a CE QUE NOUS AVONS ENTENDU «(il y a un vide politique : les gouvernants n ont aucune vision precise, aucune suite dans les id€es. ..>> Québec les taxes et les impdts, ainsi que la qualité de la vie dans leur région. Le bricolage constitutionnel n’est pas une de leurs priorités.» Colombie- Britannique «Avec toutes ses richesses, le Canada devrait étre le pays le plus prospére du monde, mais il accuse un recul économique de plus en plus marqué. Cette régression est due 4 son sous-développement industriel qui vient de ce que le Canada n’a jamais été un pays uni, bien géré, et qu’il constitue la somme de dix pays différents, partiellement sous-développés et a moitié indépendants, qui sont souvent déchirés par des querelles et qui vivent au-dessus de leurs moyens a coups d’expédients politiques. Sil existe un certain ‘libre-échange’ entre le Canada et les Etats-Unis, aussi douteux soit- il, il n’y en a toujours pas a Pintérieur du pays.» Ontario Dans les régions autres que VOntario et le Québec, beaucoup de participants trouvent que les déci- sions officielles a caractére économique sont motivées par les besoins du centre du pays. «La récente politique fédérale de crédit cher est un exemple. Elle visait lutter contre l’inflation. Ou y avait-il de inflation? En Ontario. Y avait-il un probléme @inflation dans les provinces de l’Ouest ou dans les Maritimes? Non. Les résidents de ces provinces ont-ils di payer des taux d’intérét élevés? Oui.» Alberta Dans le contexte économique, c’est la question du déficit qui revient le plus souvent. En sus de la réduction du déficit, sujet de préoc- cupation générale, les participants ont recommandé de limiter les dépenses gouvernementales et de rééquilibrer le budget. «Le Canada est un pays riche, assez riche pour aider les autres encore plus qu’a P’heure actuelle. Nous avons toutefois contracté des dettes monumentales, tant a Péchelle collective qu’individuelle.» Ontario Le leadership et la démocratie Un des messages dominants, c’est que les participants ont perdu confiance a la fois dans le régime et dans leurs dirigeants. «Le sectarisme politique a provoqué une réaction d’hostilité de la part du Québec et divisé le pays. Les partis politiques ont faussé les perceptions des Québécois: “Dites-leur tout ce qwils veulent entendre, l’essentiel c’est qu’ils votent pour nous. Dites au Québec qu’il est différent du reste du Canada et que notre parti est le seul 4 pouvoir défendre ses intéréts”. Les politiciens ont dressé les Québécois contre le Ce que nous en pensons Les conclusions du Forum des citoyens Dans cette partie, en caractéres gras, les commissaires livrent leurs Opinions et suggestions, toutes puisées dans les interventions des citoyens: L’IDENTITE CANADIENNE Nous pressons le gouvernement de repenser et de rationnaliser sa politique se rapportant a toutes les institutions et tous les sym- boles nationaux - surtout ceux qui ont trait aux communications ou qui ont une certaine valeur his- torique - afin de les mettre davan- tage a Phonneur et d’éviter que les Canadiens n’aient l’impression que le sentiment national se perd. Dans certains cas, le gouverne- ment pourrait se contenter de mieux expliquer ses décisions, dans d’autres il lui faudra peut- étre modifier ses programmes. Mais puisque la perception est la réalité, le gouvernement ne peut plus ignorer le probléme sans déstabiliser ni affaiblir encore davantage le sentiment d’apparte- nance a un Canada uni, surtout chez les anglophones. Aussi suggérons-nous aux éventuels artisans d’une réforme de la Constitution d’examiner sérieusement 1’a-propos d’un préambule qui consacrerait, en termes simples mais éloquents, notre passé, notre identité, nos valeurs et la vision d’avenir a laquelle les Canadiens souscrivent librement. LE QUEBEC Etant donné que les provinces sont entrées dans la Confédération a des conditions différentes et qu’elles font l’objet de dispositions reste du Canada et, dans une mesure moindre, les régions les unes contre les autres.» Saskatchewan «On n’arrivera pas 4 nous faire croire qu’il suffit de trouver la bonne formule pour que tout aille bien. Nos dirigeants politiques ont failli; ils n’ont ni vision, ni légitimité.» Manitoba «Nos représentants se comportent dune fagon épouvantable au Parlement; on dirait des enfants indisciplinés. Ils se comportent comme de mauvais garnements, n’ont aucune retenue et ne cessent de se quereller entre partis. Pourquoi ne se serrent-ils pas les coudes et n’exploitent-ils pas leurs meilleures idées?» Ontario «Il y a un vide politique: les gouvernants n’ont aucune vision précise, aucune