ttt th tt tt lett Arts et Spectacles 13 "Salome" a ‘Opéra de Vancouver Ames sensibles, s'abstenir Estomac bien accroché? Envie de sensations fortes? Gott de la musique originale? Amour de beau chant? Alors munissez-vous d’une bonne tisane (ma consoeur Christelle Dranga précise la ca- momille-menthe), et allez voir Salomé, de Richard Strauss, a l’Opéra. Le régisseur, Victorienne Glynis Leyshon, a mis en scéne une soirée superbe et horrifiante de sombre passion théatrale, malgré la soprano principale, malgré un livret révoltant (la nécrophilie n’a aucun charme), Stéphanie Sundine nous propose une «Salomé» mons- trueuse d’obsession sexuelle per- verse (beurk!). Quel dommage que la partition de Strauss ap- pelle, exige, une grande voix puissante et riche: la sienne est bonne, parfois jolie. Mais c’est, par contre, une tragédienne d’une qualité rare, aux yeux fous, a la puissance diabolique. Quant au livret, le texte d’Oscar Wilde ne révéle de cet auteur talentueux que ses hai- nes: de la femme, de 1a religion, de la vie. C’est un fait divers, non.pas une. intrigue; d’oi des longueurs qui viennent mal ter- miner le drame déja surchargé des premiers trois-quarts de l’oeu- vre. Las, la chorégraphe Denise Clarke a choisi ce moment pour faire cesser le flux, origi- nal, hardi, de ce drame dansé; interminable apo- théose de l’opéra se passe dans un espace statique, magnifiquement éclairé par une lune rouge, mena- cante. Bravo, Ereca Has- sell!! _Pourtant, que de louanges mérite cette mise en scéne! Je vous propose d’écouter, ravis, la belle mezzo de Victoria Verga- ra («Hérodias»), sonore, riche, infiniment nuancée et le ténor coloraturo de William Neill («Hérode»). Vous frissonnerez sous la menace du basso de Ri- chard Cowan («Joka- naan»), l’éclairage souli- gne chaque effet sonore de ce bel instrument. Re- levons aussi les noms de Benoit Boutet et d’Odette Beaupré dans des réles bien plus minces que leurs possibilités vocales. La musique d’opé- ra, selonR. Strauss, estun ensemble suivi, sans trop de fioritures, dont les voix sont des instruments au service d’une passion - ici, 1’épou- vante sensuelle. L’orchestre aeu La soprano Victoria Vergara (Herodias) et le tenor William Neill (Herod). quelques difficultés, la premiére soirée, 4 ne pas recouvrir les igiee voix des comédiens-chanteurs. Il faut, pour cette mise en scéne, parler costumes: Pam Johnson est dessinatrice d’un décor stupéfiant de puissance dra- matique, de beauté grotesque et futuriste. Mais elle a aussi ha- billé tout ce monde en petits escrocs 1950, d’un détail minu- tieux a la limite de la caricature. Revoir une (absolument pas jo- lie) «Marilyn» et un (bien moins beau) «Tarzan» a peu prés nus m’a donné surtout envie de rire; jen €tais géné pour une dessina- trice aussi pleine de talents. Bref, je vous propose quand méme d’aller voir, écou- ter, cette horreur. (Ma consoeur recommande, pour les lende- mains de Salomé, une aspirine et un fruit suivis d’un café bien sucré.) Je ne voudrais pas revoir Salomé, merci. Mais je suis content de l’avoir vu. Et je suis de plus en plus intéressé par les opéras a venir de Guus Mostart, directeur artistique de notre Opéra vancouvéroise. Quelle boite a surprises, ce directeur! Nigel Barbour Queen E Theatre, Mo Stadium, stationnement limi- té, les 21 et 23 mars a 20h00, billets 280-3311. Au Frederic Wood Theatre Hamlet: Hamlet, un personnage mystérieux, triste, irrésistible. Le réve de bien des acteurs mile. Lorsque Hamlet comprend la responsabilité de son oncle dans la mort du roi du Danemark, son pére, il devient dépressif et cyni- que. Son obsession: démasquer. l’oncle meurtrier et sa mére re- mariée trop vite 4 cet homme. D’aprés le portrait dépeint par Shakespeare, on peut aussi imaginer Hamlet avant le drame: romantique, charmant, frondeur et drGle. Il aime l’ action, les jeux, les arts. Il se sert du théatre pour illustrer la vie a la cour. Les récents événements Vaccablent. Il sombre dans la neurasténie. Le fantéme de son pére réclame vengeance. Hamlet ne sait quoi faire. I] se questionne sur la vie et la mort. Sa confusion et son indécision changent com- plétement son attitude. On le croit fou mais Hamlet se sert de sa supposée folie. Shakespeare décrit ici un le passé au futur état d’esprit. Comment la confu- sion peut amener les meilleurs a leur perte. Chaque metteur en scéne, chaque acteur percoit a sa fagon ce personnage énigmatique et riche. II reste qu’il revét toujours une auréole de grandeur a travers sa confusion. «To be or not to be, that is the question» se répétent tous les Hamlet. ; Gordon McCall situe sa mise en scéne dans un monde futuriste. Un chateau aux portes électroniques, au systéme de sé- curité sophistiqué qui s’adresse a nous d’une voix désincamée. Les gens de la cour communiquent entre eux par téléphones cellulai- res. L’action a l’horizontale est diversifiée par des niveaux a la verticale, grace aux passerelles mobiles. Les personnages s’y guettent et se surprennent. L’acteur Troy Skog rend Hamlet trés cynique, froid, dés- abusé. Un héros moderne avec verbe et panache, un justicier sans peur mais non sans reproche. Troy Skog est crédible mais manque peut-étre un peu de sensibilité. Gordon McCall réussit un tour de force pour le Frederic Wood Theatre. Une production d’étu- diants ot participent des acteurs professionnels tel Barry Levy, lVoncle, qui ressort d’ ailleurs. Beaucoup d ’inégalité dans l’interprétation. Par contre, l’en- semble a une saveur toute spé- ciale. Cela m’a plu parce que ¢a bouge, ¢a vit. Le cadre futuriste, le style des personnages dans cette atmosphére modeme apportent une vision nouvelle aux personnages shakespearien et a leurs ambi- tions. Ils s’approchent de nous. En bref, des longueurs compensées par une vision mo- derne et vivante de Hamlet de Shakespeare. Marie-Louise Bussiéres A voir au Frederic Wood Theatre jusqu’au 23 mars. Le Soleil de Colombie VSO Le nouveau programme Les mélomanes vancouvérois peuvent enfin respirer; le nouveau programme du VSO est sorti au cours d’un charmant buffet-causerie présidé par le nouveau chef. Me Sergio Commissiona s’est révélé humble, chaleureux, dréle; la sympathique Mme Commissiona m’a dit que le couple roumain s’installe en juin. Programme de bons compositeurs connus du grand public mais présentés dans des oeuvres peu connues par des solistes que j’attends impatiemment. Il y aura deux soirées Mozart et quelles soirées... ainsi qu'une gamme diverse de séries qu’on peut combiner a volonté lorsqu’on a eu le bon sens de s’abonner. La PDG, Diane Hoare, ainsi que Me Comissiona désirent que 1’ Orchestre dépende de l’apprécia- tion musicale des mélomanes et de grandes sociétés parrai- nes, non pas des gouvernements. Bravi! Les concerts ont lieu 4 l’Orphéum, jolie salle aux belles sonorités. Le VSO accepte déja les abonnements de cette nouvelle saison alléchante. Téléphonez vite au 876- 3434. N.B. Vendredi 22 mars 1991 sect pats