6 Le Soleil de Colombie, vendredi le 13 mars 1981 POINT DE MIRE SUR LA FEMME Comité de Recherche sur les Femmes Francophones en C.B. bake Nous avons jusqu’a pré- sent limité cette étude sur la Femme Francophone en C.B. a un nombre restreint de femmes, notamment, quel- ques pionniéres du quartier St-Sacrement de Vancouver; de Port Coquitlam et Maillardville; de Port- Alberni et Victoria. Cepen- dant, des témoignages histo- riques ont été recueillis auprés de 35 femmes par les membres du Comité de Recherches. Ces témoigna- ges répondaient aux ques- tions se rapportant aux éléments domestiques, so- ciaux religieux de la vie de ces femmes et la derniére tranche de l’entrevue entrait dans un domaine un peu plus intime et trés souvent gé- nant, l’hygiéne, la sexualité et la contraception. Ce sont ces derniers points qui feront Yobjet du présent article. Jusqu’a l’aprés-guerre, ou l'eau courante devient chose commune, le maintien de Vhygiéne et de la propreté n’étaient pas une tache des plus aisées! Les _ toilettes, construites 4 proximité de la maison, étaient utilisées l’été nuit ‘et jour. L’hiver, |’on devait garder une grande chaudiére dans la maison pour les enfants plus petits et la nuit, tous l’utilisaient. Les femmes nettoyaient les siéges des toilettes extérieu- res réguliérement et s’assu- raient que la provision de ages de catalogue était suffisante. Il n’y avait pas a cette époque du papier hygi- énique dans les maisons des gens a revenu moyen ou faible. Les hommes s’occu- paient de l’entretien du trou de la toilette extérieure. Pour les bains, étant donné que le processus du bain était si long et ardu, les méres lavaient leurs enfants une ou deux fois par deux semaines. On faisait bouillir de l’eau dans des marmittes et la versait’ dans une grande cuvette. C’est dans cette méme cuvettée, 4 tour de réle que la maisonnée entiére se fera laver. Le bain chaud du premier deviendra le bain . froid et “brouillé” du dernier! Au point de vue préven- tion des maladies, aucune ou presque aucune mesure n’était prise a cet effet, di a Yignorance des gens a ce sujet et dfii également a l'absence totale d’instruction publique par l’entremise des media. Les femmes faisaient tout ce qu’elles pouvaient pour prévenir les maladies, c’est-a-dire: garder la maison Mme Alma Bédard, épouse de Vitalien Paré, mére de Simone-Charlotte Paré, é- pouse de Joseph-Wilfrid Dowest de Maillardville. c. aussi propre que possible, veiller 4 ce que leurs enfants mangent beaucoup et bien et restent en bonne santé. Elles n’avaient pas le “luxe” de pouvoir se soucier de plus que cela! Les jeunes filles se ma- riaient bien souvent pour alléger le fardeau de leur entretien de la part de leurs parents. Mais la romance était importante. Les petites canadiennes-francaises cher- chaient leur homme. Mme Orieux de Port Coquitlam, née au Maine vient du Québec a l’ége de 21 ans rejoindre ses deux soeurs a Debden, Saskatchewan. Elle raconte lors d’une entrevue accordée 4 Mme Louise Cantin-Merler, la rencontre de son futur mari. Les Dames de Ste-Anne organi- saient au mois de novembre des bazars pour les jeunes gens du compté. Les jeunes filles devaient préparer des paniers décorés remplis de “boustifaille” qui seront durant la soirée mis aux enchéres. Les hommes offraient leur prix sur le panier de leur choix et la mise la plus haute gagnait le panier. Le gagnant se méritait le privilége de par- tager le gofiter avec la jeune fille qui avait préparé -le contenu du panier. La soeur de Mme Orieux lui avait confectionné le plus beau panier tout décoré de ruban, de soie rose, avec 4a J’inté- rieur des sandwiches, des morceaux de tarte, toute . sorte de bonnes.choses! Elle lui avait aussi fait une belle robe de soie rose pour jemeler son panier. Au moment de la mise aux enchéres du panier de Mme Orieux, les “garcons’se sont , rassemblés -et, une pluie d’offres tombe de toutes parts. Le panier avait l’air si beau et bon, tous les garcons le voulaient, si bien que les mises montaient et mon- taient. Puis, un homme élégant, avec une petite moustache, s’approche en demandant ow le prix en était. Mme Orieux