14 Le Soleil de’ Colombie. vendredi 21 ‘mars 1980

A la découverte du corps

1. La circulation sanguine

La série-intitulée /e Corps humain,
dont nous -verrons le. premier -épi-
sode le 23 mars aux Beaux Diman-
ches, 4 compter de 20h30, consti-
tue un événement majeur de la
télévision mondiale. Chacune de
ses cinq émissions nous révéle les
rouages merveilleusement comple-
xes de la machine humaine. Qu’il
s‘agisse de circulation sanguine, qui
fait l'objet de la premiére, le 23
mars, du phénomeéne de I’ovulation,
des sexes, de |’ordinateur le plus
Parfait qui soit et qu'on appelle le
cerveau, Ou encore de |’oeil, organe
du sens le lus précieux. peut-étre
que la nature nous ait donné, nous
serons a la fois émerveillés et
bouleversés par les images du
Corps humain.

Donc, nous verrons d'‘abord
comment circule le sang dans nos
veines et nos artéres, ce qui revient
a dire comment fonctionne le
coeur, ce viscére dont l'anatomie
n'est probablement ‘pas d'une si
grande complexité, mais dont le
réle dans |’entretien de la vie est
Capital, parce que notre coeur est la
pompe aspirante et foulante qui
permet l'irrigation de tout l’orga-
nisme et principalement du cer-
veau, lequel ne pourrait se passer
pendant plus de quelques minutes
de |'afflux sanguin indispensable a
la vie consciente, psychique, intel-
lectuele.

La circulation sanguine ne fut pas
étaplie, comme fait scientifique,
avant le premier quart du XVile
siécle. L'honneur de cette décou-
verte revient @ |'Anglais William
Harvey, qui s‘était inspiré des re-
cherches de Colombo. Il s'est ce-
pendant trouvé des savants et des
philosophes qui, en 1650, en contes-
taient encore le bien-fondé.

Muscle creux de la grosseur d'un
poing, le coeur pompe un fleuve de
sang a travers un réseau de vais-
seaux d'une longueur de 70000
kilométres. Soixante-dix fois par
minute, pendant une moyenne de
soixante-dix ans, il bat réguliére-
ment, comme une horloge bien
réglée, permettant aux poumons de
consumer le carburant essentiel,
l'oxygéne, qui est aussi une condi-
tion de la vie humaine et en fait de
tout forme de vie. Les aspects de la
Circulation sanguine sont multiples
chez I’homme. D'abord, le mouve-

ment est double puisque le sang
part du coeur et y retourne aprés un
long périple. Il y a le sang artériel,
dont la couleur et le mouvement ne
sont pas identiques a la couleur et
au mouvement du sang veineux; il y
a aussi les circulations capillaire et
pulmonaire.

Le sang est l’élément principal de
ce que les physiologistes appellent
le milieu intérieur. Ecoutons a ce
sujet Alexis Carrel: «Le milieu inté-
rieur fait partie des tissus. Il en est
inséparable. Sans lui, les éléments
anatomiques cesseraient d’exister.
Toutes les manifestations de la vie
des organes et des centres ner-
veux, nos pensées, nos affections,
la cruauté, la laideur et la beauté de
univers, son existence méme, dé-
pendent de |'état physico-chimique
de ce milieu. !l se compose du sang
qui circule dans les artéres et les
veines, et du liquide qui filtre a
travers la paroi des vaisseaux capil-
laires dans l'intérieur des tissus et
des organes. (...) Le sang est un
tissu, comme tous les autres tissus.
ll se compose d'’environ 30 000
milliards de globules rouges, et de
50_milliards de globules blancs.
Mais ces Cellules ne sont- pas,
comme celles des autres tissus,
immobilisées par une charpente.
Elles sont suspendues dans un
liquide-visqueux, le plasma. Le sang

