il .-Jeranglais, pendant les récréa- par Adrien Cantin es communautés fran- cophones minoritaires du Canada sentent aujourd’hui comme jamais auparavant l’impact de l’urbanisation, surtout en milieu scolaire, méme si ce phénoméne remonte a bient6t trois décen- nies. Il se manifeste différemment qu’on soit en milieu urbain ou rural, mais dans un cas comme dans l’autre, il est tout aussi inquiétant. Dans les petites lo- calités, c’est la détérioration prévisible des services, dans les villes, l’isolement dans une mer anglophone. Le résultat est le méme dans l'un et l’autre des contextes: le spectre de l’assi- milation envahit l’horizon. Les petites localités Les choses vont bien a1l’école secondaire Carrefour Supérieur Nord de Wawa, une petite ville du nord-ouest de 1’Ontario. La centaine d’éléves francophones y partage des locaux avec un peu plus de 300 jeunes anglo- phones, mais chacun se méle de ses affaires et le climat est bon. La majorité des francopho- nes viennent du village entiére- ment frangais de Dubreuilville, a quelques kilométres de 1a, et ils n’essaient méme pas de par- tions. L’école a son €quipe de hockey, son club de photogra- phie et de thétre, et encore, son journal étudiant. Bref, presque tout ce qu’on retrouve dans une école en milieu urbain. «Nous n’avons pas de com- plexe du tout», déclare le direc- teur Claude Paradis, installé dans cette localité depuis 24 ans et qui «n’irait pas enseigner dans une grande ville, ni dans une grande école». _ Mais depuis le milieu de 1’hi- ver, Claude Paradis est inquiet. Depuis1’ouverture de Carrefour, - Jeministére del’ Education four- nissait gratuitement un agent de supervision au secteur francais. compter de septembre pro- chain, c’est le conseil scolaire, majoritairementanglophone, qui A 1a ville ou a la campagne eee devra en faire les frais, et il n’en a pas les moyens. M. Paradis se demande donc ou on décidera de couper et s’il ne perdra pas un ou deux ensei- gnants afin qu’on puisse défrayer les services de cet agent de su- pervision. Il sait que c’est son école qui devra écoper, puis- qu’il s’agit du seul établisse- ment secondaire frangais de son conseil scolaire. Ces angoisses, elles sont res- senties par des centaines d’au- tres pédagogues francophones qui oeuvrent en milieu minori- taire partout au Canada. Non seulement les cotits de 1’éduca- tion se multiplient, mais les vil- lages se vident. Les banlieues autour des centres urbains de- viennentides villages-dortoirs. La vie de travail et la vie sociale se fait en ville; l homogénéité se perd et, en méme temps, |’im- pact de la communauté franco- phone dans son milieu. Effritement Le constitutionnaliste Michel Bastarache expliquait ce phéno- méne il y a quelques temps a un colloque sur les tendances dé- molinguistiques au Canada, et il s’en inquiétait. «ll y a 6 000 francophones a I’ fle-du-Prince-Edouard; il faut savoir que sur ces 6 000, 4 000 vivent dans trois villages de la région de Prince ov ils consti- tuent 85 pour cent de la popula- tion. Cela n’est pas la méme chose que de parler des 3 ou 4 pour cent de francophones de la région d’ Halifax.» Parlant des Acadiens de sa province du Nouveau-Bruns- wick, Me Bastarache enchainait que «le taux de natalité est faible 1a comme ailleurs, mais en plus, les jeunes s’en vont (...) Je crois que cette population est en dan- ger, plus qu’il y a 10 ans, méme Si On peut constater qu’il y a Stabilité, parce qu’iln’y a pas de base économique qui permet- trait de retenir la jeunesse. Il y a également un effritement des fondements sociaux de la com- munauté acadienne.» Milieu urbain D. densité= péninsule acadienne, dans Pres- cott-Russel, 4 Ottawa, ou méme dans certaines grandes villes a forte majorité anglophone, on réussit trés bien a constituer de solides unités