SP ae ee ¥ oe z aa = UN TEINT de lys et de rose, un corps de Diane, un talent fou, Dominique Sanda est, a 19 ans, sans scandale et sans tapage, en train de saffirmer comme lune des premieres stars francaises, et cela grace a son travail. Tout lui arrive. Elle n’a pas le temps d’émeitre un souhait quil est aussitot comble. Decouverte par Robert Bresson _ aiors quelle avait seize ans pour tenir le premier role d’Une femme douce”, elle n’a cesse depuis de tourner Allemagne et en Italie. Dans “le Conformiste’’, le tres beau film de Bernardo Bertolucci, elle etait une blonde irresistible. dont Jean-Louis Trintignant tom- bait amoureux. On la verra bientot dans ‘Premier Amour’, d’aprés Tourgue- niev, avec Maximilien Schell, dans ‘le Jardin des Finzi Contini’’ de Vittorio de Sica, et dans ‘la Nuit des fleurs’ de Vittorio | Baldi. Elle n’a décidément pas fini de nous etonner. En mai, Dominique, sous la di- rection de Philippe Labro, a commence son premier film policier. Ce mois-ci, en Sardaigne et en Corse, elle sera la vedette- de la nou- velle réalisation de Miche- langelo Antonioni. Avec son doux ef mysté rieux sourire, elle avoue in- | genument: “J’ai encore beaucoup de projets, mais je prefere ne pas choisir trop a l’avance pour étre libre si un film | superbe se presente.” » Dominique Sanda Un corps.de Diane, wn talent Jou. Sean Connery oar Axel Madsen “JOUER James Bond de nouveau, oui c’est drdle’, dit Sean Connery. “Maintenant Bond est plus décontracté, plus vieux et plus sage”, dit Guy Ha- milton. Mais la formule, disent- ils, n’a pas change et “Dia- monds Are Forever’? mon- trera encore une fois l’a- gent 007 partageant son temps entre les coups durs et les délices de l'amour. Faire un Bond sans Con- nery est une idée qui a coute cher a Chubby Broc- coli et Harry Saltzman, les producteurs-partenaires de tous les “authentiques” James Bond (“Casino Royal” était la seule ex- ception), et a la United Ar- tists. Connery avait exigé un million de dollars et un pourcentage des beénéfices pour “On Her Majesty’s Secret Service’; la trinite Broccoli, Saltzman et UA l'accusa de chantage. Plu- tét que payer le million a Connery, ils prirent l’Aus- tralien inconnu Allan La- zenby. dépensérent $200,000 en publicite de lancement et firent... un four. Tout le monde svest rendu a l’évidence: Sean Connery est James Bond. Il touchera un million et aura droit a un pourcentage des profits pour “Diamonds Are Forever”. Depuis le 5 avril, il se partage entre la chasse aux contrebandiers de diamants et les délices de Tiffany Case (et de quel- ques autres beautés qui ne sont pas dans le roman ori- ginal); on tourne a Las Vegas, Hollywood, Londres et Amsterdam. Le nouveau 007 est réalisé par Guy Ha- milton, metteur en scéne de ‘Goldfinger’ — avec “Thunderball” la plus grande réussite de la série. Le budget: $7 millions. “Le film ressemble peu au livre de Fleming, écrit il y a quinze ans, mais c’est peut-étre le meilleur Bond qu’on a fait’, dit Connery. Hamilton tourne quelques interieurs aux stu- dios de la Goldwyn, aprés huit semaines a Las Vegas et avant les huit semaines de tournage en Europe. L'appdt du gain “Cest du cinéma du sa- medi soir, ne nous leurrons pas. C’est du cinéma mon- trant des lieux insolites et exotiques et des belles fil- les, un cinéma qui ne de- mande pas beaucoup d’ef- fort.” En smoking blanc, oeillet a la boutonniere, Connery joue lagent secret sans il- lusions. I] ne cache pas la raison principale de sa pre- sence sur les lieux: l’ar- gent, et la chance de chan- ger de métier par la suite. Apres “You Only Live Twice” il s’était juré de ne jamais plus jouer James Bond. “Il a fallu une ca- rotte geante, dit-il pour me faire changer d’avis. Oui, cest largent et la pro- messe que je pourral par la suite faire deux autres films qui n’ont rien a voir avec James Bond.” Il explique que c'est le genre de contrat dont tout acteur réve: un accord avec United Artists pour la pro- duction de deux films de son choix. Il peut les écrire, les realiser ou en étre la vedette comme bon lui semble. Connery est de bonne hu- meur et, a quelques pas, on dirait quil n’a pas vieilli d’un jour depuis “Dr No’, le premier Bond qui date déja de 1963. Il na pas lair affadi et décave comme sur les photos pri- ses a Londres a l'occasion du premier tour de mani- velle de ‘Diamonds Are Fo- rever’” en avril. C’est pro- | bablement l’air du Nevada | et de la céte californienne (oi Hamilton a tourné une | des grandes sequences | “‘bondesques”’ sur une plate- forme de forage de _ pe- trole) qui lui fait du bien. D’apres UA, Connery, a 40 ans ne pese qile trois livres de trop. “Il n’y a pas de doute que je dois beaucoup aux James Bond — celui-ci est mon sixieme — et ils m/’ont permi de faire autre chose. Mais je n’ai pas l’intention de res- ter acteur toute ma vie, cest sur.” Du mot a l'image D’apres Hamilton, dont le dernier film était l’enorine “Battle of Britain’, la for- mule 007 n’a pas eté modi- fiee dans “Diamonds Are Forever”. ‘‘Le truc, me dit-il, est de trouver quel- que chose de nouveau a dire et a filmer. Le genre prolifere surtout a la TV Comme ¢a nous avons dt: faire une chasse a | auto totalement différente.”’ La clé du succes de James Bond, qui peui dater, aujourd’hui ou la “contreculture’ na pas Vaffection des années 50 ef 60 pour le super-flic et Ja guerre froide, est sans douir dans Voeuvre de Fleming lui-méme. Fleming était & son onzieme James Bond quand une mort prematu- rée l’emporta en 1964. “Montrer”’ ce que le ro- mancier “raconte” nest pas particuli¢rement facile dans le cas de Fleming et avant d’entrer dans la ronde vertigineuse des mil liards (les recetles des quatre premiers: “Dr No”. “From Russia With Love’. “Goldfinger” et ~Thunder- ball’, dépassent ie quart | de milliard de dollars). Les collaborateurs devaient tra- | vailler d’arrache-pied. Fleming est un explora- teur féroce du monde des sensations; i] écrit avec vo racité sur la luxure gastro- | nomique (ce que le cinema fait difficiiement) et sur !es | appétits sexuels de son héros (ce que la censure | tend a modérer). Fleming s’attarde voluptueusement sur les oisives activités des classes priviligees, donne a Bond une garde-robe im- peccable, lui iait fumer des cigarettes turques spéciales et décrit avec précision le ridicule que 007 ressent quand il est oblige de trai- ter affaires avec le gouver- neur des Bahamas “assis sur un sofa mauve en coton imprimeé’’. Mieux que quiconque, Fleming savait donner la sensation de conduire une voiture a 120 a l’heure, ve que le cinéma rend diffici- lement. Peut-étre parce qu’on ne sait pas au juste ou placer la camera, le ci- nema a tendance a nous i- frir des pneus hurlants.sur ia piste sonore, des gros plans de mains sur le vo- lant et des plans de la route vue a travers le pa- re-brise. Un cété dessin animé Terence Young. le pre- mier realisateur des Bond, a du hesiter un moment en face de cet amas de détails pratiquement inadaptables mais indisperisables puts- quils Gtaient a la base du succés des romans. -Qui trouva ja solution de trans- former le tout en une seule et vaste blague? ; a Liidee nest probablemen! pas venue en un eclair. “Dr No” est plein d’hunour cruel et bien dosé. Les bla- gues sont celles des man- ° chettes du jour (Le Goy: volé de la National Gallery en » 1952 embellit Ie mur chez Je Dr No). **Bons bat- sers de Russie’ est déja plus audacieux quoique en- core alourd! par une longue séquence de danseurs: gi- tans. Young pousse le‘eoieé “dessin animé” des prota- vonistes et il enleve ce me- pris impudent que le Bond des romans a toujours ‘en- fretenu a l'égard des va- leurs morales quit est |; conse defendre en tant que salari¢é de la Couronne bii- tanhique Saltzinan & Brocolli et Jeurs sccnaristes (Richard Maibaum de Véguipe origi- | nale, et Tom Mankiewicz) nont. pas a craindre de trahir Jan Fleming e adaptant *Diamonds - Are Forever’, puisque personne ne lit plus les- romans, ger. James Bond est essetr- tiellement un personnage du passe. La métaphysique du gadget est demodée et | le mepris de I’humain, le | fascisme narquois et le me | tier meme du_ personnage central sont autant d’obsta- cles a Ja sympathie des gé- nérations montantes. Mais. comme dit Connery, ¢’est du cinéma sans pretention. | | | | | | Mais {2 est aussi le dan- | Isabelle par Jacques Baillaut Le chateau de brume bleue baigne dans le soleil. Em- pruntant l’escalier de pierre aux marches usées par les ans, Isabelle est montée au donjon s@éculaire od sa grand-mére Isabeau venait broder ou filer l’écheveau, en attendant le retour au logis du grand-pére, son mari, souvent parti 4 guer- royer ou A chasser les bi- ches et les soubrettes... ce vieux coquin. La ville aux batiments car- rés ressemble 4 un gros jeu de cubes. Elle est, dans la distance, presque jolie. Isabelle peut voir un petit train longeant la mer. Son oncle, le mont Whistler, en- core coiffé de blanc, sourit de toutes ses dents de glace, alors qu’en face, le mont Baker, un cousin éloigné d’ Amérique, lui fait des graces. Les habitants de la forét ont quitté leur demeure 4 la recherche du tendre bour- geon et de l’herbe parfumée. Au fond du jardin, un arc-en- ciel se dessine dans la pluie fine du tourniquet ; petite on- dée artificielle ot les oi- seaux prennent leur douche. Les lions n’ont plus de cha- peaux. Isabelle est bronzée comme la dame d’a-cdté qui passe ses journées sur la plage. ISABELLE peut étre enten- due A 1l’émission ‘‘Du vent | dans les voiles’’ présentée | par Serge Arsenault du lundi | au vendredi a 7 h, sur les ondes de CBUF-FM, 97.7 Vancouver et le dimanche 4 8 h 33 au réseau national.