Information Les champions sportifs francophones hors Québec: Chantal Petitclerc et Renée Aubin Petitclerc: une médaille en roulant Chantal Petitclerc s’entraine au Butter Dome de I’Univer- sité de I’Alberta neuf fois par semaine a raison de trois heures a chaque séance d’entrainement. Son but: -| remporter une médaille aux Jeux olympiques d’été de Barcelone. Sa discipline: la course en fauteuil roulant. hantal est handicapée depuis l’age de treize ans, lorsqu’une porte de grange lui est tombée dessus alors qu’elle effectuait des travaux sur la ferme. Maintenant agée de 22 ans, cela faittrois ans qu’elles’entraine pour atteindre le niveau de compétition, et deux ans qu’elle fait partie de l’équipe féminine canadienne de course en fauteuil roulant. Elle a donc participé a plusieurs compétitions internationales d’envergure, dont le Championnat mondial d’athlétisme qui s’est déroulé a Tokyo I’été dernier. “Ce sont mes résultats a Tokyo qui m’ont décidée a participer aux Olympiques, explique Chantal. J’y ai fait une bonne performance etj’aide bons espoirs de remporter une médaille pour les Jeux de 1992. Je suis | confiante car je connais mes principales adversaires.” Avant tout, on se doit de dire que la course en fauteuil roulant n’est pas encore une discipline officielle des Jeux olympiques; elle le sera cependant lors des Jeux d’Atlanta en 1996. A Barcelone, seule une course de démonstration de 800 métres sera effectuée. Des qualifications ont eu lieu 4 partir du mois de mai pour sélectionner les six finalistes qui participeront 4 cette course de démonstration. Les coureuses en fauteuil roulant ont di cependant répondre 4 certains critéres pour participera ces qualifications. Elles ont di réaliser une temps se rapprochant 4 95 pour cent du record de leur pays et 4 85 pour cent du record mondial. Ce qui west pas un probléme pour Chantal, puisqu’elle détient le record canadien dans toutes les distances (800m, 1500m, 5000m et 42 km marathon) et elle est 4 moins d'une seconde derriére le record mondial au 800 métres. Par la suite, Chantal participera aux Jeux olympiques pour handicapés qui auront lieu a Barcelone une semaine ou deux aprés les Jeux olympiques de 1992. “Ce qui est difficile pour le sport en fauteuil roulant, c’est que le monde prend ¢a pour de la réadaptation. C’est pourquoi les Jeux olympiques nous intéressent plus que les paralympiques. Nous voulons étre reconnus comme athlétes plutét que comme handicapés.” Chantal Petitclerc est originaire de Portneuf au Québec et étudie présentement a la Faculté Saint-Jean d’Edmonton en éducation. Elle est en Alberta depuis un peu plus de sept mois; elle voulait s’entourer du meilleur personnel possible pours’ entrainer. Elle est donc venue rejoindre son nouvel entraineur, Peter Ericson, qu’elle avait rencontré lors de compétitions internationales. Ce dernier, un Suédois, est entraineur de l’équipe canadienne, posséde undipléme en psychologie sportive et un autre en éducation physique, a fait partie de l’équipe nationale suédoise eta participé 4 deux Jeux olympiques en patinage de vitesse. “Je l’aichoisi parce que je m’entendais bien avec, ce qui est trés important, d’affirmer Chantal. Notre relation est une relation professionnelle, mais l’entraineur est aussi une personne que tuvois tous les jours. Il faut que ¢a “clique!” Chantal affirme ne pas avoir de difficultés 4a combiner le sport et Vécole. Le programme sport- études est bien adapté a ses _ besoins. “Il est vrai que c’est parfois difficile car pour la plupart de mes amis, l’école est la priorité; moi, c’estl’entrainement, du moins jusqu’a l’an prochain. Les Jeux olympiques, c’est Chantal Petitclerc: ma priorité, c'est l'entrainement V’occasion d’une vie. Ca vaut la peine de sacrifier un peu la vie sociale”. - Pour |’instant, Chantal Petitclerc ne se concentre que sur cette possibilité qui s’offre a elle de pouvoiratteindre lesommetlors des Jeux de Barcelone. Mais elle voit encore plus loin. “Pour les Jeux d’Atlanta en 1996, jen’aurai que 26 ans. Ce qui est encore jeune pour des coureursen fauteuil roulant...” Carole