VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 8 juin 1990 - 17 Cannes la prestigieuse Soir du 4 novembre 1984. En arrivant a Cannes (de Grenoble), surlaCéte d’Azur, je m’informe au sujet de |’AJ. Il n'y en a pas ici, me dit-on, «parce que Cannes est une ville riche»! Les hétels les moins inabordables prés de la gare affichent tous complet. Je m/adresse, par hasard, a un Américain de Las Vegas qui me conseille de me renseigner auprés d’un certain Robert dans tel «sex shop»: «The guy knows the area very well», Celui-ci m’envoie — au Little Palace, un hétel gai. On accepte de me louer une chambre modeste de 25$ pour. les francs qu'il me_ reste, \’équivalent de 15$. En fait, il me reste encore une poignée de francs qui me permettra de survivre, avec ma réserve de pain-fromage-pomme, jusqu’a mon arrivée a Rome aprés- demain. La fatigue aidant, je m’endors tét, ce soir-la, comme un ange chaste et pur. Le lendemain, j’ouvre les yeux sur des draperies a grosses pivoines rouges et jaunes que vient enflammer le soleil du midi - et non pas «de midi». Grenoble.surgit €nouveau dans ma pensée. Fait singulier: c’est laville ala fois la plus plate et la plus montagnarde de France. Hop!, debout. Petit déjeuner frugal, mise a jour du journal, ~ envoi de cartes postales, puis achat de «scotch» (je ne dis pas «collant invisible» cette fois) pour «m’expédier» en petits colis (moins cher) les nombreu- ses cartes accumulées derniére- ment. Je me rends compte tout /tenterait ~de a coup que je me parle a moi-méme avec «l’accenn channtann» du pays. Suit une promenade délassan- te sur le magnifique boulevard de la Croisette («petite croix» dressée sur une pointe autre- fois). Hétels et magasins aux facades luxueuses, jardins fleuris ol dominent le rouge et le jaune, justement, hauts palmiers, plages de sable fin, vagues bleues se bergant en cadence... Quelle élégance! Sur un large trottoir, un artiste exécute a la craie cing grands dessins a la fois, dont la Joconde. Des caricaturistes arrachent des sourires aux passants, et des sous. Parco- métres lustrés. Je croise de nombreuses personnes agées, souvent accompagnées d’un chien. La-bas, sur un quai, deux photographes font prendre a des mannequins des poses classiques. Le pied d’un palmier me rappelle la grosse patte d’éléphant qu’avait apportée a 'école un missionnaire, a l’6poque ou je portais encore culotte courte; mystérieuse faculté que la mémoire. Un mordu de la pétanque s’appli- que. a mesurer une courte distance avec exactitude sous l'oeil avisé d’une confrérie du... quatriéme age. Rameaux gra- cieux, phalanges de fleurs aux joyeux coloris, fiers voiliers de plaisance... Regard circulaire prolongé. Splendide! Dans une petite rue transver- sale, rencontre fortuite d'un ‘taureau et Montréalais solitaire en mal de compagnie. Nous avons tét fait de nous attabler dans un café a prix modique - indigne de Cannes. «Jprendrais un café- créme, s‘i’-vous-plait.» Le Can- nois ne comprend pas. Mon compagnon répéte plus lente- ment. Une fois servis, nous lachons la bride de notre meilleur joual. Vive le naturel revenu au galop! Le métier de coiffeur de Michel ne cadre pas tout a fait avec son cou de sa carrure de bulldozer. !! revient d’ltalie fort impressionné, entre autres, par San Giminiano, cité médiévale aux treize tours carrées. «Faut qutailles la («la» gros comme son bras), mon vieux. C’est spécial en écoeurant.» «Tu p 6t’ sar quj'va y aller.» (Voir «En plein Moyen Age».) Michel partira bient6t pour Saint-Paul- de-Vence, bourg ancien trés pittoresque, parait-il. Echange d’adresses et de «Salut!» Je flane maintenant dans le quartier du vieux Cannes. ‘Demeures du XVIlle siécle, rues piétonnes animées. Déja des décorations de Noél? Commer- ces variés au dénominateur commun: prix élevés. Propreté remarquable. Je tourne a gauche, a droite. Moult vieilles portes. Dans la rue Meynadier, regorgeante de boutiques de toutes sortes, une lady parée d’une véritable quincaillerie se contorsionne devant une grande plante exotique: achétera?, achétera pas? Scéne compara- ble, dirait-on, au serpent qui séduire son charmeur. Un étalage de «souvenirs de Cannes» (made in Japan) plus clinquants les uns que les autres voisine un magasin de fruits tropicaux. Je suis frappé par la beauté et V'abondance des bijoux que portent les dames, et... l’absence totale de mendiants. L’estomac dans les talons, jentre dans un_ restaurant «Quick». Service d’une... len- teur! Puis, seconde promenade au bord de la mer. Le vent, les fleurs, les vagues mourant indéfiniment sur le sable chaud... J’entends une vieille dame s’exclamer prés de son vieux: «Mon Dieu que le ciel est bleu! - Comment? - Le ciel est d'un beau bleu. - Comment? - (D’une voix plus forte) Je dis que le ciel est d'un beau bleu. Tu le vois bleu, j'espére.» Dialogue a la Beckett. Je m’allonge au pied d’un palmier pour m’abandon- ner rapidement au sommeil. Sieste de millionnaire. Autre promenade, ensuite, ot bon me semble. Enumérons en vrac