en enten- dant sa voix distincte et articulée, se rend compte que cest un FRANCAIS! Elle priait que ce soit lui qui mette la derniére mise, elle ne voulait pas que ce soit un de ces jeunes canadiens rudes et vulgaires. Et sa priére fut exaucée. M. Orieux a payé $12.50 pour son panier, prix absolument incroyable. Payer $12.50 pour un panier ne s’était jamais vu. La période des fréquenta- tions était généralement courte. Les jeunes amou- reux étaient chaperonnés. Les: filles parvenaient au mariage pures, vierges et ignorantes du déroulement des relations sexuelles. C’était en majorité, égale- ment le cas du mari. IIs apprenaient done ensemble les rudiments de l’aspect sexuel du mariage sans tou- tefois s’allonger sur le sujet. On ne parlait pas de ces choses la, méme entre mari et femme. La femme n’avou- ait jamais qu'elle aimait ou n’aimait pas les relations sexuelles avec son mari. Elle n’en parlait pas avec ses enfants non plus et encore moins avec ses amies ou sa mére. ~ Aujourd’hui, pour- tant, toutes les femmes que nous avons interviewées, re- grettent amérement ce silen- ce, cette mise de cdté du sujet de la sexualité. Quel- ques unes par contre trou- vent que les enfants d’au- jourd’hui en savent trop, que la connaissance sexuelle a des limites! D’autres croient quil ne peut y avoir de limites 4 la connaissance de quelque sujet que ce soit. Puis on en. arrive au dernier point: la contracep- tion. Sur dix femmes huit ne désiraient pas de grosses familles. Nous retrouvons ici encore le phénoméne de ignorance qui revient s’infil- trer Liignorance des méthodes contraceptives. Malgré la réticence de lEglise envers la contracep- tion, plusieurs femmes au- raient quand méme utilisé une méthode quelconque. Si elles avaient su le comment, ou et le pourquoi! Plusieurs avaient donc recours 4 |’abs- tinence ce qui fait qu’au lieu d’avoir eu 12 enfants elles en ont eu 10!...II fallait prendre ce que Dieu nous donnait! Quant a l’accouchement, les femmes _s’entraidaient entre elles. Dans les cas des femmes demeurant dans les villes,- il n’y avait aucun probléme: les accouche- ments se passaient a l’hépital avec le médecin de famille. Pour celles qui demeuraient dans les petits villages éloi- gnés des concentrations ur- baines, on devait compter sur la sage-femme locale, qui dans la plupart des cas était la voisine. En fait, rares étaient les femmes qui con- duisaient un accouchement avec quelque. chose: d’autre que de l’expérience et de la compétence naturelle. En d'autres mots, les sages- femmes n’étaient pas tou- jours des gardes-malades en- registrées détenant un dipléme! Nous avons rencontré quelques cas de morts infan- tiles parmi les enfants des femmes interviewées. Lors- que nous leur demandons les causes des mortalités, elles nous répondaient: “Ah! ¢’é- tait une maladie dans sa téte”, ou “il-est mort d’une maladie: qui ronge les os, vous savez?”...Les maladies fatales ne portaient pas de nom dans ce temps-la! Les médecins ne croyaient pas utile de donner aux parents le nom scientifique de la maladie qui avait terrassé leur enfant. Involontaire- ment, inconsciemment, on perpétuait l'ignorance du peuple. Hélas! FIN PENSEE: Les femmes des années 1880-1840 exécu- taient leurs taches quotidien- nes et remplissaient leurs réles de femmes mariées et méres avec le sens du DEVOIR. Et ca en dépit de leurs goiits et préférences. Leurs “heures de loisir” se passaient a tricoter, coudre et crocheter pour leur mari et enfants. AUJOURD’HUL, les femmes sont libres, méme mariées, avec du temps et économies plein les mains. Elles doivent vraiment s’asseoir et pen- ser a ce quelles aimeraient faire, ot elles voudraient s r. ei ae eee L'Observateur | Jean-Ferdinand Seguain DANS [suite] Ayant a travailler non loin de la, c'est au Croque- Bouquins qu’Olga avait ache- té mon Soleil de Colombie cette semaine. Comme toujours, Olga avait en arrivant toute une foule de potins 4 me rappor- ter. Elle trouve le Centre Cultu- rel bien triste sans la foule des enfants qui, me dit-elle, d’ordinaire l’envahissent presque quotidiennement. Le personnel est au choma- ge et lors de son