Le Soleil de Colombie, vendredi 26 juillet 1985 —5 Lettres, arts et spectacles Le centenaire de la morte Victor Hugo Un homme e Par Alexandre Spagnolo 1985, année du centenaire de la mort de cet illustre écrivain et poéte francais, qui a forte- ment marqué son siécle et de qui Ernest Renan disait: “Un grand homme, surtout un homme extraordinaire, vrai- ment unique. Il semble qu'il fut créé par un décret spécial et nominatif de 1’éternel”. Propos appuyés par Henri Beyle (dit Stendhal) : “Hugo, pas un homme ordinaire, mais décidé A étre un homme extraordinaire”. I] le fut. Hugo lui-méme disait, alors agéde 15 ans: “Je veux étre un Chateaubriand ou rien”. Sur l’invitation de |’Alliance francaise, M. Y. Brunswick a donné au début de février dernier, une brillante confé- rence avec comme théme “Victor Hugo ou l'homme d’un siécle”, qui donna I’occa- sion 4 M. Roger Dufrane de publier dans cet hebdoma- daire un compte-rendu perti- nent reflétant bien les vues de l’éminent conférencier. Nous, de notre cété, désirons contribuer a cette célébration- centenaire, en évoquant pour nos lecteurs un aspect général des diverses facettes familiales, intimes, en bref tous ses cheminements vers une gloire certaine, en nous penchant sciemment sur l'homme, plu- _ téty=ique».samonumentale oeuvre littéraire, d’ailleurs bien connue du grand public. Cette série d’articles se veut également une narration di- dactique, car, si les ouvrages en francais traitant de sa vie et de ses oeuvres sont nombreux (nous en avons décompté plus de 255 dans une bibliogra- phie), ils ne ploient pas les étagéres de nos bibliothéques. Un remarquable ouvrage en anglais intitulé “Victor Hugo” de Joanna Richardson (édi- tion Weidenfeld & Nicolson, London, 1976) a attiré tout particuliérement notre atten- tion. Elle en a publié un sur Théophile Gautier, un sur Verlaine, en. préparation, un sur Zola. Origine Le pére de Victor-Marie, . Joseph Léopold Sigisbert Hugo, est né a Nancy, en 1778, d’une modeste famille lor- raine, le pére un charpentier. Entré dans l’armée francaise, plus tard général gouverneur at \ xtraord rN Fey de Lunéville (Lorraine) , gou- verneur d’Avila (Espagne), sous Joseph Bonaparte, roi de Naples, gouverneur militaire d’Avellino, bref une brillante carriére militaire. S’il avait de bonnes notions des mathéma- tiques et du latin, il taquinait volontiers et avec bonheur la muse de la poésie, avec ses madrigaux, ses chansons, ses nouvelles romantiques. A-t-il déteint sur son fils? 3 En 1797, mariage civil avec une Vendéenne, Sophie Tré- buchet, qui lui donna trois fils: Abel (1798) - Eugéne (1800), Victor-Marie (1802). Les exaltations réciproques passées, cela n’allat plus trés bien entre papa et maman Hugo: différence sociale pro- noncée, caractéres incompati- bles; elle, orpheline en bas age, réservée; lui, fringant, impétueux, physiquement trop exigeant; I’union alla en dents de scie, on sait comment cela finit tacitement. Deux yeux se tournent vers la voisine, en la personne de Marie-Catherine Thomas y Saitoni, de Porto-Ferrajo (Ile d’Elbe) , de moeurs douteuses, et deux yeux se tournent vers le voisin, en l’occurence le co- lonel Victor Fanneau Lahorie, celui qui, plus tard, fut accusé de complicité dans le complot dit de la machine infernale du célébre conspirateur Georges Cadoudal. Lahorie fut jugé et exécuté: pas de chance pour la pauvre Sophie. Néanmoins, la famille au grand complet séjourna en Corse, en Espagne, en Italie, a I'lle d’Elbe, puis a Paris, suivant les affectations mili- taires du brillant général j. 1. s. Hugo, qui fut emporté préma- turément a 55 ans, en 1828, par une embolie: sept ans plus tard sa femme Sophie le suivit, laissant des orphelins, déja adultes, pouvant se défendre dans la vie. Par suite des incartades de son mari, Sophie s’occupa de l'éducation de ses enfants et de