—] nn an a 2 I ee Met! ||| Ie VOUS M’EN DIREZ TANT Au Ris de Veau ‘¢Sais-tu, Délima’’, dit Ro- saire pour la troisiéme fois, fatigué de courir les grands magasins ouverts en noc- turne ce soir-la, ‘‘aprés le magasinage’ allons manger au restaurant’’. Mais Délima ne l’entend pas. Les soldes sont si intéressantes, aprés le Nouvel An, qu’elle ne sait plus od donner de la téte.La société de consommation a dQ étre inventée spéciale- ment pour notre Délima. - ‘*Enfin Délima, le restau- rant, c’est oui ou c’estnon?’”’ -‘*Naturellement que c’est oui. taurant’’. Les voila donc au Ris de Veau. ‘*Attends-moi, dit Ro-; saire, je vaischétker mon coat’. Délima*fait la gri- mace. Depuis qu’elle a dé- cidé de perfectionner son francais, ell¢- est-consciente des anglicismes de son mari. Elle n’ose pas lui répliquer que checker son coat est du pur joual. ‘‘Je lui dirai plus tard que déposer son pale- tot au vestiaire est tout de méme plus élégant’’, se dit- elle. Le maftre d’hdtel les place A une petite table pour deux. Nappe blanche, petite lampe A lumiére tamisée, fleur. artificielle dans un vase A long col, tout y est. Délima laisse glisser son manteau de lapin sur le dos- sier de sa chaise, révélant sa plus belle robe, un four- reau de laine noire avec un - col (et non collet) de den- telle. Connaissant bien l’ap- _pétit de Rosaire, elle savait - d@’avance qu’ils termine- Essayons le Ris. de. Veau, c’est un nouveau res- raient la soirée au restau- rant. ‘‘Onprend de la soupe”’? demande Rosaire , affamé. **Du potage, rectifie douce- ment sa moitié, mais bien sfr’’. La serveuse arrive et prend leur commande. Dé- lima choisit le steak 4 point, la salade de laitue et le ga- teau 4 la noix de coco. Elle refuse de dire gAteau au co- conut, et laserveuse la com- prend quand mémetrés bien. e-eROSaire choisit son plat préféré. -‘‘Un Hot.chicken avec des patates pilées, et une liqueur douce’’. .La grappe de raisin est formée de grains de raisins et non pas de raisins. - ‘*Mon doux, se désole Dé- lima, tu aurais pu tout de méme faire un effort et dire un sandwiggu poulet chaud et une -boigson gazeuse. Aprés tout, ‘tu as eu de ]’a- vancement * au travail, ton langage d 2lever aussi’’. -**C’est rai, C@que tu dis 14, chére’’, répond Ro- saire en avalant son potage. Les. plats principaux ar- rivent et sont excellents, “G’est pas: pire; Acie’, dit Rosaire, satisfait. ‘‘ Non, ré- plique Délima avec dans ‘la voix une nuance rectifica- trice, ce n’est pas mal du (Office de la langue frang aise). tout’’. Aprés leur café, Ro- Saire annonce qu’il faut ‘‘watcher la waitress pour a- voir le bill’’. Délima sur- saute: ‘‘Vraiment, Rosaire, dans ta nouvelle position il faut éviter le joual. Tu veux dire attirer l’attention de la serveuse pour demander']’ addition’’. -‘‘Tu parles donc ben, Dé- lima’’, susurre Rosaire avec un regard plein d’amour Asa femme. -‘*Tu penses, Rosaire, quand j’ai mis ma robe de 50 pias- tres, euh dollars, je ne peux pas faire autrement’’. Louis-Paul Béguin VOTRE VOCABULAIRE Par A.A. Hards -DEVINETTE : Les traits indiquent le nombre de lettres dans les mots qui manquent. Chaque mot se forme avec les mémes lettres arrangées d’une maniére différente. *1ougs ‘ouser ‘o139U Dans un pays lointain, le chef de 1’état Est un ----- qui a beaucoup d’éclat. A tous points de vue ‘Tl ----- tout nu, Mais il vit sans se ----- pour ¢a. : NOILNTOS LE COIN” PHILATELIQUE Cette illustration rappelle l’@poque des timbres ‘Lsd” et le fait qu’avant d’adopter une attitude plus flexible 4 l’égard de nouvelles émissions, la Grande - Bretagne présentait encore une abondance de timbres particuli¢érement intéressants au point de vue philatélique, méme en 1948. On voit ici un choix de timbres du régne de Georges VI jusqu’a cette année-1la, dans les émissions définitives et spéciales, y compris les timbres de valeur plus élevée. LE SOLEIL, 9 JUIN 1972, XIII