télévision communautaire afin de dispenser des services de télévision locaux dans des collectivités éloignées ou mal desservies. (Avis public CRTC 1986-176). Dans la méme veine, le Conseil a également publié aujourd'hui trois autres avis publics directement reliés au Réglement et a la politique sur la télédiffusion. Ils visent généralement soit a aider les télédiffuseurs locaux a avoir accés A des subventions gouvernementales pour leurs émissions locales, ou a étendre les critéres d’accréditation des émissions canadiennes pour permettre une plus grande variété de coproductions internationales impliquant des producteurs canadiens. (Avis public CRTC 1986-177 4 179). Cette annonce complete I’étape du réexamen par le Conseil de tous les réglements portant sur la radiodiffusion entrepris il y a deux ans. Le Conseil devrait recevoir les observations des intéressés sur le projet de Réglement sur la télédiffusion et la politique de télévision communautaire d'ici le 29 aoft 1986 et tiendra une audience publique 4 compter du 30 septembre 1986 dans la r en général la période de rapport de douze ode de six mois, comme condition de licence, public CRTC 1986-178). Renseignements: Services d'information Ottawa (Ont.) K1A 0N2 (819) 997-0313 Visuor (819) 994-0423 _ ou 4 l’un-de nos bureaux régionaux: Tour Barrington ‘Piéce 428 ’ : Edifice Kensington 5 Halifax (N.-E.) B8J 2A8 as 275, ave. Po (902) 426-7997 Winnipeg (Man.) R3B 2B3 (204) 949-6306 : Complexe Guy. Favreau ee Tour de |’Est 700, West Georgia, Suite 1130 200 ouest, boul. Dorchester, piéce 602 Case postale 10105 Montréal (Qué.) H2Z 1X4 Vancouver (C.-B.) VTY 1C6 (514) 283-6607 , (604) 666-2111 Canada Canadian Radio-television and Telecommunications Commission SES A la Galerie d’art Sc See a See VENDREDI ler AOUT 1986 - 5 Daniel Buren, artiste €Cconome Par Elise Fontenaille Daniel Buren est l’un des deux artistes francais qui ont accom- pagné Jl exposition parisienne d’art contemporain “Luxe, cal- me et volupté” qu’on peut voir a la Galerie d’Art de Vancouver. Son oeuvre 4 lui, difficile de la manquer: c’est une haute piéce de tissu, rayée de bleu et de blanc - Daniel Buren a une prédilection pour les rayures - qui semble recouvrir une large colonne imaginaire. Daniel Buren- colonne: voila un assemblage de mots qui fait ¢z/t! Les “colonnes de Buren” ont récemment partagé la France en deux camps (recouvrant a-peu-prés les cli- vages politiques - dréle de pays!) . Voila Vhistoire: il était une fois un ministre francais de la Culture, Jack Lang, symbole de toute la politique de la gauche depuis 1981. Le ministre a comme ilse doit, un ministére, sis au Palais-Royal, site historique et de toute beauté. Un peu avant la défaite de la gauche aux élections législatives de mars 1986, Jack Lang confie a Daniel Buren le soin de décorer les jardins de son ministére. Daniel Buren entreprend d’é- tranges plantations: il entend peupler le jardin de colonnes brisées réalisées par ses soins. Sacrilége! A peine le projet est-il sorti de l’imagination de son concepteur que déja, les jour- Maux conservateurs, Figaro- magazine en téte, crient au scandale, a l’infamie. Pendant des mois, la France va_ se passionner pour “l’affaire des colonnes du Palais-Royal” (Les Francais sont gens curieux et apparamment inoccupés!) Happy end pour les colonnes: le nouveau ministre de la Culture, Francois Léotard, décide de continuer les travaux entrepris, le jardin-aux-colonnes est inauguré depuis quelques jours. Oufl Vous savez tout main- tenant sur ce scandale qui défraya (et défraie toujours) la chronique parisienne! A voir l’homme charmant, élégamment vétu de noir et de blanc, qui est venu dans les bagages de “Luxe, calme et volupté”, on l’imagine mal a lorigined’unepareille passion. Le tapage ne semble pas étre sa tasse de thé, la discrétion — l’est certainement davantage. A tel point qu'il est trés difficile de l’amener a parler de ce qu'il fait. Pendant les deux semaines de son séjour a Vancouver, ila animé un cours a l’école d’art Emily Carr. I parle volontiers de ses étudiants, agés de vingt a soixante dix ans, qui sont venus de tous les coins du Canada, méme de. Montréal, pour assister a ses cours. En dépit de sa discrétion sur son art, Daniel Buren est loin d’étre taciturne; il parle de tout: d’Expo, de J’architecture de Vancouver, de l’Amérique, de Réagan, du terrorisme... Sur l'art il est moins loquace. I] ne se trouve de parenté avec aucun artiste francais. Il peut apprécier la détermination d’un Christo “l’emballeur” du Pont Daniel Buren est caché derriére | une de ses colonnes. Laquelle? neuf parisien mais il est effrayé par le coat gigantesque d’oeuvres aussi €phéméres. “Je serazs incapable de concevotr, comme Christo, une oeuvre qui coite un million de dollar et dott durer trots jours! comme ces iles exotiques quil a emballé de plastique rose.” - “Mes oeuvres ad moi reviennent a presque rien”, ajoute-t-il avec humour, comme s'il s’agissait de cerises 4 vendre au marché. “Au Japon, jai participé a un festival d'art contemporain. J’at créé deux cents drapeaux de couleurs différentes, que j'ai mot méme disposés sur la gréve d’un petit village, semblable a ce u il devait-étre tly a trots stécles. ‘ congots toujours mes oeuvres en fonction d’un leu précis. Je me déplace, et je crée une fois sur place”. Ses projets? La ville de San- Diego (Calif.) l’a chargé de concevoir le nouvel éclairage du campus universitaire: “Avez vous des adeptes?” “Je les fuis!” s'esclaffe-t-il. 2 ~~ Plutét que de parler de lui, il préfére s’étendre sur de sombres problémes de fuite d'eau, survenus dans_ |’appartement qu'on lui a prété 4 Vancouver. Il faut l'entendre établir, avec une apparente gravité et des éclairs de malice dans le regard, son diagnostic de plombier: c’est a mourir de rire! Monsieur Buren, auriez vous une vocation contrariée de plombier? Je vous confierais volontiers ma salle de _ bain, quand vous voulez!