les orienter. Etudes de droit: Niet... Je veux, a-t-elle dit, des écrivains, intuition féminine . probablement? Victor prépara au Lycée Louis-le-Grand l’entrée a 1’é- cole polytechnique, aprés avoir été jeune éléve dans une école privée. Dés l’age de 15 ans, Victor mordu par les préoccupations littéraires, ob- tint un prix de poésie dans un concours ouvert par |’Acadé- mie francaise. L’académie des Jeux Floraux de Toulouse lui décerna l’amarante d'or et le titrede mafitre és-jeux floraux pour ses Odes “Les Vierges de Verdun”, “Moise sur le nil”: son concurrent... Alphonse de Lamartine, son ainé de douze ans. A17 ans, Victor et ses deux fréres Abel et Eugéne fondeé- rent “Le conservateur litté- raire”, avec l'appui d’Alfred de Vigny et du Vicomte de Chateaubriand, oi il publia, sous onze pseudonymes, 112 articles et 22 poémes: il publia également dans “La muse romantique” le premier pério- dique du Cénacle. Le roi Charles X le créaChevalier de vendredi. La librairie Le Soleil 3283, rue Main Vancouver V5V 3M6 Tél. 879-6656 La Librairie Le Soleil a actuellement des romans, des bandes dessinées, des romans policiers etc... 4 vendre a des prix trés bas, aux alentours du dollar. Venez-y faire un tour, nous sommes'situés au coin de la 17éme avenue et de Main [autobus 3 et 5], de 9h a 17h du lundi au Le profit de la vente des livres de la Librairie est versé 4 la Fondation Le Soleil de Colombie. Get argent est ensuite distribué 4 des étudiants qui ont excellé en francais. inaire la Légion d'honneur en recon- naissance de ses nobles efforts pour la cause sacrée de l’autel et du tréne et son Ode “Le sacre”: si on sait quelles seront ses opinions sur ]’autel et le tréne, des années plus tard. Louis XVIII lui attribua une pension pour son recueil “Les Odes”. A cette €poque, a ce siécle qui pouvait dire mieux? La fléche de Cupidon Entretemps, Victor Hugo fréquentait le salon de Sophie Gay, ow il rencontrait les grands esprits de la littérature et de l'art de l’€poque; elle était connue pour ses publica- tions au sujet de la société francaise sous le Directoire et L’Empire sa fille Delphine, femme-poéte, jouissait d’une égale réputation. La, Victor fit la connaissance de la fille de Pierre Foucher, un haut fonc- tionnaire du ministére de la guerre, Adéle, agée de quinze ans, une beauté de type catalan, s'il la remarqua, son frére Eugéne, malheureuse- ment (nous verrons pour- quoi..:) en fit autant. Jeune homme vierge et puritain, Victor fut pris soudainement de désirs inexprimables, mais se contenta de regards en coulisse. Avec le temps, les parents réciproques se posaient des questions sur cette idylle em- bryonnaire: Sophie Hugo trouvait la jeune fille “pas si bonne” pour son fils et s'’oppo- serait 4 toute union, le couple Foucher, par contre, avec le fils d’un brillant général, cela ne se refuse pas. 5; Les choses prirent du temps. Lorsque le décés de maman Sophie survint, Victor se sentit libre de son choix, se rappro- cha d’Adéle, déja l’esprit mar. Le mariage eut lieu le 12 octobre 1822, en l’église St. Sulpice (quartier St. Ger- main). Dot d’Adéle, 2000 francs et des bijoux, de Victor,. son passé et un avenir promet- teur. La réception dans le grand hall de I’hétel de ville, 1a, ou dix ans auparavant s'est tenu le conseil de guerre qui jugea et condamna a mort, le colonel Victor Fanneau Laho- rie, pour qui Sophie Léopold Hugo, eu des _tendresses... Mourir d’aimer Cela existe, voici une preuve, méme deux. Au cours des festivités du mariage, une tragédie: Eugéne, nous!’avons signalé, avait admiré la jeune mariée, alors 4gée de 15 ans, en méme temps que son jeune frére, Victor. Il fut pris soudain d’un terrible accés de jalousie, suivi d’un dérange- ment mental, on l’emmena hors de la salle, des soins, rien n’y fit... les psychiatres consul- tés plus tard déclarérent le cas incurable