passage, mis a part les clients de la librairie il n’y avait la que la dame québécoise qui s’occu- pe de la boutique, et la directrice , madame Baillaut, qui, bénévolement lavait le plancher de la grande salle. Chez Olga l'indignation se traduit par de véhéments discours sur la bétise humai- ne, l’égoisme et le manque de charité chrétienne qui selon elle marquent notre époque. Elle était en colére cette semaine aprés les membres d'une association de retraités qui m’a-t-elle dit, avaient l’an passé refusé de préter leurs tables et chaises au Centre Culturel ot.l’on avait besoin de mobilier pour les rencon- tres du dimanche. Il en est résulté a I’époque une dépense de trois milles dollars entrainée par l’acqui- sition des tables et chaises nécessaires au café-croissant si populaire. : Olga pense que cet argent LA GUERRE COMME DANS LA PAIX aurait été mieux. utilisé a payer les employés qui main- tenant sont au chomage. Sans connaitre les dessous de histoire, je dois avouer que je suis enclin a étre de son avis et cela me raméne a parler de I’époque de mon pere au Manitoba. Il ne fait aucun doute dans mon esprit que les anciens d’alors auraient prété leurs meubles au service d’une cause commune. De plus je suis certain qu’ils seraient venus joyeusement préter main forte au café-croissant le dimanche 4 la sortie de la messe. J’ai encore a |’esprit la ferveur avec laquelle les fermiers du voisinage étaient encourus pour aider notre voisin a reconstruire sa gran- ge détruite par le feu. A la guerre comme a la. paix, c’est dans la défaite que l'on reconnait ses vrais amis. En ce temps 1a “solidarité” n’était pas un vain mot sans doute parce qu’on avait vrai- ment besoin les uns des autres et que l’on savait donner de bon coeur sans s’attendre a recevoir autre chose en échange qu'un grand merci reconnaissant. PAS DE NOUVELLES..ET POURTANT MAUVAISES NOUVELLES. Il y a des jours ot je me -demande si ce ne serait pas une bonne chose de voir tous les journalistes faire comme ceux de Radio-Canada et se mettre en gréve tellement les nouvelles qui nous par- viennent sont démoralisan - tes. On ne sait vraiment plus a quel saint se vouer. La gauche est maladroite, la droite, gauche et tout le monde ment, complote et conspire a qui mieux mieux au nom d'une liberté que lon accepte de moins en moins pour les autres. En France, berceau moder- ne de la liberté égale et fraternelle, il existe tant de bigots que les communistes se- font les champions du racisme par simple opportu- nisme politique. ' En Saskachewan un chef socialiste renie la philosophie de son parti et rejette l’idée de la Charte des droits de Vhomme en laquelle il croit pour plaire a |’électorat. En Amérique du Sud, les Américains avec qui je me suis battu pour libérer |’Eu- rope supportent un régime aussi barbare que celui d’Hitler qui, lui aussi, assas- sinait par milliers ceux qu'il. appelait des “bandits com- munistes.” Pendant ce temps-la, mon- sieur Lougheed chante les louanges des compagnies de pétrole qui nous dévalisent a coups de milliards, une main dans notre portefeuille et l'autre dans les caisses de T’état qui les subventionnera. Au milieu de tout cela CBUF-FM nous a apporté un peu de fraicheur avec, pen- dant deux semaines, une voix féminine a lI’émission du . matin. Hélas, comme toutes les bonnes choses cela n’a pas . duré. “A propos de nouvelles, un calme étrange semble régner sur les affaires de la Fédéra- tion des Franco-Colombiens. Cela m’étonne car Olga m’a parler d’une réunion publi- que qui s'est tenue dans un’ hotel de la ville voila un peu plus d’une semaine. J’ai en vain cherché dans le “Soleil”. ou il n’en était pas question. Pas plus d’ailleurs qu’a Radio-Canada ou a la “Fran- cophonie & You”. Pourquoi ce silence des média d'information? La seu- le nouvelle entendue dernié- rement est celle de l’arrivée de madame Leblanc, venue d’Ottawa comme directrice intérimaire et de l’affectation a titre d’adjoint spécial de monsieur Lafrance. De cela, je conclus que monsieur Lafrance devien- dra sans doute le prochain directeur général lors du départ de madame Leblanc, l'avenir dira si je me