14— Le Soleil de Colombie, vendredi 14 février 1986 Humeur Paradoxe Par Roger Dufrane Un monde me sépare.et me rapproche des intellectuels an- glophones. Paradoxe peut-étre, mais c'est ainsi. Nous aimons nos différentes facons de concevoir les choses. Cela agrémente nos discussions. Nombre d’Anglais admirent la culture francaise sans toujours l’admettre. Je pense particuliérement a ceux qui sont sortis de l’université d’Oxford, cette petite ville entourée de verdure et contrastée, od le citadin s’exprime avec un autre accent que l’universitaire. Les professeurs d’Oxford inclinent vers le francais. Ce sont des gens d'études. Ils connaissent le pres- tige huit fois séculaire de notre langue, au point que la Reine d’Angleterre, aujourd’hui en- core, approuve de sa main les actes du Parlement par la formu- le en ancien francais: “La Reine le veult”’. Mal informés Hélas, nombre d’anglophones canadiens sont mal informés a cet égard. Ils connaissent vaguement le Moyen Age. Ils ont vu a la télévision “Un Yankee a la Cour du Roi Arthur” et “Robin des Bois” ot Errol Flynn fait penser a un Tarzan médiéval, et Richard Coeur de Lion a un marchand de la Cité de Londres. Naturelle- ment ce Richard déja sur ]’4ge (en réalité il mourut 4 42 ans) ne parle que l'anglais. Chose plutét cocasse, puisque le vrai Richard, Francais de parler francais, ne A eae ear nexista Seon XIle siecle. Brutal et cultivé comme d’au- tres féodaux, retour de Croisade, il fut longtemps le prisonnier de Léopold, Duc d’Autriche. La légende veut que Blondel de Nesle, un trouvére, l’ait retrouvé en chantant une chanson fran- ¢aise sous sa tour. Quoiqu’il en soit, Richard aussi était poéte. En sa gedle il se plaignait a ses amis qui faisaient la sourde oreille pour payer sa rancon. J'ai beaucoup d’amis mais pau- vres sont leurs dons. Ils en seront honnis. Faute de rancon. Je suis deux hivers en prison. Fertilisé En ce temps-la, on parlait le francais dans les cours sei- gneuriales de Grande-Bretagne, et cela depuis 1100 jusqu’au XVeme Siecle. Le vocabulaire des classes cultivées a pénétré et fertilisé le patois saxon des campagnes et l’anglais est né. Sait-on que le francais est resté la langue légale en Angleterre jus- qu’en 1700? Aujourd’hui en- core, les juges a la perruque impressionnante sur leur figure rougeaude disent “Chastels” pour les biens mobiliers. Respectables Le dictionnaire de la littérature francaise publié 4 Oxford sur les presses de Clarendon le signale. Et le plus ancien dictionnaire de notre langue n’est-il pas l’oeuvre de John Palsgrave, un anglais qui vécut au XVIéme siécle? Les respectables docteurs de l’univer- sité d’Oxford sont d’une grande probité intellectuelle. Ils savent que leur langue vient du francais beaucoup plus que directement du latin. L’université d’Oxford est fille de l’'université de Paris, fondée par des dissidents de la Sorbone vers 1133. C’est a la Cour de Henry II Plantagenet _— et d’Aliénor d’ Aquitaine que furent rédigés en francais, en Grande-Bretagne, au XIIéme siécle, les chefs- d’oeuvre de notre littérature médiévale: Les lais de Marie de France, le Tristan et Iseut de Thomas de Bretagne, le Perceval de notre Chrétien de Troyes. : Vocables Qu’en dites-vous mes amis! Chaucer (que les seigneurs anglo-Normands et anglo- Angevins, nommaient “Chaussier” pére, au XIVéme siécle de la langue anglaise), a traduit notreRomande la Rose. Il faut le lire. Il fourmille de vocables francais. C’est au point que je conseillerais aux pédago- gues des deux rives du Canada pour enseigner, dans 1’Est, |’an- glais aux petits grimauds de leurs €coles, et dans l’Ouest le francais de se servir des oeuvres de Chaucer. Une chose me retient pourtant: ils ne réussiraient plus, dans l’avenir, 4 comprendre le ‘jargon claironnant” de nos voisins du Sud, et par-l4 méme a leur tenir téte. Douglas Mac Adams. Litiges civils - Droit familial -EN FRANCAIS - 300, 1111 Melville AVOCAT Vancouver, C.