Le Soleil de Colombie, Vendredi 15 Juillet 1977 11 L’eau : De nombreuses utilisations essentielles Transport. C’est par voie d’eau qu'il est Je plus économi- que de transporter les matiéres premiéres qui sont a la base méme du commerce d’exporta- tion du Canada — le blé, les pates et papiers. Je bois d’oeuvre et les minéraux — vers les marchés internationaux. Ona soutenu gue Je transport par voie d’eau a ]’intérieur d’un pays était devenu désuet. mais l’aug- mentation croissante des quanti- tés de marchandises transpor- tées de cette facon. non seule- ~ ment au Canada mais aux Etats- Unis et en Furope. réfute cela. La Voie maritime du Saint- Laurent complétée en 1959 au cofit de $470 millions dont Ja part du Canada revint a $330 millions — témoigne de la confiance que ]’on a dans l'avenir du transport par voie d'eau. En empruntant Ja Voie maritime du Saint-Laurent, on a pu transpor- ter 75.17 millions de tonnes de marchandises en 1973, compara- tivement 4 seulement 60 millions de tonnes en 1965. Les condi- tions atmosphériques. en 1974, étaient impropres au transport par yoie d’eau. et le total a diminué a 387 000 tonnes. Sur le fleuve Mackenzie, les marchandises transportées par la Northern Transportation Company, Ja principale ligne locale, sont passées d’a peine 91 000 tonnes en 1954. 4 128 000 tonnes en 1964. pour atteindre en 1972 le total de 399 000 tonnes, quatre fois ou plus celui de 1954. Une bonne partie de la riches- se du Canada dépend de l’indus- trie forestiére, qui a toujours fait un usage considérable des cours d’eau et des eaux cétiéres pour transporter ses matiéres pre- miéres et ses produits finis 4 un cofit abordable. Il est peu probable que le transport. par voie d’eau perde l'avantage considérable qu'il dé- tient sur le plan économique pour les cargaisons en vrac. Loin de devenir désuet. i] continuera probablement de connaftre un essor constant. Agriculture. Ia plus grande partie des terres au Canada dépendent de _ ’approvisionne- ment nature] en eau qui provient directement de Ja neige et de la pluie. Des quelque 28.35 millions d'hectares cultivés chaque an- née, seuls environ 485.000 sont irrigués —soit moins de 2 pour cent de toutes Jes terres amen- dées. Les régions irriguées, se- lon le recensement de 1971, comprenaient: 99 000 hectares en Colombie-Rritannique, 217 000 en Alberta. 32 000 en Saskatchewan, 2 950 au Manito- ba, 40 000 en Ontario. 37 500 au Québec et 1 800 dans les provin- ss de ]’Atlantique On a perfectionné les systé- mes diirrigation par gravité au. moyen d’un programme de nivel- lement des terres et de l’amélio- ration des méthodes d’irrigation. Des systémes sous pression distribuant l’eau A l'aide d’arro- soirs ont remplacé quelques-uns des systémes par gravité qui ne donnaient pas de bons résultats, et ont rendu possible l'irrigation dans des endroits qui ne pou- vaient étre submergés. Lorsqu’ on tente d’accroitre la superficie irriguée, l'obstacle 4 surmonter est habituellement la provision d'eau limitée qui est disponible 1 i x eE 1a ot l'on en a le plus grand besoin. Les utilisations du sol peuvent influer sensiblement sur le débit des cours d’eau. Lorsque l’ex- ploitation agricole n’est pas faite avec soin, ]’écoulement. de la fonte des neiges et de la pluie peut étre accéléré et produire une érosion du so]. En plus d’une Les Canadiens en vaccances recherchent surtout les plaisirs aquatiques. Natation. péche, ca- . not, ski nautique sont de plus en plus populaires, et tous exigent de l’eau exempte de pollution. Toutefois, nombre de riviéres et de lacs prés des grands centres urbains sont pollués au point de ne plus pouvoir servir pour fins Les chutes de neige sur les montagnes forment des glaciers qui, a leur tour, alimentent les cours d’eau a longueur d’année. perte importante de sol, cela peut avoir des effets défavora- - bles sur les cours d’eau qui recoivent !’