Quand je serai vieille Quand je serai vieille, je veux qu’on m’appelle par mon nom ou mon prénom, selon mes fantaisies. Je veux qu’on prenne le temps d’étre un peu avec moi, parfois méme dans un silence confortable; qu’on me touche et qu'on me prenne la main seulement si ¢a me convient; que toutes les attitudes envers moi me rappellent que je suis encore une vraie personne, méme si ralentie, méme avec quelques faux plis. Si la situation devient trop difficile, peut-étre ferai-je un peu la confuse pou savoir ce que vous pensez réellement de moi, peut-étre aussi serai-je réellemey, confuse, car ce sera ma seule facon de m’échapper. J’aurai encore besoin de plus de tendresse et de chaleur, mais pas de me sentir dans une pouponnieére. Si je n’entends plus, qu’on m’écrive des messages, qu'on me laisse a proximité des tonnes de Papier. Si je ne vois plus, qu’on me donne l'occasion d’entendre de beaux textes, de la belle musique, surtout parlez-moi en m’approchant, nommez-vous pour que je sache qui rode dans ma chambre. Si je ne parle plus, regardons-nous dans les yeux, lentement, et le temps qu’il faut; j ‘aurai l’impression que quelqu’un tente de me comprendre. Comprenez que je crie de détresse et d’impuissance car le silence est indécent, angoissant. Si je n’ai plus la force de tenir un livre, aidez-moi a trouver un autre moyen de me nourrir l esprit. Denise Rousseau (ergothérapeute)