Le Soleil de Colombie, vendredi 18 aodt 1989 - 11 VOYAGES Reécit d'un tour du monde De Sligo a Galway Par Jean-Claude Boyer ‘Penché maintenant sur un garde-fou, j’observe une centai- ne de cygnes se croisant avec aisance sur les eaux calmes de la Corrib. Il y en a en tout cing cents, parait-il. Leur présence souligne, en blancheur et en grace, le quinziéme... centenai- re de Galway. (Cette ville fut au Moyen Age un important port de commerce en relation avec l’Espagne.) A un coin de rue, Clic!, photo d’une librairie a l’enseigne inédite: UNTITLED, «sans titre». Plus loin, j’aper- Gois «l’arche espagnole», dans un vieux mur de pierre, témoin de |’époque mercantile et des luttes épiques contre l’envahis- seur normand. A proximité se trouve un barrage ou |’on peut observer, la saison venue, des milliers de saumons préts a remonter le courant. En medirigeant ensuite vers la cathédrale, le long de la riviére, j’apercois, dans la cour d’une école, une statue de saint Joseph, 6 miracle!, absolument intacte. Il aurait vite perdu la téte, lepére de Jésus, si on avait sé I’installer dans la cour de I’école Langevin (Montréal), ou j'ai fait mes premiéres armes dans l’enseignement. La cathé- drale moderne, au double nom: . Notre-Dame de |’Assomption et Saint-Nicolas, a été en grande partie construite avec la pierre ~ calcaire dela région. A I’entrée, je glisse dans mon sac deux feuillets de priéres illustrés, les mémes que ceux dont se servaient autrefois mon pére (membre dé la Ligue du Sacré-Coeur) et ma _ mere («soldate» de la Légion de Marie) pour élever leur ame vers Dieu; j’admirais leur foi profonde et leur grande piété. Surprise en cette église, une innovation: «Chapelle des méres», parfaitement insonori- sée. Les enfants peuvent y bramer a loisir sans géner les fidéles. De retour sur la place Eyre, je me repose pres d'un monument curieux: porte ouvragée et fenétre (juste au-dessus) encas- trées dans un simple pan de mur. J'interroge un jeune, puis a une personne agée; ni I’un ni l'autre ne connait l’origine de ces pierres. Une carte postale me renseignera: ce sont les vestiges d’un célébre manoir. J’entreprends une conversa- tion avec un retraité a la verve intarissable. II se fait un plaisir de me dire quelques mots en gaélique. «What?» Ne retenons de ses propos que l’histoire peu banale de la statue de bronze représentant un personnage assis prés de nous, au milieu | d'une petite rocaille toute fleurie. Cet Irlandais a écrit d’admirables contes pour en- fants, dont plusieurs figurent dans les manuels scolaires. Or, - il est mort pauvre et inconnu. A ce point inconnu en fait que le moment venu d’ériger ce monument a sa mémoire, il a fallu. publier un avis de recherche pour retrouver sa tombe! Je prends une photo de mon conteur et de l’illustre inconnu, tous deux portant chapeaux a la mode du pays. Curieux de connaitre les faits entourant la statue d’un autre personnage, debout sur un socle élevé, je m’adresse a un autre retraité qui lui aussi se montre volubile. Je jette quelques détails dans mon journal: comme le principal instigateur d’une guerre civile _youlait condamner a mort une centaine de citoyens, le héros de la statue proposa qu’on fusille plut6t les chefs des quatre comtés, dont lui-méme. (Je sens aujourd’hui le désir d’en savoir davantage.) Ce «bon p'tit vieux» parle, lui aussi, le gaélique. Me voila maintenant, aprés un. repas léger sur le pouce, dans une église mal éclairée parmi de nombreux fidéles venus assis- ter a la messe du soir. Ferveur édifiante. A la sortie, on vend _ “des objets de piété. Parmi ces objets, surprise et émotion!, un petit livre d'images pour enfants sur la vie des Saints, la version anglaise de celui que j'ai moi-méme regu, le coeur vibrant de transports séraphiques, en récompense a |’école au début des années 50. J’étais alors croisé, ou petit soldat du Christ, impatient de ramener a Jésus le monde mauvais et brdlant du désir de devenir le premier saint Jean-Claude. Toute mon éduca- tion primaire, lardée de bon- dieuserie et de «dévotionisme», me revient soudain a la mémoire. Je revois_ saint Antoine de Padoue-le-nez- fourré-partout, saint Louis de Gonzague, «special patron of boys and girls», saint Francois d’Assise entourant de ses bras le corps du Christ en croix, sous le regard d’angelots émergeant des nuages. Je revois cette image désespérante (chef- d’oeuvre de miévrerie) de saint Jude, patron des _ causes désespérées. Ah!, le fameux saint Laurent, gril en main; son «Tournez-moi, je suis assez roti de ce cdté a littéralement enflammé mon_ imagination d’enfant. Je tourne d'autres pages. Le feu de |l’enfer léche toujours le bas de celle qui illustre la victoire de saint Michel sur Lucifer. Et: revoila, bien entendu, saint Patrick mitré et crossé, en chasuble verte, chassant dans la mer verte trois scorpions verts. C’est grace a lui, le patron des Irlandais, que j’ai pu saisir a un age précoce le mystére de la Trinité: un tréfle se compose de trois feuilles, disait-il, sans perdre pour autant-son unité. Au nom du Pére et du Fils et du Saint-Esprit. Amen. Je reprends ma balade au hasard, éprouvant maintenant le besoin de me détendre dans un de ces pubs ou explose chaque soir la joie de vivre irlandaise. (Des toilettes publi- ques dégagent une senteur pénétrante d’écurie.) Je choisis THE GALWAY ARMS INN aqui annonce: TRADITIONAL AND FOLK MUSIC. Ce pub tout simple, comme une salle de séjour dans une maison privée, est déja plein d’une ambiance chaude de fin de soirée. Sur le .mur prés du bar, une carte de l’Irlande au milieu de laquelle sourit M. Reagan; elle commé- more sa récente visite au pays de ses ancétres. Les musiciens déposent leurs instruments (violon, guitare, banjo, flate et tambourin) pour la pause-café, pour la ‘pause-stout (biére brune, épaisse et forte) devrait- on dire. Stout en main, je m’asseois dans une piéce attenante avec deux Américai- nes du New Hampshire parfaite- ment ivres qui viennent de s’effondrer devant le téléviseur pour regarder les nouvelles. Reportages sur les élections canadiennes (victoire de M. Mulroney) et le voyage du pape au Canada. Lorsque la musique reprend, je retourne au... salon ou le folklore «enlevant» de la vieille Irlande dissipe en moi toute trace de fatigue. Refrains et rythmes me rameénent, corps et ame, anos «veillées du bon vieux temps» ou mon pére faisait rougir son accordéon. Coup d’oeil a ma montre. Déja? Longue marche rapide vers mon B&B - dans la semi-obscurité. Je passe de- vant le collége universitaire de Galway, dont les premiéres inscriptions remontent a 1485! J’arrive enfin a l’enseigne «Lake House B&B», décorée d’un tréfle. Sur le mur du batiment voisin, je distingue Mickey Mouse et Goofy aux oreilles pendantes; peinture étonnante de vie. Que dire de |’héberge- ment? Excellent en tous points! Avant d’éteindre la lumiére, je griffonne quelques notes dans mon journal. Les derniers mots: «Un voyage d'un an au bout du monde n est finalement qu'un long chapelet de petits voyages». Je glisse |’édredon sous le menton. Bonne nuit. unicef @ ALCOOL... TROP, TROP SOUVENT, C'EST RISQUE! A.C.F.A. Régionale de Calgary Nous sommes a la recherche d'une personne pour superviser le «Salon du livre» de |'ACELF pour une période de trois mois. Exigences: - personne dynamique - entrepreneur - capable de travailler en équipe - tres bonne connaissance de la langue francaise écrite et pariée -intérét marqué pour la littérature Salaire a négocier date limite: 25 aodt 1989 Faites parvenir votre curriculum vitae a l’adresse suivante: A.C.F.A. régionale de Calgary 305, 902-11éme avenue S.0. Calgary [Alberta] T2R OE7 Pour de plus amples informations,s.v.p. téléphoner au 228-4095. iw Transports Transport Canada Canada EN QUETE DE VOLONTAIRES POUR L’AEROPORT Nous avons besoin de volontaires pour travailler a l’aéroport quelques heures par semaine, comme agents d'information ambulante. Si cette offre vous intéresse, veuillez appeler Nella Melchiorre au No 276-6366 (Transports Canada, Aéroport international de Vancouver). Canada COMMUNIQUE LE CONSEIL JEUNESSE FRANCO-COLOMBIEN [C.J.F.C. INC.] est triste, ilaun beau nom, mais il est seul dans lavie. ll faudrait lui trouver un ami, un compagnon, pour aller partout avec lui, pour le suivre. Cet ami a un nom trés spécial: LOGO Le C.J.F.C. Inc. lance un concours pour trouver son ami LOGO. OU: Le concours est ouvert a tous les francophones et francophiles de la province, agés de 13 4 25 ans. Les membres du Conseil des représentants sont exclus, car ce sont eux qui vont juger le concours. QUAND: Le concours est ouvert dés maintenant et se terminera le. 23 septembre. Le nom du gagnant sera donné dans le prochain Infojeune. COMMENT: Le logo doit étre sur une page blanche 8 1/2 x 11. Sur une autre page, le nom et l’adresse du candidat doivent étre mentionnés. Envoyer le tout a: Conseil jeunesse franco-colombien Inc. 853, rue Richards, bureau 104 Vancouver (C.-B.) V6B 3B4 PRIX: Un prix de 50$ sera remis au gagnant. CARE CANADA CACOMP TE! 4 he CAREALOBOVRE,