_@St un tissu mouvant, qui s‘insinue _
Nees tOUtSs Jes parties du corps. Il

porte a chaque cellule la nourriture
dont elle a besoin. En méme temps,
il sert d'égout collecteur aux pro-
duits de déchet de la vie tissulaire.
Mais il contient aussi des substan-
ces chimiques et des cellules capa-
bles d’opérer des reconstructions
organiques dans les régions du
corps ot elles sont nécessaires.
Dans cet acte é€trange, il se
comporte comme un torrent qui, a
l'aide de la boue et des troncs
d’arbres qu'il charrie, se mettrait a
réparer les maisons placées sur sa
rive*». Nous nous permettons
d‘ajouter a cette description magis-
trale que cing a six litres de sang
circulent dans le corps humain. Les
artéres contiennent le tiers de cette
quantité et les veines les deux
autres tiers. La «phase» solide du
sang est formée de cellules qui se
nomment hématies et leucocytes,
et de plaquettes. Ce sont Jes ban-
des d’absorption de I’'hémoglobine
qui donnent sa couleur rouge a ce
liquide vivant. ,

En ce qui concerne les cellules dont
le sang est formé, le film nous
présente des vues fantastiques de
leurs nouvements et de leur agence-
ment; nous les voyons en gros plan
évoluer dans le liquide qui est leur
milieu naturel, et nous apprenons a
distinguer leurs différentes espé-
ces, car en matiére de cellules, la
spécialisation est un facteur non
négligeable. Les procédés d'investi-
gation cinématographique sont telle-
ment au point, dans cette produc-
tion, qu’ils vous permettront de voir
al'intérieur d'un poumon.

En outre, le film raconte I’histoire
de trois malades luttant contre les
troubles sanguins dus a un coeur
défectueux. A ce propos, il faut dire
tout de suite que chacun des cinq
documents de la série retrace I'his-
toire de trois cas pathologiques, car
le Corps humain, dans sa partie
documentaire, est le corps vu a
travers les maladies, ce qui parfois
donne lieu 4 des scénes de salle
d'opérations d'un réalisme saisis-
sant, que des personnes trop sensi-
bles auraient probablement du mal
a soutenir.

On sait l'importance des mala-
dies cardiaques dans une société
soumise aux dangers quotidiens de
la pollution de |'air, du stress et des
autres contraintes que |'urbanisa-
tion impose a des centaines de
fillions’- de personnes, coincées

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dan sune vie tuante qui se déve-
loppe a un rythme fou, rendant plus
aigu le probleme de la démogra-
phie.

Le sang et le coeur sont en fait
des termes synonymes quand on®
considére la vie humaine comme un
tout. La circulation sanguine n’en
demeure pas moins un mécanisme
délicat et compliqué, ainssi que
nous le constaterons en regardant
le premier film de la série Je Corps
humain. \| suffit, comme on le sait,
de |'oblitération accidentelle d'un
seul vaisseau pour mettre en péril
une existence humaine. La qualité
du sang et ses réactions a |’alimen-
tation, par exemple, ou encore au
taux de cholestérol, a |’encrasse-
ment des artéres, forment une
partie essentielle des études et des
recherches. entreprises depuis une
vingtaine d’années, et qui déja don-
nent des résultats trés positifs dans
le domaine thérapeutique. (Il
convient de signaler ici les travaux
extreémement intéressants du Dr
Jacques Letarte, de Montréal, et de
son équipe, sur le cholestérol.)
D’autre part, le traitement de |'endo-
cardite, de la péricardite, de la
myocardite et d'autres affections
du méme ordre, a fait recemment
des progrés remarquables grace
aux médicaments et a la chirurgie.

Ce document sur la circulation
sanguine, que la télévision frangaise
de Radio-Canada vous proposera le
23 mars aux Beaux Dimanches; a
20h30, répond a des questions que
le profane se pose sur la fagon de
soigner les maladies du coeur, qui
occupent, hélas! une place fort
troublante dans l’indice de mortalité
en Occident. La Fondation du Qué-
bec des maladies du coeur affirmait
récemment que ces maladies tuent
en un an plus de personnes des
deux sexes que «toutes les autres
causes de décés réunies, y compris
le cancer et les accidents de la
route». Heureusement, la méde-
cine et la chirurgie semblent pou-
voir faire des miracles, c’est un peu
‘impression, en tout cas, que le
téléspectateur tire du film sur la
circulation sanguine et des quatre
autres de laméme série:

