4— Le Soleil de Colombie, vendredi 24 février 1984 Centre communautaire L’enquéte d’ Yves Bajar L’audience publique assez animée, durant laquelle un grand nombre d’idées ont été lancées et discutées le lundi 13 février au Holiday Inn, sur Broadway a Vancouver, peut- étre considérée comme le coup d’envoi de l'étude du Centre communautaire-école a Vancouver. (Le Soleil du 17 février, page 1) L’équipe d’étude retenue par le Comité consultatif était représentée par trois de ses membres qui ont pris bonne note des diverses propositions formulées. Cependant il nous semble, dans l'équipe, que les personnes qui s‘étaient déplacées pour exposer leur vue ou celle de l’organisation qui les avaient mandatées, ne peuvent pas étre considérées comme représentatives de tous les organismes et de tous les types de personnes qui, a un titre ou a un autre, pourraient contribuer aux activités d’un tel centre et en tirer profit. Il nous faut trés vite obtenir de la part de tous ceux et celles auxquels un centre communautraire-école francophone 4 Vancouver est susceptible d’apporter quelque chose, des indications aussi claires et nettes que Yves Bajard, responsable du groupe c mare’ per communautaire école 4 Vancouver d'une étu objectifs et les francophones pour qu'ils communautaire. quelles fonctions devrait-il remplir et quels services devrait-il rendre; qui devrait- il servir et comment. I! nous faudrait aussi savoir comment les diverses personnes inté- ressées envisagent le finance- ment de ce centre et de cette école, tant pour la construc- tion que pour son fonction- nement. II est aussi indispen- sable que nous sachions trés vite a quelles activités du centre chacune des personnes intéressées désirerait prendre part au besoin en participant aux frais auxquels elle irait par curiosité vague ou par devoir, ainsi que les activités auxquelles elle ne s’interesse- rait guére. Enfin il serait utile de connaitre les raisons de ceux ou céiics qui pensent qu’un centre communautaire- école est inutile, voire méme nuisible aux développement de la langue et de la culture francaise en Colombie britannique. Définir le cadre Ce communiqué s’adresse donc aux lecteurs du Soleil de Colombie dans le but de leur demander d’exprimer aussi méthodes de son étude. _Afin de faciliter la tache de ceux qui voudraient nous faire part de leurs opinions, il nous parait nécessaire de mieux définir le cadre dans lequel le centre communautaire-école doir se placer, ses possibilités d’ensemble et certaines des contraintes auxquelles sa mise en place doit faire face. Il s'agit d'un centre communautaire francophone a Vancouver, destiné a desser- vir en priorité l’agglomération de Vancouver Métropolitain, soit de White Rock a Lions Bay, de Richmond a Maple Ridge, Mission 4 Abbotsford. I] peut étre le premier d’une série de centres communau- taires francophones dans la province (a condition de s'avérer faisable). I] ne doit donc pas étre considéré comme un centre provincial. Pourtant, comme il est le pre- mier en date et que trés naturellement, étant en Vancouver, il semble étre destiné a servir de base a des organismes provinciaux comme la Société historique franco-colombienne, la Troupe de la Seiziéme, le Centre de la FFC, la SAV ou VYAPPCF, il aura probable- des limites 4 cela, et il est important de les définir. On peut aussi se demander a qui le centre doit s’adresser. Doit-il étre limité aux groupe- ments et individus qui, d'origine ethnique francaise continuent 4 utiliser le fran- cais de maniére systématique dans leur vie quotidienne? Ou bien l’étendre 4 ceux qui lutilisent moins souvent, mais veulent rester en contact avec leur culture d'origine: Ou encore en faire une occasion pour raviver une conscience d’appartenance chez ceux qui malgré leur nom frangais, se sont coupés de leur origine? Ou bien encore |’ouvrir large- ment 4 tous ceux qui, quelle que soit leur origine, s’inté- ressent 4 la langue et aux divers aspects de la culture francaise? Ceci vaut qu’on s'y arréte, car selon le cas, la population cible peut varier de 19000 (dans toute la province), 4 presque 200 000. Fonctions et réles a jouer Il faut aussi se poser la question des classes d’age auxquelles le centre s’adres- possibles sur ce quiils atten- vite que possible leur avis au ment un role & jouer 4 era de préférence : enfants dent d’un tel centre-€école, sujet du centre envisagé et de l'échelle provinciale : infor- pré-scolaires Ki