écoulement. Les inon- dations peuvent devenir sérieu- ses, les cours d’eau peuvent devenir bourheux par suite de l’addition de so] érodé, et on voit parfois apparaftre des bancs de sol 14 ot la vélocité de l'eau est réduite. I.es cultivateurs sont de plus en plus conscients de |'im- portance dadopter des métho- des de culture qui permettent de conserver la précipitation pour les récoltes, de réduire les pertes de so] et de préserver les cours d’eau. . Loisirs. Fin 1941. 4 peine plus de 50 pour cent de Ja population du Canada habitait a la ville. Aujourd’hui, Jes citadins consti- tuent 76 pour cent. du total. Prés de la moitié de Ja population canadienne est concentrée dans 19 villes de 100,000 Ames ou plus. Cette tendance vers la vie urbaine s'est accompagnée du désir d’échapper aux pressions de l’activité fébrile des grandes villes. L’exode annuel vers la campagne, durant, les mois d’été, est directement attribuable a l’accroissement des loisirs, dont bénéficient la plupart des Cana- diens, ainsi qu’au fait que de nombreuses personnes sont maintenant propriétaires d’une voiture privée. Ie nombre des automobiles est passé d’une voiture pour 8 personnes en 1949, a une voiture pour 3 ‘2 personnes en J972. de loisirs. Les villégiateurs re- cherchent done ceux qui ne sont pas pollués, et on a aménagé de nombreux réservoirs 4 cette fin. Le projet de Ja riviére Saskat- chewan-Sud en est. un exemple. Plusieurs des barrages construits récemment dans le sud de !’Ontario pour prévenir les inondations ou conserver l'eau ont été concus de fagon que leurs réservoirs puissent servir également pour les loisirs. Dans la région du Toronto métropoli- tain, cing réservoirs sont desti- nés exclusivement. aux loisirs. On tient compte maintenant des exigences en matiére de loisirs lorsau’i! est question de projets portant sur une -utilisa- tion quelconque de l'eau. Les revendications de certains grou- pes qui s'intéressent aux loisirs ont fini par influer sur les décisions touchant |’emplace- ment de projets hydro-électri- ques. On tient compte également du earactére des opérations en- visagées et de leur effet possible sur les loisirs. ‘ La navigation de plaisance sur les cours d’ean naturels et artificiels a connu un essor phénoménal ces derniéres an- nées. Chaaue année. des milliers de bateaux de plaisance emprun- tent les cours d’eau du Canada. Le canal Rideau entre Ottawa et Kingston, construit en 1830 pour fins de défense nationale, est utilisé de cette facon depuis de nombreuses années par les ba- teaux de plaisance voguant en- tre la riviére des Outaouais et le Saint-Laurent. Le systéme du ' canal Trent est également popu- laire. . On devient de plus en plus conscient de ]’importance de l'eau exempte de pollution sur le plan récréatif ainsi que du commerce touristique trés profi- table que les loisirs aquatiques peuvent produire. et cela abouti- ra sfrement a Ja purification et a Yassainissement de nombreux cours d'eau dont la qualité s’est détériorée 4 des degrés divers. Evacuation des eaux ména- gores et résiduaires. L’eau joue un réle essentie] dans \’évacua- tion des eaux sales et des déchets que produit la société moderne. Malheureusement, on en a abusé, comme |’indique l’état de la plupart des cours d’eau qui desservent les régions peuplées. L’abondance d’eau apparente dont bénéficie Je Canada fait qu’on oublie sonvent qu’il existe une limite au volume d’eaux sales qu'un cours d’eau peut absorber. Avec Ja croissance rapide des centres urbains et la concentration d’industries dans certaines régions. on a été a méme de constater les dégats que peut causer Ja pollution lorsqu’elle n’est pas freinée. Aussi la nécessité urgénte de protéger les ressources en eau commence-t-elJe a devenir évi- dente. L’objectif d'une sage gestion des ressources en eau réside dans l’adoption d’une formule raisonnable qui tient compte de la totalité des services nom- breux et variés qu’un cours d’eau est appelé A fournir. A Pécoute du souvenir par Roger DUFRANE Etrange journce que