et le firent enfermer a l’asile des aliénés de Charen- ton-le-Pont; on déconseilla, on s'opposa méme a ce que Victor, désespéré, puisse lui rendre visite, ce veto dura 15 ans, jusqu’a la mort du mal- heureux. : La deuxiéme preuve fera l'objet d’un chaptitre ultérieur, la protagoniste; la fille méme de Victor Hugo, Adéle jr. A suivre Good Neighbour Music Café Soirée québécoise Le Good Neighbour Music Café présente le 27 juillet de 20h00 a 1h00 une soirée spéciale consacrée a la musi- que québécoise dont la vedet- teserale chanteur et guitari- ste Jocelyn Boily. Celui-ci sera accompagné d’Ernie Patzel Quitare et voix), Glenn McMurray (basse et voix) et Reg Watt (batterie, percussions et congas). Il interprétera ses composi- tions ainsi que des chansons de Michel Rivard et d’autres auteurs québécois. Le programme de la soirée sera complété par des artis- tes et musiciens eux aussi québécois . Au Good Neighbour Music Café, samedi 27 juillet de Jocelyn Boily 20h00 @ 1h00, Mount Plea- sant Neighbourhood Café, 535 E. Broadway.Prix des places : $4. Pour marquer la fin de la décennie pour la femme, une grande exposition de photo- graphies intitulée “Femmes dans la décennie” est présentée jusqu’au 3 aout au Centre des ‘médias du Carré Robson a Vancouver. Plus de deux cents photos de 98 artistes féminines de la province sont exposées. Il y a un an, le Comité des programmes des femmes avait choisi de se servir de la photo comme moyen accessible aux femmes pour qu’elles expri- ‘ment leurs idées, leurs opi- nions, leurs problémes et leurs efforts. Le ministre provincial du Travail et responsable dela Condition de la femme avait alors organisé un genre de concours. Plus de 1 300 réponses de 313 femmes photographes avaient été re- cues. Aprés Vancouver l’exposi- tion passera en octobre a la galerie d'art de Terrace et ensuite du 7 au 16 novembre a l’Open Space Gallery. La guerre des tuques (suite) . Le film québécois d’André Melancon continue sa superbe carriére. Cette fois, son nouvel exploit se situe 4 Moscou oi il a remporté trois prix dans la section films pour enfants du festival International du film de Moscou. La guerre des tuques s'est vu attribuer le grand prix, ainsi que le prix du meilleur film “anti-guerre” et celui du ma- gasine des jeunes pionniers, lorganisation de jeunes du parti communiste. Le film raconte comment une simple bataille de boules de neige dégénére en bataille entre deux bandes d’enfants. Seule la mort d'un chien calmera les esprits. La guerre des tuques a été le filon canadien le plus vu en 1984 et il a été vendu dans le monde entier, notamment aux Etats-Unis (voir le Soleil du 12 juillet). Louis RIEL 1885-1985 Le club francais de |’uni- versité Simon Fraser présente le jeudi ler aoat 4 16h30 le film de Roger Pigaul “Trots milliards sans ascenceur” réa- lisé en 1972 et interprété par Serge Reggiani, Marcel Bozzufi et Francoise Rosay . Ce film policier est le récit d’un hold-up audacieux réalisé par une bande de gangsters. La projection aura lieu dans la salle AQ5037 et l’entrée est gratuite. Aloccasion du centenaire de la mort de Victor Hugo les Postes mexicaines ont mis en circulation un timbre-poste a l'effigie de l’auteur des “Misé- rables”. La vignette reproduit acété du portrait de Hugo, un extrait du message que celui-ci © adressa aux habitants de la ville mexicaine de Puebla, assiégée en 1863 par les soldats de Napoléon III: “Vous avez raison de me croire avec vous. Ce n'est pas la France qui vous fait la guerre, c’est ]'Empire. Certes, je suis avec vous. Nous sommes debout contre l’Empi- re, vous de votre cété, moi du mien, vous dans la patrie, moi dans |’exil.” LES MEILLEURS FILMS POUR ADULTES Golden Kitten Nouveau programme chaque mardi Granville & Nelson 687-8129 OUVERT CHAQUE JOUR A 10H00 LE DIMANCHE A 18H00 2$ de réduction. avec cette annonce