-B. V6E 4H7 RICHARDS, BUELL, SUTTON Téléphone: [604] 682-3664 Télex: 04-54467 vewewex saenede idewere i¢ak ene & eiigeadd ‘in wee @ Sw em oT # a FOYER MAILLARD ™" Pension pour retraités| __ Nourri, logé, blanchi, infirmerie (24) sf Service bilingue, services aux chambres} 101 0, avenue Alderson Maillardville, C.-B. (55 ans et plus) Tél: 937-5578 A A A a a a i lt Np ttt a Tt En marge d’un centenatre Louis Riel, héros ou criminel? Par Alexandre Spagnolo Suite de la semaine derniére Malgré les priéres de sa jeune femme (enceinte) Marguerite, de se réfugier aux Etats-Unis, Riel préféra se rendre au Major-General Sir Frederick Middleton, chef de la Milice Canadienne, que __revivre un pénible exil. Il devait étre dans de mauvaises conditions physiques et morales aprés ces batailles qui ont duré presque deux mois. Gabriel Dumont, qui a eu son frére tué au cours d’une embus- cade, préféra l’exil et travailla au Cirque de Buffalo Bill, des années durant, puis revint a Batoche pour y mourir en 1906, a l’age de 68 ans. Le Major-General Middleton se leva de son bureau, se dirigea vers Riel, lui serra la main avec dignité et l'invita a s’asseoir, Ainsi finit le dernier jour de liberté du fougueux Riel et la détention commengca a Régina (Saskatche- wan), puisson procés et sa fin, six mois aprés. Riel détenu dans la prison de Régina, depuis trois ans capitale de la Saskatchewan, fut un homme modéle, charmant avec son entourage, convaincu que son procés sera une plate-forme pour justifier ses actions, son vif désir de lutter pour son peuple qui lui a fait confiance, et ala fin, sa gloire. Trouble féte Avec le capitaine Young, Riel expliqua qu'il n’était pas fou de croire qu'il pourrait, lui et -ses hommes, vaincre le Canada et la Grande Bretagne: mais, avec ses tactiques de trouble-féte (san- glantes..) de pouvoir arriver a sensibiliser le gouvernement a ses justes revendications. Le 23 mais 1885, on l’informa qu'il sera considéré 4 son procés comme un criminel. I] se rebella, lui, Riel fautif, jamais. Ottawa, responsable de tout cet état de choses. Les avocats de I’accusation, des hommes de loi célébres, curieuse- ment T.C. Casgrain, de Québec. Ils voulaient démontrer que Louis Riel avait planifié, or- ganisé et dirigé toutes les phases de sa rébellion, allant jusqu’a entrainer les Amérindiens. Pour sa défense, Riel eut les meilleurs avocats du Québec, qui essayérent a son corps défendant, de prouver son déséquilibre men- tal. On refuse de porter le procés de Riel 4 la Cour de Justice de l'Ontario, comme 4 celle de la Colombie-Britannique; proba- blement, il fallait frapper fort dans l’esprit des gens de son milieu. Au tribunal, son élégance ves- timentaire et son attitude trés digne firent sensation. Le pré- sident Hugh Richardson flanqué des six membres du jury, tous des canadiens-anglais, comme il était d’usage a cette époque dans les Territoires du Nord, ouvrirent la session. Lecture de l’acte d’accu- sation (2000 mots), de trahison, relevant le fait que Riel était un citoyen américain, vivant sous la protection de S.M: la Reine (Victoria), il a manqué a ses devoirs d’allégeance. Le Premier ‘ministre