6, Le Soleil de Colombie, 7 Février 1975 Deux semaines en Chine par Sia] ° FF (Vincent Prince). par $iaj > =H (Vincent Prince) ARDI, 4 heures de l’aprés- midi. Nous sommes de nouveau &@ Canton. Ce sera pour moins de 24 heures, mais il est prévu que nous ne per- drons pas beaucoup de temps. - Nous nous dirigeons tout de sui- te vers un hépital de la ville ou Kon s‘appréte 4 nous faire assis- ter & trois interventions chirurgi- cales sous acupuncture. tachement de la rétine. Ils occu- pent des salles contigués, de sorte que nous pouvons circuler d’une dopération a l’autre. Quand nous approchons, les aiguilles déja plantées et les trois équi- ee ; REEEE vention. Pour chaque malade on a plante 4 aiguilles, a peu pres toutes aux mémes endroits, 4 savoir une au-dessus du nez entre les deux yeux, une sur la tempe prés de J’o- reille et une sur le dessus’ de cha- que main un peu en retrait entre le pouce et l’index. L’insensibi- Les trois opérations se déroulent sans incident et durent entre 15 mi- nutes environ et un peu plus d’une demi-heure. J’ai personnellement assisté jusqu’a la fin de deux de ces interventions. Dans chaque cas, lopéré s'est immédiatement ré- veillé et a-causé avec le médecin comme si de rien n’etait. Tous deux étaient joyeux et disaient se sentir tres bien. Ils étaient préts a se lever et & marcher mais on leur a conseillé de se reposer quelques minutes de plus. . Nous avons eu droit, bien sir. avant et aprés, 4 des explications et des commentaires du vice-prési- dent du comité révolutionnaire de Yinstitution. I] nous fait remarquer que la pratique de l’acupuncture i de la volonté des méde- cins de réaliser l’intégration de la médecine _traditionnelle _chinoise avec la médecine occidentale. De- puis la Révolution culturelle prole- tarienne, on déploie de plus en plus d’efforts en ce sens. On cherche a développer toujours davantage le recours a |’acupunc- ture _ qu’on emploie non seulement pour fins d’anesthésie mais comme méthode curative. La formation culturelle a permis de découvrir plusieurs nouveaux points du corps ou les aiguilles peuvent étre plan- tées avec avantage. : Des loisirs éducatifs position, des amphithéatres pour le basketball, le patin a roulettes, des maneéges pour l’amusement des en- fants, etc. Ce soir-la la foule est nombreuse. Comme le thermométre a grimpé a pres de 90 degrés au cours de la Journee, avec un fort pourcentage d@’humidité, on vient chercher un peu de fraicheur dans ce milieu de verdure. On va d’un concert a une piece de théatre, en s’arrétant quelques minutes & un match de vallon. Tout en ce faisant, on pas- sera devant des montres ou un éta- lage de photos illustre a merveille les réalisations du. régime. Des pensées de Mao, affichées ici et 1a, invitent aussi a la réflexion, comme di'ailleurs les propos: qu’é- changent les acteurs sur les tré- teaux. On se récrée donc tout en s’éduquant. sae Excursion touristique Et nous voila au mercredi matin de notre deuxiéme semaine en sol chi- nois. Un avion nous prend a 7h 45 a Paéroport de Canton pour nous conduire a Kouei-ling, centre de villégiature dans le nord de la région autonome de Tchouang, pro- ‘yince du Kouangsi. Nous y serons dés 9 heures. La journée sea pres- que entiérement consacrée a des activités. touristiques. Kouei-ling est une de ces mer- veilles de la nature. Ses paysages sont reconnus comme lies plus beaux de la Chine. Sur les deux vives du Likiang se dressent: des pics aux formes étranges qui se re- flétent dans la riviére. Nous nous proménerons comme tous les touristes sur cette riviére et surtout nous visiterons les grot- tes souterraines qui se cachent sous presque chacun de ces pics.’ Il s’agit d’incroyables phénoménes de la nature. Ces grottes, avec leurs milliers de stalactites et de stalag- mites dues 4 des milliers d’années d’érosion, sont immenses. Le spec- tacle qu’elles offrent est féérique. On dirait que des artistes ont fait toutes sortes de sculptures inimagi- nables dans la pierre. Tantét l’on se croirait dans une vacte cathe- drale, tantét devant une forét aux arbres: variés, tantot devin: ces ta- bleaux représentant tous les spéci- mens: de la faune ou de !a flore. Sur l’un de ces pics que nous esca- ladons, la vue embrasse toute la région qui apparait comme un décor de réve. Mais la journée se terminera sur une note plus sérieuse. Les diri- geants de la mumicipalité, dont le vice-président de son comité révo- -jutionnaire, M. Hsu Wei-kai, nous recevront a diner et en profiteront pour nous rappeler que ce coin.de Chine participé au grand essor de {a nation. Selon. M. Hsu, Kouei-ling, qui