Les libéraux fédéraux au Québec : un renouvellement a pas de tortue par Claude RYAN Les trois promotions ministé- rielles annoncees , par M. Trudeau ont justement retenu 1’at- tention en raison du rdéle accru quelles semblent devoir assurer a la ville reine au sein du gouverne- ment fédéral. Compte tenu de son importance démographique et éco- nomique et de l’appul ttés fort welle donna au parti libéral a V'élection de juin 1968, la région de Toronto souffrait d’une sous-repré- sentation évidente 4 l’intérieur du cabinet. En invitant trois députés de Toronto a assumer des fonctions nouvelles dans le gouvernement, M. Trudeau a fait montre de réalis- me électoral et aussi d’équité. Parmi les trois nominations an- noncées mercredi, au moins deux paraissent excellentes; l’autre était de celles qu’un chef de gouverne- ment ne peut guére éviter. Si pa- radoxal que cela puisse sembler, c’est au sujet du plus connu dés trois nouveaux titulaires qu’on éprouve le plus d’hésitation. M. obert Stanbury promettait beau- coup lorsqu’il fit son entrée au Par- lement en compagnie de MM. Tru- deau, Marchand et Pelletier en 1965. Méme s'il se distingua en 1968 par l’appui non équivoque qu’il don- na tres tot a M. Trudeau dans la course a la succession de M. Pear- son, le député de York-Scarborough n’a guere réussi a s’imposer de- puis ce temps. On le sait affable, dévouée et ouvert: il reste difficile de le définir avec précision. Dou- glas Fisher écrivait de lui avant- hier qu’il n’a pas beaucoup d’idées: il semble, en effet, que M. Stanbu- ry ait plus de charme et d’entre- gent que de vigueur et d’origina- lite. De MM. O'Connell et Gillespie, on doit. reconnaitre, au contraire, que chacun a des idées trés nettes et une forte personnalité. M. O’Con- nell évoluait des 1965 dans |’en- tourage de Walter Gordon. Au sein de l’equipe libérale, on le situe vo- lontiers parmi Vaile progressiste. Ce qu’on sait moins, c’est qu'il s’intéresse depuis tres longtemps au Canada francais, ayant fait na- uere sa these de maitrise (ou de torat?) sur la pensée politique d’Henri Bourassa. M. O’Connell a déja 55 ans. 0 est ee que les circonstances ne lui aient pas permis de percer plus tot sur la scene politique. fl reste que son entree au cabinet renforce |’équipe ministérielle. Quant a M. Gillespie, il se défi- nit volontiers comme un défenseur de lentreprise privée. Mais il nest pas un réactionnaire. C’est un homme tres au fait des déve- loppements les plus récents des sciences administratives et des techniques de gestion. Il a souvent croisé le fer en public avec des représentants de points de vue oppo- ses au sien: il s’en est générale- ment tire avec facilité et dignité. A la téte du nouveau ministére d’E- tat des sciences et de la technologie (dont nous reparlerons ces jours prochains), M. Gillespie devrait se révéler capable de réalisme et de largeur de vue. Pas de remaniement en profondeur Le gouvernement Trudeau est en | gref | tribune du_ lecteur, selle depuis trois ans et deux mois. Les ‘circonstances se seraient ad- mirablement prétées, 4 moins d'un an du prochain scrutin, 4 un rema- niement substantiel de l’équipe de | gouvernement qui est demeurée a peu pres inchangée depuis 1968. M. Trudeau aurait pu, par exem- ple. laisser aller des vieux rou- tiers comme MM. Paul Martin, Arthur Laing, sans risquer d’affai- blir. son cabinet. Il aurait d’ail- leurs trouvé pour les remplacer, | au sein de |’élément anglophone de sa députation, une pléthore de can- | didats _intéressants. moisson électorale fut, du cdté anglophone, l'une des plus riches dont ait pu se vanter depuis long- temps le ‘parti libéral. M. Trudeau, sil avait voulu puiser a cette sour- ce pour renforcer. son équipe mi- nistérielle, n’aurait eu que I'embar- ras du choix. Ce quon observe chez la dépu- tation anglophone se _ veérifiet-il aussi chez la députation francopho- ne du Québec? I] faut dire que non. Un coup d’oeil sur la députation québécoise confirme, en effet, pour Yamplifier, une impression qu'on éprouve déja en examinant la pré- sence canadienne-francaise au sein du cabinet. Parmi les sept, minis- tres canadiens-francais du Québec (sept sur trente, cela n’a rien d’ex- cessif), quatre figures’ dominent: MM. Trudeau, Marchand. Pelletier et Pépin. Trois autres occupent une place plus modeste: MM. Co- té, Chrétien