suite dans les idées, aucune notion de notre destin national; les pots-de-vin, la corruption et ’incompétence dominent une bureaucratie alourdie ...» Québec Le désenchantement des Canadiens a l’égard de leurs dirigeants actuels est trés net — surtout pour ce qui est du gou- vernement, mais aussi. de Popposition et des partis provin- ciaux. Des voix s’élévent de partout au pays : «C’est par un acte de volonté que nous resterons unis et Mulroney constitutionnelles spécifiques, nous pensons que la conclusion d’arrangements spéciaux, corre- spondant a des besoins partic- uliers, est un_ principe fondamental du fédéralisme cana- dien. Ce principe pourrait s’appli- quer, au besoin, a toutes les provinces. Dans le contexte du Québec, si les Canadiens acceptent de priv- ilégier ’équité en prsence de cer- tains besoins particuliers, ils pourraient, en dehors du Québec, accepter que le Québec disposent de la latitute et des moyens néces- saires pour étre lui-méme, autrement dit une société possé- dant son identité propre et occu- pant la place qui lui revient au sein de la famille canadienne: renouvelée. Nous reconnaissons, au nombre Le Soleil de Colombie Débat animé a la prison de Collins Bay n’a pas cette volonté. Nos gouvernants fédéraux ont provoqué un sentiment de méfiance et d’aliénation comme on n’en avait encore jamais vu.» «Tout le monde s’accorde a dire que Brian Mulroney devrait démissionner. Il faudrait avoir recours aux referendums au Canada, pour permettre aux citoyens de participer. Il ne faut plus jamais que des négociations se déroulent dans le secret comme ce fut le cas au lac Meech.» «Le gouvernement est seul responsable du sentiment généralisé de désunion qui régne au Canada. La facgon dont il essaie de régler les problémes qui compromettent l’unité canadienne est déplorable.» «Ce sont les politiciens, et surtout notre premier ministre, qui n’ont pas compris le message, et ils ne veulent pas l’entendre. Le premier ministre fera des pieds et des mains pour réaliser la décentralisation, méme si cela provoque |’éclatement du pays... Le plus inquiétant, c’est que ce scénario qui prévoit l’octroi de pouvoirs plus étendus aux de ces besoins particuliers, importance capitale pour les Québécois de préserver leur langue et leur culture frangaises. Nous reconnaissons par ailleurs que les Québécois anglophones jouissent de certaines garanties en matiére de droits linguistiques dont ne bénéficient pas les Franco-Canadiens hors Québec, sauf au Manitoba, et au Nouvedu- Brunswick ou les garanties consti- tutionnelles vont encore plus loin. Si lon arrive 4 persuader les Canadiens d’accepter une réforme constitutionnelle qui aide le Québec a jouir d’une meilleure protection linguistique et cul- turelle, nous pensons que le Québec pourrait, a son tour, se montrer davantage disposé a remanier la Loi 178 qui est percue comme une mesure discrimina- provinces, ne déplait pas du tout a bien des premiers ministres provinciaux.» Nombre de participants ont dit au Forum que les médias portent une lourde responsabilité quant aux difficultés et aux problémes auxquels le Canada se. trouve con- fronté du fait qu’ils ne s’efforcent pas suffisamment de donner des informations de base fiables et ne nous donnent pas de nous-mémes une image constructive. «Les médias nous ont fait beaucoup de tort en montant en épingle le sentiment séparatiste au Québec et le lac Meech. Les médias ont versé dans lexagération et dans le sensationnalisme.» Manitoba Ce sont les éléves d’une classe du secondaire, premier cycle, de la Saskatchewan, qui nous donnent le mot de la fin : «Nous pouvons essayer d’inciter les adultes a nous écouter et leur dire ce que nous pensons; cela les fera peut-étre réfléchir et ils cesseront de ne penser qu’a eux. Peut-étre que pour une fois le premier ministre et tous les gens importants nous écouteront et que le Canada y gagnera.» toire dans les autres régions. Nous pensons que _ les Canadiens souhaitent étre mieux informés sur les conséquences que pourrait avoir, pour le Québec comme pour le reste du pays, l’éventuelle accession de cette province a l’indépendance. Nous sommes d’avis que les gouverne- ments fédéral et provinciaux, ainsi que le secteur privé, devraient faire le ncessaire pour que tous les Canadiens soient mis au courant de Vincidence d’une éventuelle accession du Québec a l’indépen- dance sur les plans économique, politique et social ainsi que sur nos relations avec l’étranger. LES LANGUES OFFICIELLES Il est indispensable de procéder a un examen indépendant de la maniére dont la politique des Vendredi 5 juillet 1991