Le Moustique Bravade, bravoure et bavardage. Jean-Jacques Lefebvre On est sauvé mais, mieux encore, on s’en est sorti seul. Quelques échelles a grimper et I’on rejoint un sentier, ma fois, assez facile dans une forét belle et luxuriante qui nous protége quelque peu de la pluie. La zone est assez marécageuse. Toutefois, de nombreux segments sont franchis allégrement grace a des passerelles de cédre rouge qui sentent bon le bois résineux. Poliment, nous avons proposé au guide de le décharger de deux ou trois petits paquets, alors qu’on peut le voir ployer sous trois sacs a dos, tirant d’une main restée libre !Américaine qui progresse a petits pas sur le bois glissant. Il nous lance un regard marqué par la surprise. Puis il nous jauge et, enfin, décide que si la proposition semble effectivement partir d’un bon sentiment, elle n’est en aucune maniére réaliste, tenant compte de notre apparence. ll finira par m’énerver sérieusement ! II peut s’estimer heureux de me dépasser d’une téte ; je crois qu’aussi non, je lui aurais donné une legon. Nous les laissons donc [a et c’est avec une fierté tres mal dissimulée qu’aprés quelques bonnes dizaines de minutes, nous constatons qu’on les a littéralement laissés sur place. La joie nous 6touffe, nous nous rengorgeons, levons la téte, bombons la poitrine et Page 12 Volume 4 - 3° édition WU xy Mars 2001 allongeons le pas. C’est la premiére fois que nous devangons quelqu’un sur ce sentier difficile. Dommage que mon fils ne puisse nous voir. II en viendrait peut-étre a réviser ses convictions quant aux ressources de la précédente génération. C’est dans cet état euphorique que nous avalons les trois kilométres qui nous séparent de la rivigre Camper et de la petite télécabine qui la surplombe. Ma fille ne se tient plus de joie. Elle adore les télécabines. Ne me demandez pas pourquoi. Imaginez une cage en aluminium formée de deux bancs inconfortables, se faisant face, et suspendue a un cable métallique par une fragile armature triangulaire. Une corde en chanvre, attachée aux deux rives, est le seul instrument qui fasse se déplacer la cabine. A deux mains, il faut tirer sur la corde pour que cela veuille bien bouger. A vrai dire, prés de la rive oi la corde est au plus haut, la carriole dévale a toute vitesse le long du cable et l’on se briile les mains a essayer de la retenir. Au milieu de la riviére, elle s’arréte et l’on pend la, dans la brume, a se demander qui prendra linitiative a tirer la nacelle vers le haut cette fois. Mais tous ces plaisirs seront ignorés si l’on ne peut s’y installer d’abord. C’est la que la partie semble la plus difficile. En effet, ce machin la balance sous le cable et sauter du mirador qui fait lieu de téte de pont dans ce truc métallique qui bouge sans arrét n'est pas chose simple. Confiant en ma grande agilité,