Le deuxiéme épisode de. I‘aven-
ture fantastique que fut la réalisa-
tion de cette série a pour titre Je
Miracle de la vie. On le verra le 30
mars, toujours aux Beaux Diman-
ches, @ partir de 20h30. II s‘aqit

ys tltrce

d'une chose absolument spectacu-
laire. Car s'il est vrai que dans les
documentaires de ce genre on ris-
que souvent de montrer du «déja»
eh bien, cette fois on vous montrera
de I'inédit: pour la premiére fois, en
effet, ja caméra explorera pour vous
le phénoméne de I’ovulation dans
corps d'une femme vivante. Puis
vous verrez l'oeuf fertilisé devenir
brusquement une forte d’univers en
expansion, au fur et a mesure que
les cellules se divisent et se multi-
plient pour atteindre le chiffre de
plusieurs millions. Il y a plus.
l'aide de technique optiques qu’on
n’avait jamais encore utilisées, les
réalisateurs ont filmé un embryon
dans le ventre d'une mere; on verra
battre un coeur vieux de quarante
jours, se former le cerveau ainsi que
la colonne vertébrale, filiforme bien
str, étant donné qu’il est question
d‘un 6tre vivant pas plus grand que
l'ongle de votre pouce. On ira plus
loin que |’on va d’ordinaire dans les
films de science pure. Le Miracle de
la vie est en effet I’histoire de trois
fernmes enceintes, qui ont tout a
craindre pour la vie de leur futurs
enfants. Et le combat que ménent
les médecins pour sauver ces trois
vies est admirable.

Le dimanche 27 avril 4 20h30, la
télévision de Radio-Canada présen-
tera, troisieme de la série, un film
ayant pour sujet les diverses fonc-
tions du corps humain relativement
a la sexualité. Les Sexes mettent
l'accent sur.la conception moderne
des problemes reliés a la fertilité
chez |'homme comme chez la
femme, ainsi qu'aux glandes endo-
crines et aux déterminismes hormo-
naux. On examinera, par exemple,
le cas d'un homme qui a subi une
vasectomie et qui, ayant changé
d’avis, veut retrouver l'usage de
son pouvoir de procréer.

Le cerveau sera le sujet de la
quatrieme émission, qui sera télévi-
sée le 18 mai a 20h30. La encore,
trois cas seront étudiés, dont celui
d’une jeune fille qui un jour, pres-
que soudainement, n‘est plus mai-
tresse de ses gestes, ne peut plus,
par exemple, bouger son bras gau-
che,iLe film nous montre les pro-
grés continuels que la science fait
dans fa connaissance du cerveau.

La derniére émission,. qui sera
télévisée le 8 juin a 20h30, sera un
regard nouveau jeté précisément
sur l'organe de la vue. La structure

de I’oeil est une des merveilles de la
nature, et c'est ce que le film nous.
permet de voir.

Les critiques les plus élogieuses
ont salué, aux Etats-Unis, la présen-
tation du Corps humain, notam-
ment |’épisode sur la formation du
foetus, depuis la conception jusqu’a
la naissance. Ni Variety ni le New
York Times n'ont manqué de souli-
gner le degré d’avancement ot en
est aujourd'hui I‘obstétrique.

ll faut ajouter également que pas
une fois, dans toute la série, la
beauté des images n’est sacrifiée a
une information qui reste néan-
moins extrémement précise et pré-
cieuse, et que di’ailleurs on s’est
efforcé de mettre a la portée du
plus grand nombre. Le rdle du
dessin animé y est en outre de
toute premiére importance, surtout
quand i! faut illustrer des mécanis-
mes physiologiques qui exigeraient
des pages et des pages d’explica-
tions. On peut dire de la série /e
Corps humain qu'elle est une illus-
tration vivante de |’art de simplifier
les faits scientifiques les plus
complexes, tout en respectant la
vérité a tous égards.

Chaque émission durera une
heure. a

La série, production de The To-
morrow Entertainment Medcom
Company, de New York, a remporté
les honneurs de plusieurs prix et
trophées, entre autres les trophées
Emmy et Christopher pour la réalisa:
tion sur le cerveau.

Ce sont cing émissions que nos
téléspectateurs ne voudront certai-
nement pas manquer. Des resumes
leur en seront fournis dans la revue
Ici Radio-Canada télévision avant
les dates de diffussion mention-
nées plus haut. La prochaine’ date a
retenir est celle du dimanche 23
mars, alors que la télévision fran-
gaise de Radio-Canada présentera
la Circulation sanguine, aux Beaux
Dimanches, a partir de 20h30: