Le Soleil dé Colombie,’ Vendredi 15 décembre 1978 17 *' - Le Canada donne au monde l’image d’un pays aux ter- res fertiles, aux foréts immenses, aux riches gisements miniers et pétroliféres, et dont la population jouit d’un des niveaux de vié les plus élevés. Ceux qui y vivent savent, pourtant, que l’abondance économique et les ressources naturelles ne sont pas réparties également sur toute sa superficie, et que certaines régions et grandes aggloméra- tions métropolitaines et industrielles s’étendent toujours davantage et deviennent de plus en plus florissantes, alors que d’autres régions et des villes plus petites assis- tent, impuissantes, a l’exode de leurs jeunes vers les cen- tres les plus prospéres. Le gouvernement canadien, dés les débuts de la Con- fédération et par la suite, a poursuivi des programmes de lutte contre les disparités régionales, mais ce n’est vrai- ment qu’au cours des années 1955-1970 que s’est fait sentir avec le plus d’acuité le besoin de réduire les inégalités d’emploi et de revenu a travers le pays. Le Canada con- naissait alors une vague de prospérité sans précédent: l’accroissement de la population atteignait 35,7 p.c., les in- vestissements privés s’élevaient a plus de 168,4 p.c., et la production: manufacturiére telle qu’évaluée selon la valeur ajoutée, augmentait de 144,7 p.c. (Statistique Canada, nos 91-201, 61-205 et 61-202). Une fois de plus, cependant, les centres déja trés populeux et industralisés bénéficiérent davantage de cet essor, de sorte que les iné- galités économiques ne firent que s’accentuer. Une nouvelle approche du probléme s’imposait donc, d’ou la création, le ler avril 1969, aux termes de la Loi sur le ministére de lExpansion économique régional 4 (LMEER), d’un nouveau ministére chargé d’élaborer et de mettre en oeuvre, en collaboration avec les gouver- nements provinciaux et d’autres organismes fédéraux, et avec les populations intéressées, des politiques et des pro- grammes de développement a long terme, jintégrés et coordonnés pour mieux répondre aux besoins spécifiques des régions accusant un retard au point de vue croissance de l’emploi et des revenus, et pour réduire les disparités interprovinciales et intérrégionales au chapitre des possibilités d’emploi productif. adoptait la Loi sur les subventions au développement régional (LSDR)) et dotait le jeune ministére d’un instru- ment de traitement direct avec les entreprises indus- trielles, et donc d’un mécanisme efficace pour rétablir 1’é- quilibre régional. Cette loi instituait en effet un pro- gramme de subvention con¢u pour susciter des investis- sements dans les régions a faible croissance et créer ainsi des possibilités d’emploi, ce qui devait inciter des in- dustries de transformation et de fabrication a s’établir, s’agrandir ou se moderniser dans les régions dites désignées. La LSDR a subi des modifications importantes depuis son entrée en vigueur. La premiére, en décembre 1970, permettait l’octroi de garanties de préts aux établis- sements de fabrication et de transformation et a certaines entreprises commerciales nouvelles. Une autre apportée en avril 1974, prévoyait l’adoption de formules types ap- plicables a la plupart des projets pour le -calcul des subventions; l’admissibilité aux subventions des projets de moindre importance; |’allongement de la liste des in- dustries admissibles; la redéfinition des. exigences en matiére de capital effectif; et, enfin, l’introduction de ‘| changements dans la désignation des régions admissibles en vertu de la loi, lesquelles comprennent actuellement les provinces de Terre-Neuve, de la Nouvelle-Ecosse, de l'Tle-du-Prince-Edouard, du Nouveau-Brunswick, du Manitoba et de la Saskatchewan au complet, ainsi que les territoires du Nord-Ouest et du Yukon, une grande partie de la province de Québec et les régions septentrionales de l’Ontario, de |’ Alberta et de la Colombie-Britannique. Le ministére de l’Expansion économique régionale apparait comme le résultat d’une expérience unique au sein d’un régime démocratique occidental. Le Canada, en | effet, est actuellement le seul pays doté d’un ministére | responsable a la fois de la planification économique a long terme et sur une grande échelle et des problémes sociaux liés a cet objectif. Car, outre son mandat primordial de planification et de développement, le MEER s’occupe de créer des emplois, de contribuer au relevement social des régions a faible croissance et d’améliorer la qualité de la vie. Na Trois mois plus tard, en juillet 1969, le Parlement Expansion economique régionale L’honorable Marcel Lessard, ministre de Vexpansion économique régionale. La révision de la politique Comme il allait s’engager dans un domaine complexe et a peu prés inexploré, le MEER devait connaitre a ses débuts une période d’expérimentation. On sentit donc dés 1972 le besoin de faire l’examen complet de la politique et des programmes en cours, de formuler des orientations nouvelles et de mettre sur pied d’autres programmes. Les motifs qui ont incité le ministére a entreprendre la révision de sa politique étaient nombreux: trouver des solutions a certains problémes d’organisation, par exem- ple résoudre la difficulté de maintenir un contact constant avec les gouvernements provinciaux et de nombreux ministéres et organismes fédéraux; faire participer davantage les bureaux provinciaux a la prise des déci- sions relatives a la planification et a l’octroi des subven- tions; définir de fagon plus précise les objectifs et les stratégies; procéder a une nouvelle définition des coor- données géographiques d’application du programme des zones spéciales, de nombreuses ententes sur ces derniéres venant a expiration le 31 décembre 1973. L’un des résultats essentiels de la révision a été que le concept des possibilités de développement est devenu ~V’élément central de la politique de développement économique régional. Il fut recommandé que le recense- ment et la réalisation des possibilités de développement les plus importantes d’une province soient articulés en un plan général connu sous le nom d’ententes-cadres de développement (ECD), a l’intérieur desquelles seraient ultérieurement signées des ententes auxiliaires aux objec- tifs plus précis. Les autres recommandations étaient les suivantes: 1)‘Le MEER devait rester fidéle a ses engagements dans le cadre des programmes antérieurs, mais les ac- tivités déja en cours entreraient, aprés un certain temps, dans le cadre des ententes auxiliaires, a l’exception toutefois des programmes d’administration du rétablisse- _ ment agricole des Prairies (ARAP), des subventions aux termes de la LSDR, ainsi que des activités touchant plusieurs provinces. 2) Les provinces de I’ Atlantique, le Québec (exception faite du corridor Montréal-Hull), la partie septentrionale de l’Ontario, le Manitoba et la Saskatchewan seraient ad- missibles aux subventions du programme de la LSDR. 3) Le meilleur moyen pour le MEER de planifier, de mettre en oeuvre et d’administrer ses programmes de développement consistait en une décentralisation _poursuivait les objectifs suivants: une présence régionale ‘privé. Elle a pour objectifs d’encourager |’élaboration et ee radicale, par laquelle le pouvoir de décision et la respon- sabilité de nombreuses activités seraient conférés aux bureaux provinciaux et régionaux. Bon nombre des recommandations issues de la révi- sion de la politique ont commencé a trouver leur applica- tion en 1973. On amorca entre autres la décentralisation et l’élaboration d’ententes-cadres de développement. La décentralisation A lVorigine, le MEER était largement regroupé a Ottawa. A la suite de la révision de la politique ministérielle, il entreprit un déplacement massif du per- sonnel, de l’administration et du pouvoir de prise de déci- sion vers différents endroits du pays. Par cette action, il et provinciale plus accentuée; une meilleure intégration des attributions; une plus grande efficacité pour ad- ministrer les programmes en cours; une communication plus étroite avec les autres ministéres et organismes fédéraux, et avec les gouvernements provinciaux; une constante évaluation de la conjoncture socio-économique, des possibilités économiques des régions et des travaux connexes entrepris par les gouvernements provinciaux; enfin, la poursuite concertée d’un processus continuel de développement. La décentralisation s’est terminée en 1974. Depuis, le MEER comprend quatre régions (1’ Atlantique, le Québec, l'Ontario et l'Ouest) et chaque bureau régional (Moncton, Montréal, Toronto et Saskatoon) est dirigé par un sous- ministre adjoint responsable de la planification, de la mise en oeuvre et de l’administration. Un directeur général doté d’un pouvoir de décision ac- cru est a la téte de chaque bureau provincial. L’administration centrale a Ottawa s’occupe prin- cipalement de la formulation de la politique générale, ain- si que des activités de soutien et de coordination. Présentement, 75 p. 100 des employés du MEER et 70 p. 100 de ses hauts fonctionnaires sont en poste a l’ex- térieur d’Ottawa. Grace a cette décentralisation, le MEER est vraiment en mesure d’analyser sur place et en permanence les pro- fils économiques et sociaux de toutes les régions a faible croissance du pays. d Les ententes-cadres de développement L’approche actuelle du développement régional, a la fois multidisciplinaire et multidimensionnelle, prévoit la détermination et l’exploitation des grandes possibilités de développement par l’application coordonnée des poli- tiques et des programmes publics, tant fédéraux que pro- vinciaux, en collaboration, le cas échéant, avec le secteur la mise en oeuvre de politiques fédérales et provinciales propres a assurer un appui général au développement des régions a faible croissance, de déceler les entraves a leur développement économique ou d’élaborer les program- mes nécessaires pour les atténuer ou les éliminer, de cerner leurs possibililtés précises de développement et de contribuer a leur réalisation. La mise en oeuvre de cette stratégie se fait en vertu de l’entente-cadre de développement (ECD) et des ententes auxiliaires qui en découlent, conclues entre le gouvernement fédéral et celui de chaque province. L’entente-cadre de développement, devenue |’élé- ment clef de la politique du MEER en matiére de dévelop- pement régional, est une déclaration officielle instituant une période de dix ans de collaboration étroite et coor- donnée entre les deux paliers gouvernementaux, en vue de réaliser le potentiel de développement économique et social de chaque province et de chaque région. Fin 1974, le MEER a conclu des ententes-cadres décennales avec chacune des provinces, a !’exception de 1’Ile-du-Prince- Edouard ou un plan d’ensemble de développement d’une durée de quinze ans est en vigueur depuis 1969. (suite a la page suivante) Ces textes sont fournis par le Secrétariat d'etat J