était a époque de Chang Kai-chek un paradis estival au seul avantage des “renégats du Kuomintang’. est devenu aujourd’hui un centre ou il fait bon vivre pour tout le monde. Chacun jouit d’un logement conve- nable et n’a plus a subir les sévi- ces des grands propriétaires ter- riens. L’agriculture se mécanise progressivement et la production industrielle d'une journée et demie d’aujourd’hui équivaut a 1: produc- tion de toute une année, il y a 25 ans. Le reste de son discours. émaillé de chiffres concernant Cinquiéme d’une série d’articles écrits par M. Vincent Prince, éditorialiste émérite de la ‘* PRESSE’? de Mon- tréal qui, avec l’autorisation de la ‘*‘ PRESSE”? a offert sa collaboration spéciale au Soleil de Colombie. @ Acupuncture, Tourisme, Commune Populaire Si l'ierigation des terres en Chine a fait appel & la technique, la een des opérations laisse toujours fort a désirer. C'est I’énergie humaine, comme on te voit par cette photo typique, qui est presque partout 4 lhonneur. (photo LA PRESSE). Nous couchons a Kouei-ling ei en repartons vers 10 heures, jeu. pour revenir une derniére ‘ois Canton. Notre voyage en Chine (.~ a sa fin. Essentiellement, cetie ox: - née de jeudi sera consacrée a ite \i~ site de la Foire internationaie ce Canton et au plus grand héte! ce maints autres secteurs de la vie a Kouei-ling, est de la méme veine. Retour a Canton l'endroit, |’Hétel Oriental. Le soir. Jes autorités municipales nous coi vieront a un diner d’Etat, mais ies discours seront limités au miri- mum. La Foire nous permet de consta- ter que la Chine devient de plus en plus consciente de ses échanges avec l’étranger. Elle a de plus en plus 4 offrir. On comprend que les hommes d'affaires du monde entier s’y intéressent toujours davantage. La visite 4 l’Hétel Oriental nous apprend peu de choses, si ce n’est que le personnel est heureux, qu’il gagme en moyenne 60 yens par - mois et qu’il consacre trois séances d’une heure chacune par semaine 2 Vétude de l’idéologie marxiste. Une commune populaire Et nous sommes rendus au ven- dredi, notre dernier jour complet en sol chinois. Nous la passerons a parcourir une commune populaire, celle de Huatong, située 4 une tren- taine de milles au nord de Canton. C’est une expérience unique. En Chine, aprés la Libération, on a commencé par arracher les ter- res aux grands propriétaires ter- riens pour les distribuer au peuple. On s’est apercu que ces lots étaient trop petits pour étre rentables. Plus tard, on adopta la formule co- opérative mais les résultats ne ré- zondirent pas encore aux espoirs. Finalement, et depuis 1958, on a procédé a la collectivisation du sol par le truchement de ce qu’on ap- deile les communes populaires. Celle du Huatong, dont nous som- mes les hétes, remonte justement a 1958. Elle comporte une administra- tion a trois paliers, comme toutes les autres. Le plus haut est celui de la commune elle-méme qui est dirigée par .un comité révolution- naire. Au centre, c’est la Bri de production, elle aussi co’ d’un comité révolutionnaire. Enfin, au plus. bas niveau, c’est l’équipe de production. A Huatong. il y @ 319 équipes de production réparties en 20 brigades. Le tout pour 12,229 familles ou une population globale de 60,956 personnes: La superficie de terre cultivable de la commune est de 4,700 hectares. Chaque fa- mille a droit 4 un minuscule jardi- net en propriété privée et posséde généralement sa maison. Le revenu aur Moyen par foyer est de L’an dernier, cette commune a réalisé wun revenu global de $6,930,000. De ce montant, 5 p. cent est allé a l’Etat 4 titre d’impét agricole; 38.2 p. cent a servi a ren- contrer les colits de revient; 6.8 p. cent a été déposé dans un fonds de réserve; 1 p. cent a été consacré a l’assistance sociale. et le reste, soit 49 p. cent, a été distribué en salai- res. Ceux-ci sont basés sur des. points qui sont attribués par l’é- quipe. Ces points tiennent compte du rendement et de la nature du travail effectué, bien sir, mais aussi de la conformité du travail- leur a la doctrine marxiste. Chaque équipe de production a son instruc- teur idéologique. Et voila, nous offrons a nos hotes un banquet d’adieu en soirée dans un des grands restaurants de la. ville. Les toasts 4 |’amitié canado- chinoise se succédent 4 peu pres sans arrét. L’atmosphére est a la cordialité comme elle l’a été tout au long du voyage. Dés 8h 15, de- ~ main matin, nous serons en gare de Canton pour nous engager sur la voie du retour vers le Canada. Notre mer- veilleux voyage en Chine sera. chos® du passe. La semaine prochaine: UN IMMENSE MONASTERE MAOISTE. ft” a wa ast