et Goyer. Comme par accident, les quatre premiers ne sont pas des “produits” du_ parti libéral: leur entrée en_ politique fut pluie le fruit de lune de -ces es dont parle aujourd'hui, en Pun de nos correspondants. Par un: contraste instructif. les trois ministres plus pales sont: des ‘produits’ du parti ibéral’ fédéral. Jean-Pierre Goyer eut bien donner l’impression d’em- prunter, a certains moments, le ton et le style extérieur de M. Tru- deau: personne ne s’y trompe ce- pendant. il est. quand au fond, un produit assez typique du parti libéral. Or. le reste de la députation dee est plutot 4 limage e MM. Cété. Goyer et Chrétien que des quatre autres. Au sein de cette députation, on trouve quel- ques excellents députés, tels MM. Prudhomme (Saint-Denis), Mar- ceau (Jonquiere), Ouellet (Papi- neau), DeBané (Matane), Coté. Mais outre que parmi ces députés, seul M. DeBané parait @tre né politiquement d’une filiation autre que celle du parti, pourrait-on trou- ver, dans ce groupe, plus d'un ou deux députés promis 4 un avenir vraiment supérieur a la moyenne? Quant au reste de la députation qué bécoise, il est surtout composé de reliquats de la bonne vieille orga- nisation libérale d'hier. L’esprit de M. Trudeau a soufflé sur l’aile anglophone du parti libéral et sur de nombreux secteurs de |’admi- La_ derniére | nistration fédeérale. Il n’a pas réus- si a pénétrer sérieusement |l'aile francophone du parti libéral. Mé- me a supposer qu'il aurait voulu procéder, du céte francophone, a un remaniement substantiel de son cabinet, M. Trudeau _n’aurait pu trouver parmi la députation québécoise le materiel necessaire a un remaniement qui ett vrai- ment renforcé le gouvernement. Le défi dela prochaine élection La réside l'un des défis majeurs de la prochaine campagne électo- rale pour le gouvernement. Le par- ti libéral devra montrer non seule- ment quil est capable de s’impo-. ser a-lui-méme des critéres plus exigeants que par le passé pour le choix de ses candidats, mais aus- si et surtout qu’il est capable d’at- tirer dans son sein des hommes sus- ceptibles d’incarner au niveau des comtés l’idéal et les objectifs politiques de M. Trudeau et de ses collaborateurs immediats. , M. Georges-Henri Fortin parle ailleurs dans cette page de la fail- lite, de la méthode des greffes arti- ficielles pratiquée 4 maintes repri- ses par les partis _traditionnels. Les exemples qu'il cite sont deja révélateurs. Mais |l'exemple le plus éloquent de tous sera peut-— etre fourni, en derniére analyse. par le parti deM. Trudeau. Le parti libéral a prouvé “qu'au niveau - fédéral, une - greffe. intelli- gente pratiquée au. moment oppor- tun peut étre génératrice de succés électoraux spectaculaires. Il reste a prouver qu'elle peut aussi @tre génératrice d’un changement réel de vie et d’esprit au sein mé- me du parti. M. Trudeau s'est, en fait. assez parfaitement intégré au parti libé ral anglophone: c’est dans ce milieu qu'il semble étre le plus 4 ‘laise, et cest d’ailleurs 1a qu’on le re- trouve en définitive le plus souvent. Quant a la section francophone du parti libéral. aprés avoir accueilli avec beaucoup de résistance la ve- nue de M. Trudeau et de ses amis, elle semble se contenter, pour Yinstant, de flotter sur leurs suc- cés sans que son propre esprit en ait été beaucoup transformé pour autant. : Si M. Trudeau devait se montrer incapable de résoudre cette contra- diction, il s’exposerait t6t ou tard a d’ameres déconvenues. Le grand corps libéral continue de vivre de la méme vie qu’autrefois dans le Québec. On y cherche en vain les indices de cette ‘‘politique renou- velée”’ qu’annoncait M. Trudeau. Le deputation québécoise actuelle semble plus représentative de ce parti que M. Trudeau et ses collabo- rateurs immédiats. Le Soleil, anciennement Le Soleil de Vancouver, fondé en 1968 et L’Appel, fondé en.1965, est un journal indépendant publié chaque semaine par Le Soleil de Colombie Ltée, Case Postale 8190, Directeur-Rédacteur en chef : Directeur administratif : Rédacteurs :- Avec la collaboration de : Gilles Aerts Jacques Baillaut Alain Clerc Brigitte Clerc Gerry Decario Roger Dufrane Bureau L, Vancouver 14, C.-R. Tél. 266-9422 Myriam Bennett Robert Bennett Jean-Claude Arluison Daniel Montroty Edmond Girault A.A. 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