atanis comment ils le voient, o& répondre aux questions ci- mation, communication, personnes d’age rt pai serait-il le “mieux placé, dessous. sesh 4 * coordination. “ll -y*asbien str -~ 4.54 = Le centre selon... En contrepoint a l'intervention d’Yves Bajard dans «Le Soleil de Colombie», nous publions les commentaires de qua‘ communautaire 4 Vancouver. plus, nous rendons pu tre sonnalités de la francophonie sur l’idée d’un Centre que une réaction de la maison d’accueil de Vancouver Nord qui estime qu’un centre communautaire remettrait sa propre existence en cause. : André Chollat Président de la Société Historique franco-colombienne «Un centre communau- taire n’est pas une affaire de quartier avec le petit endroit ou on vient jouer aux cartes et boire un verre. Qu’il y ait un local qui permette ce genre de choses, tout a fait d’accord, mais 1l’élément important, c'est que la communauté dans son “tout y! soit ‘servie.".) —) : Or cetté communauté.com- prend tout la province. Seul un role culturel moteur peut servir la commu- nauté dans son ensemble le Centre communautaire devrait donc étre la réserve d'information, de services, etc. . .. Ce dont on a besoin, c’est d’un réservoir de ressour- ces humaines qu’on ne peut pas trouver dans les quatre coins de la province et quon devrait pouvoir venir chercher dans un seul endroit pour éviter de perdre du temps 4 courir entre les différents organismes. Il est évident que si les gens peuvent contacter les diffé- - rents. organismes dans: “un ‘ méme lieu, et si, en plus, on leur offre des possibilités utili- sables sur le moment, comme un petit café, des salles de réunion ou de spectacle, ils vont s’habituer 4 venir régu- liérement. Laspect provincial du projet entrainera une réussite locale. Mais cela ne marcherait_ pas dans l'autre sens, donc le provincial est a mon avis prioritaire sur le local. André Piolat Directeur du «Soleil de Colombie» «Un centre communautaire doit étre un édifice ot les gens peuvent se rencontrer, oi il y a des salles pour le théatre, la danse, les réunions, un café- brasserie oW on peut s'asseoir, prendre un verre, parler, jouer aux dames, une biblio- théque o& on peut emprunter des livres, une salle de bil- lard . . . Autrement dit, ce devrait étre un lieu ot les gens peuvent venir avec leur famille passer quelques heures de loisir.. — La culture et le social eer ereee LARA tee i Si a forment un tout. Essayer de diviser l'un et l’autre, ca ne marche pas. Si on veut que le centre puisse marcher il faut qu'il serve les deux 4 la fois. I doit étre utile 4 toute la famille, depuis les plus jeunes aux plus vieux. Enfin, il devrait compren- dre des bureaux qui devraient étre occupés par les diffé- rentes associations. En fait, il faut que tous les aspects de la francophonie se rejoignent dans le méme édifice. Propos recueillis par Pea CT See eee ee SRT Oe eR Ore eee ze, “ay BRE ee Re FR ee be erin doer ennai Olga Kempo Professeur au collége Capilano et ancienne candidate NPD de Vancouver Nord-Capilano «Ma _premiére _ réaction quand j'ai appris qu’un centre communautaire était envisagé a Vancouver a été d’étre choquée par la nomination de cing hommes. au comité con- sultatif. Quelque soit le centre, il est fait pour tout le monde, y compris les femmes. Quant au groupe d’experts qui a été désigné par le comité consultatif, c'est un peu mieux car il y a au moins une femme, mais penser qu'un tel choix a été fait en 1984 je me sens insultée. Puisque ce choix est fait et qu'on ne peut pas revenir dessus, je dirais que je suis enthousiasmée par l’'idée d'un centre communautaire. Le probléme majeur est de savoir ou il sera situé car, pour qu’on s'en serve, qu'il soit vivant et qu'il corresponde aux besoins des gens, il faut qu'il soit dans un endroit central. Je sais que la possibilité d’y intégrer une école est contes- tée. Quant a moi, je crois qu'il ne faut pas mélanger les poires et les pommes. Une école pourrait constituer un aspect vivant, cependant il y a des facteurs de bruit, de jeunes enfants qui courent et qui pourraient géner le bon fonctionnement d’un centre communautaire. Si a chaque fois que l’on veut se réunir on ne trouve pas d’endroit parce que les enfants font trop de bruit, c’est vraiment dom- mage. Jeanne Baillaut Directrice du Centre culturel colombien « Je crois que ce serait une premiére, un réve merveilleux que de pouvoir réunir sous un méme toit, le social, le spor- tif le