4 Education: «Enjeu National»-Volume II, Semaine du 19 mars 1990 Principes fondamentaux de l’éducation francaise... Une ballade dans une école gérée par la minorité © par Jean-Pierre Dubé enseigne indique «Ecole francaise», et non pas French School. Je suis au bon endroit! Comme Vinscription est rédigée dans une seule langue (principe - 1), elle doit signifier école homogéne (principe -2). Je m/’approche: c’est une énorme batisse neuve, arborant le drapeau canadien, bien sir, et aussi celui de la minorité. Je demande alors si cet établissement n’est pas un éléphant blanc? J’ai a peine formulé mon doute que les portes de l’école s’ouvrent et en moins d’une minute quelques centaines d’éléves en sortent pour la récréation. A contre-courant, je réussis 4 m’approcher et 4 entrer dans |’école. En passant, je les en- tends se parler. En francais (prin- cipe - 3)? Oui! Du moins, la plupart d’entre eux. Donc, pas d’éléphant blanc ici. A Pintérieur, les corridors res- semblent 4 ceux de toutes les éco- les. Mais, ce qui me frappe, c’est de constater que l’affichage est en francais uniquement. J’entends, omniprésente, une chanson de Mit- sou et je conclus qu’il y a ici une radio scolaire (puisqu’a cette heure- ci, on cause a la radio d’Etat). Pas d’odeur spéciale, comme de soupe aux pois, et je me demande quelle place on accorde @ la culture... Mes réflexions sont interrom- pues par uneannonceal’interphone: «Votre attention s’il vous plait. On demande aux enseignants de rappe- ler aux éléves la sortie de demain (principe - 4). Chacun doit appor- ter ses deux dollars pour le specta- cle de la troupe des Aurores boréa- les. Ona pris des arrangementsavec Mac Donald pour le diner, c’est un dollar par éléve. Le diner sera suivi d’une visite au Musée pour enfants. Ah oui, j’oubliais, envoyez vos par- ticipants vendredi matin pour la grande finale du concours Ninten- do. Bon aprés-midi!» J’ai a peine le temps de me ré- jouir de 1’ état de la culture, que déja on m’interpelle. Le «est-ce qu’on peut vous aider?» dans la langue de mon pére me fait plaisir. Le ton de la voix m’indique que j’ai a faire a la directrice de l’école elle-méme (principe - 5) —Bonjour, lui dis-je, je suis venu visiter votre école! Les présentations faites, elle regarde l’horloge et m’annonce qu’elle est disponible pour une tournée rapide des lieux. En un rien de temps, j’ai vu les quelques vingt classes, la bibliothé- que, la garderie, les deux gymna- ses, la salle de l’informatique, les laboratoires, les ateliers, la classe de musique, le théatre et la cour de récréation (principe - 6). —Vous avez a peuprés tout, mais la qualité de I’ éducation, est-elle la aussi? « Ona une bonne équipe de jeu- nes professeurs, la plupart sont des diplomés du centre pédagogique (principe - 7). On a d’excellents services du ministére: manuels produits en francais, dans la pro- vince ou dans la province voisine, Vensemble du matériel pédagogi- que (principe - 8) est pensé de maniére a intégrer notre histoire et notre culture. Et puis, nous avons des budgets musclés, sans compter les suppléments culturels et les octrois de rattrapage (principe - 9).» Je prends congé de la directrice mais pas avant d’avoir obtenu son Association francaise des conseils scolaires de l'Ontario Participe pleinement a la reconaissance de la francophonie pan-canadienne. , Tue Vaugh 50 an,Ottawa (Ontario) K1M 1X1 Tél.: (613) 745-3193 Fax: (613) 745-4772 1-800-267-1698 autorisation pour assister 4 un cours. Lequel? celui de civisme (principe - 10). La récréation est finie. Les élé- ves s’engouffrent dans le corridor etjeme trouve bient6tentouré d’ une foule de jeunes en ébullition. On se croirait 4 De Grassi Junior High. Mais les expressions ne trompent pas: «c’est écoeurant!, zéro!; ani- mal, tata, téteux, drogué, niaiseux!» Et il y a tout le reste qu’on ne peut pas écrire..., mais c’est dit en fran- ¢ais. J’ai les oreilles qui bourdonnent encore quand je prends place al’ar- riére de la classe. On me présente comme journaliste. Un des jeunes me demande ce que je pense de 1’Accord du lac Meech, et le profes- seur désinvolte, me fait signe de ne pas me géner. Je réponds molle- ment quel’Accordmesemble avan- tageux pour tous. Cela ne semble pas les satisfaire. Un autre insiste: «Avec Meech, ne croyez-vous pas que le Canada aurait deux espéces de Francopho- nes: ceux de la société distincte, et les autres, comme nous?» Je me demande si je ne suis pas victime d’un coup monté. Aprés tout, ils n’ont tous qu’a peu prés douze ans. Je leur explique n’étre qu’a mon premier cours de civisme et avoir besoin de réfléchir sur le sujet. Sans plus tarder, ils se mettent a discuter, comme ¢a, des formules d’amende- ment de la constitution et ensuite de lV’importance relative des questions constitutionnelles et de celles de l’environnement. Je reste jusqu’ala fin du cours. A la sortie, le professeur me glisse: «Tu viendras demain, on recoit le président du conseil sco- laire. On lui a demandé de nous présenter le budget de la program- mation de l’année prochaine.» Avant de quitter l’école, je me fais saluer en. francais par le con- cierge, la secrétaire, la bibliothé- caire et tout le personnel de la gar- derie (principe - 11). Un autobus scolaire est station- né au bout du trottoir, et le chauf- feur est assis dans les marches a attendre. Quand je le salue par un «Hi! Nice day, eh?» de minoritaire, ilme sourit: «Yep, just wonderful!» Il y a deux enfants derriére moi. Ils le grondent: «Monsieur Paul, tunous avais dit que tu ne parlais pas 1’an- glais (principe -12) ! Et ils rient de bon coeur. 1) 2) 3) 4) 5) 6) 7) 8) 9) 10) les cours sont donnés en frangais, sauf pour les cours 11) un service préscolaire complet est rattaché a 1’école 12) tous les services reliés 4 1’école (transport, santé, ser- vices divisionnaires, etc...) sont offerts en francais. * Tl est 4 noter que ces principes ne sont pas présentés en ordre d’importance. Les principes fondamentaux de ’'école fran¢aise* La langue de communication interne et externe est le francais; le programme d’enseignement se livre dans un édifice autonome, Occupé uniquement par ce programme; la clientéle de 1’école est constituée d’enfants dont la langue premiére est le frangais; la culture francaise et l’expression artistique en fran- cais fait partie de la programmation; les postes d’enseignement et de direction de 1’école sont occupés par des citoyens dont la langue premiére est le francais; l’école francaise posséde des installations physiques comparables a celles des autres types d’école, c’est le principe d’égalité; les enseignants obtiennent leur formation profession- nelle en frangais dans un établissement désigné a cette fin; la programmation et les outils pédagogiques sont éta- blis en fonction des besoins de la clientéle de 1’école francaise; l’école frangaise regoit un financement adéquat, c’est- a-dire qui lui permet d’atteindre ses objectifs; d’anglais, langue seconde; frangaise; L'Université Sainte-Anne a Pointe-de-I'Eglise, Nouvelle-Ecosse, Canada, BOW 1M0 | Choisissez x= ce qu'il y a de mieux... rien de moins! un site enchanteur pour vos études universitaires Tél: (902) 769-2114 Fax: (902) 769-2930