Le Soleil, novembre 1992 OTrTriveau Celle de la légende La légende dit que c’était une sorciére et qu’elle n’avait pas sa pa- ’ reille pour mener le sabbat. Tous les anciens voyageurs qui se rendaient a Ile d’Orléans la redoutaient comme le diable en personne. Ils racontaient que par les soirs de brume, elle n’hési- tait point a sauter sur le dos des pau- vres conducteurs de carrioles, et de les harceler jusqu’a ce qu’ils la condui- sent a I’Ile d’Orléans. C’était, disaient-ils, que cette diablesse voulait se rendre dans 1’ile ou se déroulait le sabbat. Malheur a celui qui s’avisait alors de lui déso- béir. Elle lui griffait les c6tes de «ses deux grandes mains séches comme des griffes d’ours». Passant et repas- sant ses longs bras a travers les bar- reaux de la cage dans laquelle elle avait été pendue, cent fois, elle grim- pait a |’assaut de ses victimes, les agrippant aux épaules de ses ongles acérés et cent fois dégringolant et roulant avec sa cage. Le spectacle, disaient les Anciens, était «certes ef- frayant». _quin/allait pas a l’église, qui «Finir comme une Corriveau» Considérée comme étant une femme de mauvaise vie, accusée d’avoirtuéson premier etson deuxiéme mari, elle était celle que 1’on citait comme le mauvais exemple a ne pas A “Malheur 4 celui qui s‘avisait de 3 lui désobéir. Elle lui griffait les c6tes de ses deux grandes mains séches comme des griffes d‘ours". suivre. C’est du moins ce que faisaient les méres de famille de cette Epoque en recommandant a leurs filles de ne point abuser des plai- sirs de la vie sous peine de «finir comme une Corriveau». En pointantainsi du doigt cette «fille de rien», cette «méchante sorciére» ne faisait plus ses paques et qui peut-étre était devenue un loup-garou, elles es- sayaient de les impression- ner. Bien sir leur intention était de protéger leurs ché- res filles contre ce qu’elles considéraient les grands dangers de 1l’époque: la danse, les soirées s’étirant un peu trop tard et les soi- disant mauvaises fréquenta- tions. permis de se poser toutes sortes de questions sur le systéme judiciére de |’oc- cupant anglais au XVIle siécle en Nouvelle-France. Si la Corriveau a existé, dans quelle langues’estdé- roulée son procés? Parlait- elle anglais? Le juge, son avocat, les jurés compre- naient-ils le francais? On sait qu’a l’Epoque on avait souvent recours au curé du village comme traduc- teur pour les choses d’im- portance. Se peut-il que la Corriveau ait causé des ennuis a l’occupant et qu’elle ait payé de sa vie, son audace? Quoi qu’il en soit la terrible légende n’a cessé de se préter 4 de nouvelles versions et de nous fasciner par son as- Fait divers... ou pure invention? La Corriveau a-t-elle vraiment existé? A-t-elle commis les crimes dont on |’a accusée? Etait-elle cette mé- chante femme entretenant commerce avec le diable? Ou était-t-elle tout simplementune victime de son temps? Son existence n’a jamais été prouvée. Mais on peut trouver au cours de histoire des cas de jeunes femmes plus ou moins fidéles a leur époux qui, accusées des mémes meurtres, furent pendues. Une justice bien sévére Il est fort probable que la |lé- gende de la Corriveau soit basée sur un fait divers de l’époque et nous savons bien qu’au XVIle siécle, la justice n’était pas tendre envers les coupables. Certes, exposer la con- damnée enfermée dans une cage de fer, accrochéea un arbre sur le bord du chemin avait de quoi faire réfléchir la plus intrépide des femmes. Mais lors- qu’on songe a cette histoire, il est pect historique et social. En mémoire de la Corriveau Aujourd’ hui, Dieu merci, on ne pend plus etonne brile plus les sorcié- res, ni les femmes soupconnées d’infi- délité 4 leur mari, tout au moins dans la plupart des pays. En ce mois de novembre, mois des fantémes et des morts, il est doux de penser que la Corriveau a enfin été réhabilitée. Que son image n’est plus celle d’une mé- chante sorciére mais plutét celle d’une victime des terribles coutumes du XVile siécle. PEANUTS LA NUIT ETAIT NOIRE ET ORAGEUSE SOUDAIN, 21 COUPS DE FUSIL ECLATERENT © 1992 United Feature Syndicate, inc. C'ETAIT UNE SALVE DE 21 COUPS C'EST LE DERNIER CRI... JE LES Al VUS FAIRE EN Vile eee «AU OUCH! 1992 United Feature Syndicate, Inc. © VELCRO»... OUCH! Bien au bruit Un petit chat miaule calmement a chaque fois qu'il voit un passant a chaque voiture freinant brusquement a chaque coup de sifflet strident -lancé 1a-bas par un agent plus loin a c6té du marché on entend la scie du menuisier les coups de marteau du tdlier les cris pergants du marchand de lait la cloche sonne pour avertir les écoliers que la récré est terminée assise dans mon sofa je bois une canette de soda en écoutant de Casa nae ce giganstesque brouhaha. Ecole Alphonse Daudet, Casablanca Hiba Ghaiti,10 ans