culturel Je pense que l'expérience n’a été. tentée nulle part et le Centre culturel serait heureux d’y participer tout en gardant son autonomie, pour donner aux artistes toute leur place. Je vois trés bien la place quiils pourraient avoir dans un centre communautaire et le réle qu’ils joueraient dans le J.F. Fournel développement de l'éducation et de ja culture. Cependant ce n'est pas a moi de décider pour les gens ce qu’ils veulent # mettre dans cet immeuble, et. jai plutét l'impression qu’ils ont envie d’un endroit ow ‘exercer des activités sportives, sociales... S’ils ne veulent pas donner beaucoup d'importance 4a la culture, je pense que la culture ira se loger ailleurs. Il n'y a aucun doute, les artistes ont toujours besoin de s’exprimer. le comité consultatif pour un centre e sur la faisabilité d’un tel centre, décrit ici les Mais surtout, il lance un appel a tous les le contactent et expriment leur vision d'un centre Une autre question a exa- miner avec attention est celle des fonctions et des rdles qu'un tel centre doit jouer. Si on le voit comme un centre communautaire local, on doit se poser la.question des acti- vités qui attireraient les gens de toute l’agglomération et les améneraient, par la suite, a avoir envie de se retrouver, de se regrouper dans des activités en francais dans leur quartier ou leur ville de résidence. Nouvelles activités périphériques Ceci est important 4 notre avis : il faut éviter que le centre ne joue un réle de drain, n’affaiblisse les orga- nismes et activités existantes et en cours de développement un peu partout dans l’agglomé- ration. Il faut aussi essayer de faire en sorte que le centre favorise le lancement de nou- velles activités périphériques. Alors que devrait étre ce centre : un foyer culturel avec ‘Yves Bajard lors de l’audience communautaire du 13 février de théatre, salles de réunions pour groupe? Une base de services sociaux desservant l'agglomération (par exemple un centre d’accueil, de con- seils et de référence aux services provinciaux et muni- cipaux existants)? Un lieu de récréation avec café, restau- rant, petits commerces de spécialités québécoises, fran- Caises Ou autres? Un centre nerveux du commerce et des activités économiques franco- phones dans l’agglomération, voire méme la province? Et aussi quel doit étre son role en matiére d’éducation? Le mot école, apposé & celui de centre communautaire, que représente-t-il pour yous? une pré-maternelle? une autre école cadre? des cours q’jm- mersion? des services Ge sou- tien et de recyclage (forma- tion continue) aux ensei- gants des systémes privés et publics de niveau primaire, secondaire ou post secon- daire? un systéme de biblio- théque? un lieu de rencontre pour éducateurs? Dans tout ce qui précéde, il ublique sur le entre er. Maison d’accueil de North Vancouver La Maison d’accueil a pré- senté son opinion a la réunion publique du 13 f€évrier au Holiday Inn, au comité de l'étude de faisabilité d'un centre communautaire pour Vancouver. Lidée est fantastique pour les organismes qui fonction- nent au niveau provincial. Exemple bibliothéque, services d'information, les Danseurs du Pacifique, etc. Pour eux c'est une facon logi- que et normale de fonction- ner. Ce n’est pas le cas pour la Maison d'accueil. Si on nous transplante dans un gros cen- tre on doit changer ou dispa- raitre. M. Chollat a dit qu'il faut bien définir le terme de «centre communautaire». Peut-étre devrait-on dire du «bureau central de services et d'information? On crie de tous cétés qu'il faut retourner aux sources — que les grosses associations et fédérations ont perdu ce contact précieux qui était Jeur raison d’étre 2 nous l’avons ! Ce'n’est pas dans un gros centre communaytaire, situé dans une autre ville que les francophones de la Rive nord développeront . yn rapprochement de langye et de culture. Nous avons notre Hotel de ville, nos bibljot¢he- ques, nos restaurants) pos médecins et dentistes, pos salles de concert, nos €coles, pourquoi pas notre propre petit centre? Nous faudra-t-il toujours courir dans une autre ville pour vivre en frangajs? Cet édifice de prévu absor- bera certainement la pyo¢5¢e majorité de fonds octroyé, par le Secrétaire d’Etat. Qui va gérer ce monument? Qui va controler les budgets? Si la Fédération a vraiment a coeur la survivance de la francophonie en Colombie britannique, il est grand temps qu'elle aide les associa- tions a gagner leur indépen- dance.