Economiser

usqu’a présent, je n’ai ja-
mais rencontré une ou un
ministre dont le principal
objectif était de faire sa
marque a titre de gestionnaire
compétent. Résultat, les_poli-
tiques en matiére de ressources
humaines, que ce soit au niveau
fédéral ou au niveau provincial,
sont un véritable désastre. L’on
pourrait citer 4 titre d’exemple
les mesures prises par les
gouvernements pour réduire le
déficit qu’ils ont eux-mémes
créé. Ainsi, au gouvernement
fédéral, les salaires de la
fonction publique sont main-
tenant bloqués depuis six ans
tandis que dans _ plusieurs
provinces, les salaires ont été soit
diminués, soit bloqués.

Dans le secteur privé,
lorsque les conditions sont
défavorables, les employés sont
mis & pied et les augmentations
de salaire peuvent étre tempo-
rairement soumises a certaines
restrictions. I] est rare qu’une
entreprise instaure un _— gel
complet des salaires. Une telle
mesure l’empécherait de s’adap-
ter aux conditions qui prévalent
dans les différents secteurs
d’emploi et dans les différentes
régions. En effet, dans certaines
dentre elles, l'on constate un
surplus de travailleurs tandis
que dans d’autres, la demande
est nettement supérieure a

Voffre.

Le gel des salaires dans la
fonction publique — s’appuie
implicitement sur l'une des
prémisses suivantes, soit les
échelles salariales sont trop
élevées (pourtant les politiciens
ne sont-ils pas responsables de
l’établissement des salaires ?) ou
les fonctionnaires — profitent
@une sécurité d’emploi beau-

coup plus grande que celle des
travailleurs du secteur privé et
leur rémunération doit étre
établie en conséquence.

kn fait, le gel des salaires
équivaut & effectuer une chirur-
gie du cerveau au moyen d’une
scie a chaine. L’opération est
spectaculaire et rapide certes,
mais elle n’a généralement pas
des résultats favorables pour le
patient.

Lorsque je retourne a
Ottawa aujourd’hui et que je
rencontre mes anciens collégues,
Vabattement et le décourage-
ment qui pésent sur eux
conjugués & la perception que le
public leur est hostile, me
dépriment profondément. Ces
conditions de travail minent
lentement, mais inexorable-
ment, le moral des troupes et les
effets de ce phénoméne ne se
font sentir que longtemps aprés
que le mal se soit répandu.

Les fonctionnaires ont sou-
vent la réputation de manquer de
dynamisme et d’étre paresseux et
insensibles. Pourtant, cette image
est & la fois inexacte et injuste. A
de trés rares exceptions, les
personnes avec lesquelles j’ai
travaillé étaient des employés
dévoués, durs & louvrage, qui
étaient fiers de leur travail et qui
se sentaient privilégiés d’étre au
service de tous les Canadiens.
Pourtant, durant les moments
difficiles, l’on a fait preuve & leur
égard d’une attitude _ plutét
méprisante,

A Victoria, des membres des
forces armées sont devenus des
utilisateurs assidus de la banque
alimentaire de Vendroit. Il
faudrait soit donner un salaire
décent aux fonctionnaires ou

alors éliminer leur poste. Leur
demander de sacrifier leur vie
pour le pays et leur donner un
salaire de misére semble
complétement injuste.

Ce sont des fonctionnaires
qui veillent sur la qualité de la
nourriture, l’exactitude des poids
et des mesures, la sécurité des
médicaments et le bon fonction-
nement du systéme juridique qui
régit notre société. Les fonction-
naires accomplissent des tAches
d’importance vitale qui nous
permettent de vivre dans un pays
sar et sécuritaire. Or, il semble
que nous ayons tendance a
oublier que ce sont des gens
comme nous.

Des politiques gouverne-
mentales malavisées et mala-
droites en matiére de personnel
ne peuvent qu’entrainer des
cotits supplémentaires que tous
devront assumer. En effet, une
fonction publique démotivée od
lexcellence n’est ni reconnue ni
récompensée ne peut offrir un
service efficace et innovateur.

Des organismes comme le
Public Policy Forum tentent de
promouvoir |’instauration de
services gouvernementaux de
meilleure qualité et essaient de
répandre les concepts de qualité
que l’on trouve dans le secteur
privé. Les gouvernements sont
lents a réagir ou refusent carré-
ment de considérer de telles
propositions.

Une partie du probléme
pourrait résider dans le fait que
les impéts et les dépenses
préoccupent beaucoup — plus
Popinion publique que le
traitement des fonctionnaires.
C’est la roue qui grince qui attire
Vattention. Or, cela ne suffit pas.
Le propriétaire d’un grand

Le vendredi 3 avril 1998 13

restaurant saura vous dire que la
qualité du service est aussi
importante que celle de la
nourriture. Chaque compo-
sante joue un role crucial dans
l’établissement d’un fonctionne-
ment harmonieux.

Le probléme réside peut-
étre dans l’animosité et l’esprit
de militantisme qui se sont
développés au sein des syndicats
de la fonction publique. Quoi-
que certains puissent mettre en
doute la pertinence de la
syndicalisation dans la fonction
publique, les syndicats sont la
pour rester. Des politiques
efficaces et intelligentes contri-
bueraient largement & atténuer
le climat de confrontation qui
existe entre les différentes

un sou et en gaspiller mille !

fonctions publiques et leur
employeur.

Il serait toutefois de la plus
haute importance que les gou-
vernements reconnaissent qu'une
grande part de leur succés repose
sur la fagon dont ils traitent leurs
employés. Les autorités gouver-
nementales ne devraient pas
hésiter & consacrer temps et ef-
forts A cette initiative.

Davip E. BOND

Ce Bulletin ne constitue nullement
une étude exhaustive de tous les faits
nouveaux ni n’est publié dans Pintention
de fournir des conseils financiers. Nous
recommandons aux lecteurs de commu-
niquer avec un expert-conseil avant de
prendre toute décision que ce soit, fondée
sur les commentaires de notre écono-
miste en chef.

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