trompe. Ce monsieur Lafrance sem- ble &tre un fin politicien de la pétition contre l’ancien directeur général. Sa position de directeur du comité culturel lui a permis, en circulant dans la province, d’écouter les griefs des ré- gions dont il semble avoir épousé la philosophie. Il comprend done leurs be- soins et leurs buts, ce qui fait de lui un précieux collabora- teur pour le nouvel exécutif provisoire. Au cours du méme bulletin de nouvelles, j’apprenais qu'on allait consulter. les groupes et les individus pour connaitre leurs besoins. Encore un nouveau sonda- ge qui ne servira sans doute pas 4 grand-chose. L’histoire adémontré que mis a part les rares personnes actives qui n’ont pas encore été découra- -gées, la plupart ne sait pas ce qu'elle veut. Tout comme la majorité des . premiers ministres provin- ciaux autour de la Constitu- tion, ce sont de petits esprits, se jalousant les uns autres. Ils ne semblent pas encore avoir compris que Yunion fait la force et que leur division les rend vulné- rables, car pendant qu’ils se battent, ils ne construisent rien. Drole de société que celle: qui laisse les soldats mettre les chefs a la porte. Ce n’est sans doute pas comme cela que. nous aurions gagné la guerre. Quand jétais 4 Londres, une opération d’envergure se préparait, il s’agissait du débarquement en France qui devait mener les Alliés a la victoire et me condujre a Vhépital. Comme d’autres j’ai obéi, j’ai payé, et nous avons vaincu lennemi. Je me demande ce qui serait arrivé si le commande- ment avait demandé [I’opi- nion de tous les soldats pour -préparer l’offensive?? Sans doute une effroyable confu- sion, la méme_ que nous connaissons a la Fédération depuis la révolution aveugle ~ des régions. Dans la paix comme a la guerre, chacun a son réle 4 jouer et pour gagner il faut que les troupes et les offi- ciers s’épaulent mutuelle- ‘ment quand ils s’‘engagent dans une méme bataille sinon ils courent a leur perte. les: 2 Conseil de la radiodiffusion et des Canadian Back seer sion and AVIS PUBLIC Télé-Métropole Inc., les Entreprises Télé-Capital Ltée, C.J.P.M.-T.V. Inc., Pathonic Communications Inc., Télé- Inter Rives Ltée et Radio-Nord Inc., faisant affaires sous la raison sociale de Réseau de télévision TVA, ont demandé une licence de réseau pour offrir, Aatitre provisoire, au moyen du satellite ANIK-A-8, un deuxiéme service de langue francaise. Les. entreprises de télévision par cable titulaires de licences qui ne distribuent présentement d’émissions du réseau de télévision VA, ni de l'une de ses stations associées, peuvent demander au Conseil de modifier leurs licences de radiodiffu- sion afin d’offrir ce service spéciale. Quiconque désire fonder une entrepri- se de radiodiffusion pour distribuer ou tr ttre cet ble d’émissi doit dép une d de de li aussit6t que possible, auprés du secré- taire général, J.G. Patenaude, CRTC, Ottawa (Ontario) K1A ON2. La demande doit étre fait par écrit et énoncer les faits pertinents, y compris l'objet de la demande; le cofit d’établis- sement de l’opération et la source des fonds disponibles a cette fin; les revenus prévus et leur source; le nom des participants; le nom, l’adresse et le numéro de téléphone du requérant ou de son agent, ainsi qu'une adresse ou tout intéressé peut consulter la demande. La formule de d de et tout d t a V'appui doivent étre fournis en double. Les requérants doivent se rappeler que le Conseil ne peut délivrer de licence que si le ministre des Communications lui certifie que le requérant a satisfait aux exigences de la Loi sur la radio et aux réglements afférents, et qu'il a recu ou recevra un certificat de construction techique et de fonctionnement aux termes de cette loi. Un mémoire technique est donc requis. Le Conseil -étudiera les demandes regues en répon- se au présent avis aussi rapidement que possible. - ; L’attribution de la licence de réseau temporaire he porte préjudice a aucune per Canada Ne jamais parler de soi aux autres et leur parler toujours mémes, c'est tout lart de plaire. Tout le monde le sait et tout le monde Voubliewn re E. et J. de Goncourt sur l’extension de. d'eux-