du Canada, Sir John A. Macdonald, voulut avoir le coeur net, Riel était-il sain d’esprit ou non? Une commission médicale devait s’en rendre compte. Composée du Dr. Jukes, chirurgien de la Police de Régina, Dr. M. Lavell, du Pénitencier de Kingston, le Dr. ‘F.X. Valade, d’Ottawa. Les deux premiers trouvérent Riel en bon état de santé, dans sa cellule plongé dans la rédaction d’un essai sur “The Metaphysical Disquisition of the Nature of God”. Pas moins. Le Dr. Valade, plus réservé, Riel ne savait pas distinguer le bien du mal au sujet des questions politiques ou reli- gieuses, pour les autres, aucune difficulté. Deux favorables pour la pendaison, un autre, avec une réserve professionnelle, contre. * Impitoyablement Il était parfaitement clair que. si le Parti Conservateur, alors au pouvoir, voulait survivre en Ontario, la pendaison s’imposait impitoyablement: il était, éga- lement, clair que l’attitude de la hiérarchie catholique et le senti- ment du Québec sur la question, tét ou tard, se tasseraient. Il ne restait que la question de l'unanimité au sein de la commis- sion des médecins consultants, le Dr. F.X. Valade se joignit a la majorité. Un tour de passe-passe pour modifier un terme du rapport médical. Pas beau. Déci- sion finale, la pendaison, qui, dailleurs devait servir d’exemple a d’autres qui seraient tentés d’enfreindre la loi et l’ordre dans les Territoires du Nord-Ouest. Le Gouverneur-Général du Canada, qui était Lord Lansdowne, de 1883 4 1888, signa le 12 novem- bre 1885, l’ordre d’exécution, la clémence ayant été refusée, avec Riel, huit amérindiens furent pendus, deux condamnés a 3 années de prison, relachés, mou- rurent quelques mois plus tard. Dans sa cellude, en attendant la pendaison, Riel, calme et serein, se mit a écrire des lettres. Dans son message a sa femme €plorée, qui venait de mettre au monde le 3e enfant, d’ailleurs mort a un jour, il la remercia pour sa patience, sa résignation au cours de toutes ses luttes. Il dit au Dr. Jukes, qui était venu le voir, qu’il ressuscitera le Se jour, aprés son exécution... L'idée de passer le restant de ses jours dans un asile ou péniten- cier, subir des indignités, le remplissait d’horreur, la mort avec joie lui était préférable. Le corps de Riel a été enterré dans le cimetiére de Saint- Boniface: 1’€glise catholique a reconnu que ses opinions sur la religion et sa hiérarchie étaient passablement erronées, et n’en était pas responsable vu son état mental désordonné: on ne lui refusa pas les sacrements. __ On a dit qu'il mourut avec la dignité d’un roi. Sa femme ne lui survécut que six mois et ses deux enfants suivirent quelques années plus tard, ne laissant aucun héritier: mais, louest, quill a tant aimé, vit toujours avec son souvenir. Un visionnaire, quand il réussit, c’est un héros. Un visionnaire, quand il échoue. c’est un fou. Suite page 17 | PourvosREER (ou RRSP) contactez Patrick Martin ou Louise Richard La date limite pour ces contributions est le 28 février. SunLife 321, 6e rue New Westminster, C.B. V3L3A7 : tél: 521-3781 Impéts & comptabilité @ canadiens & américains @ individus & sociétés RAY SAINTONGE consultant. 101 - 1956 W. Broadway 732-8412 291-8681 3607 E. Hastings PERSONAL TAX SERVICES B.C. ci MOE LOSER, SUR GSR SOS CONSE LT En Se 7) PERSONAL TAX SERVICES — ¢ Remboursement d'impét personnel, compris fermes et petit commerce. ¢ Remboursements sur la propriété © Demandez notre garantie conditionnelle Pour connaitre notre bureau le plus proche appel Vancouver V5K 2B1 f TAX REFUND BUYING SERVICE