Octobre - décembre 1968/ » Ottawa comme a Victoria, et qu’ils ont gagné une station radiophonique de langue frangaise, a Vancouver, et la mise sur pied d’un program- me expérimental visant 4 l’établissement du francais comme langue officielle d’instruction, en Colombie Britannique. C’est peu, compara- tivement 4 ce que tout citoyen peut attendre d’un état qui se classe parmi les 10 plus riches au monde, mais, beaucoup si on le compare 4 ce qui existait il y a un an. Et nous sommes en 1968 Cette courte rétrospective était nécessaire pour démontrer le bien-fondé de cette associa- tion provinciale qui s’appelle La Fédération Canadienne frangaise de la Colombie Britanni- que. Ii ne fait aucun doute que si elle n’existait pas il faudrait la fonder. Il est impossible de concevoir que, d’une part, il se fera une cam- pagne de plus en plus intense, 4 travers le Canada, pour établir l’égalité juridique de tous les citoyens, de langue francaise comme de lan- gue anglaise et que, d’autre part, les francopho- nes de Colombie Britannique ne feront pas un effort collectif pour déterminer, eux-mémes, de quelle facon ils mettront cette égalité en pratique. Nous entendons de temps a autre des opi- nions voulant que l’égalité 4 atteindre doive se ramener au niveau de l’individu. Dans une société libre, présumément, c’est la personne qui est libre. De ceci il ne fait aucun doute. Cependant, il serait regrettable que cette no- tion vienne en conflit avec la nécessité d’établir les conditions nécessaires 4 l’exercice de cette liberté qui, elles, sont collectives. Ow en sommes-nous, en 1968? J’ai l’impression que l'image publique de la Fédération n’a pas besoin d’étre poussée davantage pour le moment. Tout le monde sait qu’elle existe et qu’il y a des francophones en Colombie Britannique. Ce qué le public ne sait pas, toutefois, c’est le degré de conscience et d’engagement des francophones dans des pers- pectives d’autodétermination. Si l’on en juge par le nombre et la nature des activités; si l’on détermine le dynamisme par le nombre de personnes engagées dans un mouvement d’en- semble, on est foreé d’avouer que la Fédération. en réalité, reste encore couchée sur la table des dessinateurs. Ce qui existe Pourtant, il y a déja un actif. Depuis ces derniéres années, 4 cause d’une mentalité a la mode, celle qui postule en faveur de la sépara- tion entre le spiritue] et le temporel, on a eu tendance a déprécier l’actif que constituent les paroisses. Je parle de celles qui ont été fondées spécifiquement pour le salut des Ca- nadiens franeais. Celles pour lesquelles la fi- délité a la langue a été invoquée, quand il s’est agi de les mettre sur pied. Tl en a été question au début de cet article. Le dynamisme de la Fédération, au cours des premiéres années, était mesuré par l’habileté L’APPEL Page 9 des cercles-membres 4 fonder une paroisse. Aujourd’hui, on nous recommande de toute part de sortir des salles paroissiales. Personnellement, je suis d’opinion que nous nous révélerions doublement “poires’’ si nous le faisions. Poires, rétrospectivement 4 la fon- dation ; poires, encore une fois, en abandonnant un potentie] dont nous avons mal mesuré la valeur. Il y a eu de la confusion 4 tous les niveaux, depuis trois ou quatre ans, et il est temps que nous fassions une mise au point. D’une part, on a été un peu trop pressé a interpréter la res- ponsabilité des laics comme étant une ligne de démarcation entre les prérogatives spirituelles et temporelles. D’autre part, trop de personnes ont mal compris la nécessité de séparer la lan- gue de la foi pour fins juridiques. Les Cana- diens frangais avaient, — et ont toujours, — le devoir de faire reconnaitre leur personnalité civique, mais, l’Eglise ne leur a pas donné de mandat pour servir de cheval de Troie 4 la cau- se confessionnelle. Le fait d’avoir dissocié la langue de la foi pour faire reconnaitre et met- tre en pratique le droit 4 l’enseignement en francais, en Colombie Britannique, ne doit pas étre considéré, non plus, comme déliant l’Eglise de ses responsabilités envers la communauté linguistique frangaise. On nous a souvent servi l’argument a l’effet que 1’Eglise se soit donné la mission de sauver les Ames de tous les peuples. Ce principe est aussi vieux que l’Kglise. Rien n’empéche, tou- tefois, qu’a un moment donné le peuple cana- dien-franeais s’est vu choyer d’une facon tou- te particuliére. C’est dans le sillage de ce grand voyage vers le destin qu’il s’est habitué 4 voir la paroisse comme le centre de sa vie commu- nautaire. L’EHglise, de son cdté, s’est fait la championne de la cause nationale des Cana- diens frangais. Un tel slogan que: “qui perd sa langue perd sa foi’’, n’est pas sorti du laicat mais refléte bien la pensée traditionnelle de VEeglise Canadienne franeaise. I] ne fait pas de doute que cette réalité est maintenant dé- passée et que la langue n’a pas grand’chose a voir avec la foi; il est de ces engagements dont on ne peut pas se délier simplement; une philo- sophie qui a marqué deux siécles d’histoire ne peut pas étre totalement fausse. En un mot, les seules institutions dont peu- vent se réclamer les Canadiens francais sont d’inspiration paroissiale. Abandonner ces ins- titutions pour se concentrer sur la création de structures présumément plus conformes aux temps présents, serait l’équivalent d’une capi- tulation désastreuse et d’un nouveau départ a “7éro”. Ce qu’il faut, ce n’est pas sortir des A tous mes amis et Mes clients, sachez que West, le centre de ma compagnie, Avec d’aussi bons produits, vous Y trouverez satisfaction. QUI SUIS-JE 939-7614