ce qui soffre a mon observation. Je panneau fixé sous une sorte de petite cabane — surélevée: «Météorologie nationale - Les températures annoncées par la radio pour Cannes sont relevées ici.» Jolies fontaines, jardin de cactus, bassin de nénuphars. Une cinquantaine de drapeaux de tout pays flottent en harmonie. Musique d’orgue de Barbarie; chevaux de bois impatients de reprendre leur chevauchée mécanique. Palais des Congrés et des Festivals, trés moderne. Casino. Devant le grand Carlton Hotel tout blanc, j’entends une radio prévoir le mistral pour demain. Un Cannois me lance: «C est bien, ¢a, ¢a va cChasser | eau! C'est le vent ou /a pluie.» Fréquent passage de gendarmes en moto. Je tourne a droite, a gauche. Boites de _ nuits, cinémas. «Amadeus», que je verrais volontiers, ne sera a l'affiche que dans deux jours. Des fleurs, toujours des fleurs, toutes pimpantes. Dans le port: bateaux de péche («Sandra», «St-Raphaél», «Pyrhana Il», etc.) et yachts luxueux en rangs serrés. Un panneau annonce: «TAX/S DE MER - tours des iles - ski nautique». Au large: batiments de commerce et navires de croisiére. J’écoute des bribes de conversation. Un gros efféminé déclare a son petit ami: «Mon chéri, j'me ruinerai en parfums avant de prendre une douche a l'eau froide!» Gai rappel de «La Cage aux Folles» de Saint- - Tropez. Apres un autre repos, sous un majestueux palmier aux feuilles «pennées en éventail, je me retrouve devant un vaste étalage fs a a Travaux publics Canada de cartes postales sur «La Céte d’Azur_ inoubliable». Choix difficile. Plus d’une présente en gros plan des fleurs rouges et jaunes, coquettes rivales des nobles palmiers. Dans la librairie voisine, un guide m’apprend que la ville doit son nom aux cannes (ou roseaux) qui poussaient en abondance dans les marais des alentours. C’est sous le Second Empire queles touristes anglais et russes firent du petit port de Cannes leur lieu de villégiature favori... J’apprends également que Prosper Mérimée mourut ici. Me revient en mémoire SUR L’EAU de Maupassant et les descriptions enthousiastes de la baie que l’écrivain a maintes fois sillonnée sur son yacht. Mistral, le «chantre immortel de la Provence», a chanté a son tour les splendeurs de Cannes. Ce paradis touristique est la partie del’acteur Gérard Philipe, dont ladisparition brutale (1959) avait tant peiné le frére Forand, mon professeur de littérature. Le guide mentionne encore les «batailles» de fleurs, les régates internationales, la féte du mimosa, qui exige plusieurs tonnes de fleurs coupées, le marché international du Disque Public Works Canada Ball: Cing ans. suivantes: EXPRESSION D'INTERET LOCATION-BAIL BUREAUX POUR REVENU CANADA VANCOUVER Besoins: Environ 2576 m2 (27 700 pieds carrés) de bureau et vingt emplacements de stationnement. Situation: Les locaux doivent étre situés a |'intérieur des limites Rue Cardero a |’Ouest Rue Cambie (Pender et Bid du Pacifique et rue Abbott Burrard Inlet 4 rue Pender) a l'Est urrard Inlet au Nord Rue Davie au Sud ou False Creek au Nord Rue Broadway au Sud Rue Burrard a l'Ouest lis sur un- Rue Cambie a Est 1166 rue Alberni Vancouver, C.-B. V6E 3W5 conditions de ces réglements. ou son agent certifié. Prise de possession: le ter janvier 1991 Les parties intéressées doivent répondre par écrit a |'adresse ci-dessous le 13 juin 1990 4 14h00 au plus tard (heure locale). Toutes les réponses doivent mentionner la qualité du proposant, l’adresse des lieux au cadastre, leurdescription légale et un plan de l'6tage. Envoyer vos réponses a: Département de Location-Bail Travaux Publics Canada Les propriétaires des lieux sélectionnés recevront une copie des réglements de location-bail de la Couronne. Les offres formelles de location-bail doivent étre présentées selon les termes et Pour de plus amples renseignements, communiquer avec: M. Maury Dubuque (604) 666-8157. Note: les offres doivent étre envoyées par écrit par le propriétaire Canada et del’Edition Musicale, et, bien entendu, le Festival Interna- tional du Film, la plus brillante manifestation artistiqué de la Céte, qui fait’ de Cannes, chaque année en mai, la capitale mondiale du cinéma. Coup d’oeil Ala montre. Juste le temps d’aller admirer le soleil se coucher sur la Méditerranée avant de reprendre le train. Qu’elles sont grandioses ces teintes rougeatres et or! Grandioses et fuyantes. Il me faut «fuire maintenant, moi aussi, vers I'Italie et sa Rome éternelle. Citons, en terminant, la bréve introduction aux pages que le guide Michelin consacre a Cannes, a qui, évidemment, il accorde trois étoiles: «Au bord du golfe de la Napoule, rade magnifique derriére laquelle se profile |'Estérel, Cannes, bien abritée par un écran de collines, doit son succés a la beauté de son site, a la douceur de son climat et a la splendeur des fétes qui s'y déroulent. ‘Salon d hiver de I 'aristocratie mondia- le’, station estivale de premiére grandeur, cest I'une des villes touristiques les plus prestigieu- ses d'Europe.» Jean-Claude Boyer