Le Moustique Volume3 - 6°" édition Juin 2000 Le sens des mots. suite. par Paul Genuist (A la question “do you drink ?’’ Jacques, nouvellement arrivé au Canada, a répondu “oui’’ pensant qu’on lui proposait une boisson pour étancher sa soif. Il ne connait pas encore les sous-entendus de certains mots). En effet, a cette réponse, la propriétaire le toise d’un air de plus en plus sévére, et aprés un long moment de silence, elle lui déclare qu’en y pensant bien, elle se ravise et ne désire plus louer son appartement. La-dessus, elle exprime ses regrets, ouvre vivement la porte et Jacques se retrouve dehors ou il fait encore plus chaud. II aurait certainement bien apprécier une bonne boisson fraiche. Ce soir-la, il raconte sa mésaventure a un camarade qui éclate de rire. - Saskatoon, explique-t-il 4 Jacques, a été fondé a la fin du siécle dernier par un groupe de gens venus de !'Ontario. Le chef de ces pionniers voyait tout alcool comme on devait considérer la peste au moyen-age. Ce puritain était venu fonder ici une colonie de tempérance. - Alors, s'exclame Jacques, mon ex-future-propriétaire doit 6tre une de ces premiers colons! Il comprend donc enfin, mais un peu tard, que ‘’to drink’’, pour elle, ne voulait pas simplement dire boire au sens premier du terme, c’est a dire avaler un liquide, n'importe quel liquide, comme on dit boire de |’eau, du lait, du vin, de la biére, du thé, du café, une tisane, une liqueur, etc... dans le seul but de se désaltérer. Dans sa bouche, ‘’to drink’’ contenait une valeur péjorative, réguliérement et sans doute abusivement des boissons alcoolisées, peut-étre méme s’enivrer. La propriétaire |’'avait donc pris pour un ivrogne ! Cette anecdote montre que les dictionnaires ne nous disent pas tout, que les mots, méme les plus simples d’une langue, sont souvent chargés d’un sens que leur confére le contexte historique et social.. ... Suite en page 4.