Le Moustique ... Suite... Enfin barrée de deux lignes a l'encre noire, on l'accompagne d'un commentaire écrit en anglais : " Pas avec les troupes anglaises ; essayer les Belges, " et d'un sigle étrange, "K. AR's", également barré. A I'arriére de l'enveloppe, nombre de cachets marqués Kigoma, F.P.O., B.P.C.V.P.K. et des dates qui se succédent jusqu'au 9 juillet 1917. Quelle aventure et quel mystére aussi. Que signifie ce fouillis ? Je laisse tomber le rangement. Tant pis pour la vente de jardin, je suis accroché ! Mais bon sang, c'est vrai ! Il y avait la guerre par la et la Tanzanie, qui ne s'appelait pas encore le Tanganyika, était l'Est Africain Allemand. D'ailleurs, sur l'enveloppe, je découvre un autre cachet, un peu délavé, ou l'on peut lire: ST AFRICAIN ALL MAN - OCCUPATION B GE- DISTRICT D'UDJIDIJI. C'est cela. Aprés le débarquement désastreux a Tanga, au Nord de Zanzibar, en novembre 14, les forces anglaises d'Afrique de l'Est se sont associées a l'armée belge d'Afrique, la "Force publique" pour finalement tenter une nouvelle campagne en avril 1916. C'est-a-dire beaucoup plus tard. A l'époque, on ne mobilisait pas facilement des armées modernes en Afrique ! De surcroit, il avait fallu prés de sept mois pour emmener deux vedettes armées de Londres a Cape Town en Afrique du Sud, puis en train de ce port a Volume 3 - 3° édition Mars 2000 Fungurume, I'emplacement d'un remarquable gisement de cuivre au Katanga. De la, par la route jusqu'a Sankisia, par train jusqu'a Bukama, sur le fleuve Congo ou le voyage se continue sur barges et enfin, en train a nouveau, de Kabalo a Bukama sur le lac Tanganyika ou elles furent utilisées 4 couler deux seuls petits vaisseaux de guerre allemands qui défendaient la frontiére ouest de la colonie allemande. Un périple africain de prés de quatre mille kilometres pour un maigre butin ! C'est que je connais bien tous ces événements. Quand j'avais treize ans, j'ai rencontré le général Bataille a Léopoldville, au Congo. Un tout vieux général de quatre-vingts ans, incroyablement captivant, avec lequel j'ai immédiatement sympathisé. Imaginez, un général qui s'appelle Bataille ne peut pas étre n'importe qui ! J'ai rencontré en France un géologue célébre qui s'appelait "Roche", en Allemagne un chausseur nommé "Shumacker" et en Amérique un ferronnier d'art du nom de "Smith", tous des gens remarqua- bles, probablement marqués par la destinée. C'est avec couleur que le général me rapportait les événements de cette époque, car il y avait pris part, alors jeune major. Début 1916, l'invasion des territoires allemands est lancée. ... suite page suivante...