mére et tous, y compris Jean (il adorait son épouse), quand il était présent et sobre, tenterent d’aider Marie du mieux qu’ils le purent. Mais cette derniére, aprés le départ de ses enfants, se sentit complétement inutile; refusant toute aide, elle s’autodétruisit graduellement. Ce mal de l’ame et Vexcés d’alcool l’emportérent prématurément a l’age de 49 ans. Quelques mois avant la mort de sa mére, Jean-Marie écrivait : « J’ai dans ma valise : un pere alcoolique, « gambler », absent, une mere qui boit elle aussi, des sceurs avec lesquelles je n’ai pas grand chose en commun, trois demi-sceurs que je ne connais pas, un probléme d’anorexie-boulimie, une carriére qui ne démarre pas vraiment ... » (p. 149). Durant cette période, Jean-Marie était désabusé et pensa sérieusement au suicide. II se sentait vide, inutile, ne trouvant aucun sens a sa vie. « Je me cherchais des modeéles, des références, des péres de substitution. » (p. 149) Puis, en avril 98, a la demande de son pére, Jean-Marie co-anime avec lui ce qui sera le dernier Téléthon Jean Lapointe. « Papa m’a alors fait le plus beau cadeau qu’un pére puisse faire a son fils : il m’a fait totalement confiance. » (p. 18). C’était la premiére fois que le pére et le fils se retrouvaient seuls en téte-a-téte et ils ont eu énormément de plaisir 4 co-animer le téléthon. Le téléthon les avait rapprochés, mais Jean-Marie désirait avoir une bonne conversation avec son péere, pour lui exprimer les « crottes sur le cceur » qui le rongeaient depuis qu’ il était tout jeune. « Pendant des années, j’avais accumulé de l’agressivité envers lui, de la déception, de l’amertume, de Vincompréhension; j’avais méme écrit (plus de dix pages!) une liste de reproches a lui faire, une liste d’événements, de phrases, de réactions qui m’avaient blessé. » (p. 20) A la demande de Jean-Marie, une premiére rencontre, seul a seul, a finalement lieu dans le bureau (a sa maison) de Jean Lapointe; un échange trés émotif qui durera plusieurs heures. Quelques semaines plus tard, fort de cette amorce de « vraies retrouvailles », Jean-Marie téléphone a son pére pour l’inviter a aller passer quelques jours ensemble, seuls tous les deux, dans un endroit au choix du paternel. Ce dernier opte pour une partie de péche. Le deuxiéme soir de cette inoubliable fin de semaine, Jean-Marie a véritablement regu la confession de son pére. « Ce soir-la, papa m’a fait un cadeau inestimable : il s’est donné enti¢rement. » (p. 180). Le paternel a reconnu ses torts et ses limites, a demandé pardon et a avoué que, comme tout étre humain, il a fait ce qu’il a pu avec ce qu’il est. Jean lui a fait part de ses insécurités, de son impression d’avoir réussi dans la vie, mais d’avoir peut-étre raté sa vie ... Pour sa part, Jean-Marie a partagé a son pére ses propres craintes, sa peur de ne pas étre a la hauteur de ses attentes, sa peur de boire de l’alcool ... En somme, c’est l’histoire d’un pére et de son fils qui s’étaient « perdus », qui se retrouvent et s’avouent mutuellement « qu’ils s’étaient aimés, qu’ils s’aimaient encore et qu’ils s’aimeraient toujours » ... Au retour de ce voyage de péche qui fut tellement plus que ¢a, Jean-Marie confiait 4 son épouse qu’ il avait passé la plus belle soirée de sa vie avec son pere. Avouant que leur relation était changée a jamais, il s’est dit persuadé « qu’on ne se regardera plus jamais de la méme maniére ... ». Quelque temps aprés avoir vécu « la fin de semaine de sa vie », Jean-Marie ressentit qu’il est maintenant de plus en plus en paix avec lui-méme. Tout au long de ces pages captivantes, de nombreux et détaillés flash-back nous font découvrir des « tranches de vie » de Jean-Marie. Découvrez notamment sa vie de jeune pensionnaire, parsemée de savoureuses anecdotes, ses nombreux probléemes de santé alors qu’il était tout jeune, sa relation avec ses sceurs et demi-sceurs, et aussi ... avec sa « sceur a 4 pattes » (sa chienne Joséphine). Prenez