Thibault Carole Thibault est journaliste au journal Le Franco, d’Edmonton, Alberta. Aubin: la fine lame albertaine Lorsque s’est terminée la cérémonie de cléture des Jeux d’hiver a Albertville ce fut, du moins pour la plupart d’entre nous, Ia fin de la fiévre olympique. Mais pas pour Renée Aubin d’Edmonton. Pour elle, le grand défi est a venir puisqu’elle participe aux Jeux d’été de Barcelone comme fleurettiste. ncienneagente debordavec — Air Canada, elle est, 4 28 ans, étudiante 4 temps partiel en éducation a 1’ Université de l’ Alberta et membre de l’équipe nationale d’escrime. Elle trouve le temps. de perfectionner ses techniques d’escrime au Edmonton Fencing Club de deux 4 trois heures par jour, quatre a cing fois parsemaine. “C’est difficile de tout balancer, surtout depuis le mois de janvier puisque le circuit des coupes du monde est commencé. Je suis partie a chaque fin de semaine.” C’est a l’école secondaire que Renée a découvert l’escrime, cet “artde manier]’arme blanche”, alors qu’elle observait un ami s’entrainer. Aprés s’étre abstenue de faire du sport pendant quelques années (elle s’était déja entrainée en piste et pelouse), elle décide de s’y remettre, mais cette fois elle choisit de pratiquer |’ escrime. Elle admet d’ailleurs que ce sport l’a toujours intriguée. Au début, elle s’entrainait pours’amuser. Mais une rencontre avec Ji Jue Luan a changé tout cela. Luan était la gagnante de la médaille d’ or aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1984. En 1989, Luan décide de déménager 4 Edmonton et d’assumer un role d’entraineur. “C’était un miracle! s’exclame Aubin. J’ai alors décidé de m/’entrainer un an avec elle pour voir si j’avais une chance de me rendre a Barcelone et j’at su tout de suite qu’avec elle, c’était possible.” Pour étre admise aux Jeux d’été, elle a obtenu 1700 points nécessaires en participant a tournois internationaux.Lors de ces tournois, elle a compétitionné uniquementavecdes femmes. Lors des entrainements cependant, elle améliore sa vitesse ens’ entrainant Le Soleil de Colombie avec des hommes. Mais ce n’est pas uniquement la vitesse qu’il faut développer. La stratégie et la coordination sont aussi des éléments nécessaires pour gagner. “Il ne suffit pas simplement de toucher l’adversaire. Il faut obtenir le droit de le toucher pour gagner le point.” C’est la qu’ intervient la stratégie. Quand elle s’entraine, Renée Aubin fait de la course, du sauta la corde etde|’haltérophilie, en plus de suivre des legons avec son entraiieur. Elle doit aussi surveiller son alimentation. “Je mange beaucoup d’hydrates de carbone, de fruits, de légumes. Je ne bois pas d’alcooletjenemange pas d'aliments sucrés.” Unmatch a beau ne durer que cing minutes, celaest trés exigeant tant au niveau physique que mental. Les escrimeuses sont aujourd’ hui libres de choisir]’ arme avec laquelle elles veulent compétitionner, soit le fleuret, l’épée ou le sabre. Mais ce choix n’existait pas pour les femmes lorsque Renée Aubin a fait ses débuts dans ce sport. “I! n’y avait Présentement, elle se bat encore avec le fleuret. Ca prend tellement d’années a perfectionner les mouvements et les stratégies que de changer d’arme maintenant, ce serait comme recommencer @ zéro.” Aubin regoit des subven- ions du gouvernement qui lui permettent de participer aux tournois. Ellese fait aussi comman- diter par Capital City Savings. “Je leur ai envoyé un portfolio contenant mes résultats, mes aspirations, ainsi qu’un budget.” Aquois’attend-elle une fois a Barcelone? “Tout est possible, surtout en escrime. Si j’ai une bonne journée, je peux me rendre jusqu’aux finales. C’est trés psychologique.” Aubin sait cependant que le Canada n’ est pas une puissance en escrime. “On retrouve plutét Italie, l’Allemagne, la France... tous les pays européens finalement.” Et aprés Barcelone? “Je vais toujours faire de l’escrime, j'adore ce sport. C’est toujours un défi.” pas de compétitions avec l’épée Danyele Lacombe ou le sabre, seulement avec le Danyele Lacombeest journaliste pigiste 4 Edmonton, Alberta. fleuret.” Vendredi 7 aoit 1992