celle-ci! La pluie et le soleil s'v montrent tour # tour ect cette alternance rend gai ou morne selon l’heure. Ecoutons la radio de langue francaise. Un honhomme parle de la production du sirop d’éra- ble. On nous coupe son discours (cela arrive parfois') au moment ou il finissait, et on nous joue des disques.sans annoneer les inter- prétes. Peut-étre croit-on amu- ser les auditeurs par ce jeu répété de devinettes J’ai tou- jours trouvé cela d’un sans-géne! Pour moi, c’est comme si on faussait compagnie 1 quelqu’un pour me mettre en présence de quelqu’un d’autre sans me le présenter. Pourtant ce résean me plait et japprécie la bonne humeur et le dynamisme des annonceurs de CBUF-FM. Leur voix et leur talent les campe 1A. tout prés de- nous. Ils nous parlent familié- rement de Vancouver. de Mont- réal, du Canada entier. et par-la contribuent directement a l’uni- té du pays. Il semble qu’on laisse aux commentateurs de Radio Canada une grande indépendance. Cela leur donne de I» spontanéité. Cependant, il m’est arrivé dans le passé de trouver matiére a critique. Fin 1968. je déplorais que les premiers annonceurs se prissent un peu pour tes cheva- liers francophones venus civili- ser l'ouest. Je me rippelle une interview en 1969 sur le Groupe francophone de la Colombie Bri- tannique, aujourd’hui les Fran- cophones, C.B. Je m’étais rendu dans un studio avec le président et le vice-président. Nous étions l4 pour parler d’amusement. L’annonceur parlait de croisade. Tl voulait des écoles frangaises. Il ne comprenait pas comment boire du vin et se régaler de petits fours servaient la cause du francais. Il me faut ajouter que les annonceurs d’aujourd’hui me paraissent plus diplomates. De toute facon, # toutes les époques de notre station locale, les annonceurs ont toniours été bien sympathiques. Je garde de hons souvenirs de mes rares contacts avec le personnel de Ja radio: direc- teurs, secrétaires, annonceurs, techniciens. Quelques rencon- tres me reviennent. A la mémoi- re: Jacques Rernard. Francois Ismert, Christian Bernard, Jac- ques Baillaut. Je me souviens d'une entrevue avee Jacques Baillaut et un délégué du Gou- vernement fédéral. On nous avait demandé ddde parler de la derniére guerre mondiale. Je me suis efforeé d’évoruer Bruxelles a la Libéraaation et les foules en délire. Le monsieur d’Ottawa a parlé des Canadiens: en Allema- gne en mai 1945 Quant a Jacques Raillaut 71 4 raconté ses tribulations en Prusse orientale. La guerre, dépeinte par lui, ressemblait 4 une aventure des Pieds-Nickelés se déployant sur un fond dramatique. On sait que Jacques Baillaut est a Radio-Canada. Ce qu’on sait moins, c’est qu'il a des premiers eollahoré 4 I’hebdoma- daire le Soleil. En ce temps-la, le Soleil portait en exergue une devise gui m’amusait: “Sans peur ni faveur”. Y collaboraient Jean Riou, Jacques Baillaut, André Piolat et moi: et a cause peut-étre de la devise je nous imaginals comme les Trois Mous- quetaires, qui, comme chacun sait, étaient quatre. André Pio- lat rédigeait I'éditorial. Jean Riou nous entretenait du “mon- de du travail”. Jacques Baillaut tenait une rubrique humoristi- que: les “propos en l’air du gondolier qu cie]”. Un bea jour, 4 force de se balancer dans l’azur. Jacques Baillaut s’est découvert poéte. Il acréé un personnage de réve, Isabelle, Symbole de la monta- gne qu'il voyait de sa fenétre. Deux énigmes m’'intriguaient: comment Jacques Buillaut, si truculent dans ses propos en lair, avait réussj Ase muer en poéte, et comment Isabelle, fée aux voiles bleus, toute mignonne et penchée sur les fleurs. pouvait représenter une grosse monta- t gne. Puis Je me suis dit qu’aprés tout humour et le Ivrisme font parfois bon ménage et que la poésie transfigure toutes choses. J’ouvre Ja fenatre Une sen- teur de rose et de jardin mouillé entre dans Ja maison. Au loin, les montagnes bleuissent. Et il me ‘ semble aPercevoir Tsabelle, les cheveux ay vent. qui court et danse a leurs sommets.