scolaires francai- ses. Mais cela constitue plus sou- vent qu’autrement une excep- tion a la régle comme en témoi- gne le cas de la désormais triste- ment célébre ville de Sault-Ste- Marie, située dans le méme dis- trict administratif que Wawa. Des 70 finissants des écoles élémentaires de langue francaise de cette ville cette année, une vingtaine seulement ont choisi des’ inscrire al’école secondaire francaise en vue de la prochaine rentrée. s régions 4 haute. ncophone, dans 1a C’est une situation que les francophones de 1’Ouest con- naissent particuli¢rement bien. Eux aussi ont vu leurs écoles frangaises de Régina, Calgary ou Edmonton, graduellement transformées au cours des an- nées en écoles d’immersion, et tranquillement devenir des foyers d’assimilation. Des alliés Les francophones vivant en milieu urbain ont cependant vu, au cours des derniéres années, leurs nombres se gonfler de plusieurs dizaines de milliers avec la manifestation d’un groupe qui jusqu’alors était res- té relativement discret: les «multiculturels» de langue fran- gaise, matemelle ou seconde. A sa fondation, il y a deux ans, 1’Association multicultu- relle francophone de 1’Ontario disait représenter jusqu’a 200 000 personnes, et 1’ associa- tion albertaine, environ 10 000. Malgré certaines frictions du départ qui persistent encore, ceux-ci se sont mis a revendi- quer leurs droits scolaires aux cétés des Canadiens frangais et ont ajouté du poids aux repré- sentations faites auprés des gouvernements. Cela provoque cependant une nouvelle réflexion quant a 1’ac- cessibilité a l’école francaise. Bien qu’aucun cas de refus d’ac- cés d’un enfant d’immigrant francophone ne soit de notoriété L’urbanisation cause des ravages publique al’heure actuelle, ceux- cine sont pas des «ayants droit» en vertu de la Charte des droits et libertés. Ce qui est considéré comme carrément insultant, surtout lorsqu’on constate que les parents d’un enfant qui ne parle pas un mot de francais peut exiger ce droit dans certai- nes circonstances. Climat politique La présidente de 1’Associa- tion canadienne-frangaise de l’Alberta, France Levasseur- Ouimet, indique que le rapport des droits de chacun sera atteint dans les «modéles de gestion» que les francophones, non seu- lement de 1’Alberta, mais de plusieurs autres communautés, sont en train d’élaborer dans l’anticipation d’un jugement positif de la Cour supréme du Canada sur les droits de gestion scolaire. De ce jugement résul- tera 1’€panouissement collectif ou la dépendance au bon vouloir des gouvernements provinciaux. Mais en plus, selon le prési- dent de 1’Association des Fran- co-Manitobains, Raymond Bis- son, les minorités francgaises ne seront vraiment en paix que lorsque le climat politique aura changé au pays. «S’il y a un climat favorable, dit-il, il y aura toujours moyen de faire des gains. Sinon on sera toujours a la merci de ceux qui ont gagné les demiéres élections. Nous traversons une période extréme- ment difficile, et 4 cause de cela, on a tendance a voir des nuages gris a l’horizon». M. Bisson s’inquiéte de ]’im- passe des dossiers constitution- nels et du cul-de-sac qu’elle pourrait provoquer, de méme que de la faiblesse du leadership de nos politiciens nationaux.La question du leadership est éga- lement préoccupante pour Mme Levasseur-Ouimet de 1’ Alberta. «Il faut qu’une fois pour toute on s’assoie avec les provinces et qu’on indique clairement sa vision du Canada». Adrien Cantin est éditoria- liste au quotidien LeDroit, a 7 L'Université Sainte-Anne Ottawa. \) Pointe-de-l'Eglise, Nouvelle-Ecosse, Canada, BOW 1M0 Tél: (902) 769-2114 Fax: (902) 769-2930 Choisissez - ce qu'il y a de mieux... rien de moins! un site enchanteur pour vos études universitaires \ LZ 0661 (Ae Z Np eujewes ‘}1| EwNjJOA-«jeUOIeN NelUy» :uoWeoNpy .