' 4 : : ; 4 4 ¥ 4 EOE OT RET CE PE eS a Fe i Pe we ree ‘Qu’est-ce qu’ils ont bien pu inventer cette semai- ne?’; ‘Comment peut-on pu- }blier ou lire de telles ane- ries?’: ‘Mon Dieu! Qu’est-ce ard?’... -. | Qui,a bien pu arriver a Mi- ~~ | Chelte Rich Je ne sais pas quelle question vous passe Par la téte quand, a chaque semai- ne, vous voyez la série des journaux a potins bien en place chez votre marchand de périodiques. Ce que je sais par contre, c’est que personne, avant le journalis- te Mario Fontaine, ne s'était penché sérieusement Sur le phénoméne que représente le succés de ces journaux au Québec! M. Fontaine leur a consacré une these sérieuse en sciences de Vinformation a l'Université de Paris. Mais cette these, remaniée et mise a jour, qu’il publie sous le titre Tout sur les p’tits journaux artistiques (éditions Quin- ze), n'a rien du somnifére que reproduisent habituel- lement les universitaires. D'abord parce que Fon- taine passe aux rayons X cette grosse machine a : soutirer l’argent du public qu’est la presse pop: il dé- monte la mécanique qui u- nit dans ce but les éditeurs de ces journaux, les journa- listes qui les décrivent et les ‘stars’ a la petite semai- ne qui alimentent leurs tex- tes et sont ensuite alimen- tés par la publicité qu’ils y trouvent. L’auteur disséque les journaux avec une ri- gueur exemplaire: histoires vécues inventées de tou- tes piéces, potins défor- més pour faire choc, publi- ité camouflée, articles ‘vo- Fd A TY {8222.42 eben Chair a potin et balivemes par Yves Taschereau és’ a d'autres publications, photos découpées dans les magazines étrangers, etc... Et tout ceci sous le regard philosophique d’un des édi- teurs qui affirme: ‘Il faut donner aux lecteurs ce qu’ils veulent et tenter de faire le plus de profits pos- sibles.’ : Le travail de Fontaine est sérieux. Il a interrogé des repréesentants de chacun des maillons de la chaine: des éditeurs aux lecteurs en passant par les vedettes et les journalistes. On y ap- prend donc que Chantal Pa- ry aime bien ces journaux dont sa carriére dépend, et on y découvre, dans un tout autre ordre d’idée, que les lecteurs ne sont pas les gens pauvres et peu édu- qués que |’on imaginait, mais a peu prés tout le mon- de. Le livre fourmille de sur- prises de ce genre. Mario Fontaine ne man- que pas d’humour. Son tex- te est parsemé de mots a- musants (les vedettes sont appelées ‘chair a potin’) et si certaines bonnes phra- ses marquent une distance vis a vis de son Sujet, il ne méprise cependant person- ne. Il cherche a comprendre cet engouement unique au monde des Québécois pour ce type de publications. Au lieu de condamner simple- ment l’aliénation qu’ils ap- portent, il les situe dans le contexte d'une aliénation globale. Un livre intéressant pour tout le monde, que |’on s’in- téresse ou pas aux proble- mes amoureux de Renée Martel. 5A ee WY . livre aici Le Soleil de Colombie, vendredi 12 janvier 1979 f . La Baie des Jacques “C’est tout droit vers le Nord / c’est c’qu’il a l’plus prés d’la mort’. C’est aussi la loi de l’argent incarnée par Paul Grosseroches, fier- a-bras de Baby-Face_ |’ex- ploiteur en chef. A cette ré- . Quatorze contes inspires du milieu rural... par Yves Thériault a Ce qui étonne d'un livre tel que Les contes de la source perdue de Jeanne Voidy pu- blié chez HMH, c’est qu’un é- diteur l'ait publié, en nos temps ou) tout manuscrit doit étre sensationnel, ou scanda- leux, OU Sexy, OU QUOI eNCo- | re... Voici des contes simples, de belles histoires de bétes, joliment écrites, sereines, et l'on se demande s’ils sont pour les petits ou les grands. J’ai, au départ, un préjugeé: j’ai- me profondément les ani- -maux et j’ai un respect pro- fond pour, leur intelligence. Les récits de Jeanne Voidy sont beaux et les bétes y sont attachantes. Je souhaite qu’il existe quelque part au Québec des enfants non encore assez bla- sés pour ne pas lire ce livre. Ceux des asphaltes et de la pollution, par exemple, qui in- venteront peut-étre pour eux- mémes, des avenirs vers les contrées rurales, au lieu de la sempiternelle informatique, de la physique nucléaire ou spatiale! Par Jeanne Voidy, l’on as- siste a temps révolus, a des €- poques ou la vie a la campa- gne était bonne et ne dépen- dait ni des quotas de lait, ni du prix. du porc aprés |’en- graissement massif - des épo- ques qui pourraient renaitre aujourd’hui si les jeunes le voulaient bien. Mais cela est mon réve a moi, et je confes- se qu'il s’est richement nour- ri au livre de Jeanne Voidy. Faites-moi plaisir, lisez ce livre. Pour la bonne paix, pour la nostalgie, pour le bon air. C'est si rare en notre littératu- re. ert pee os oeeerarer gle d’oppression, Louis, tra- vailleur moyen attablé a une taverne ne peut qu’opposer son réve. C’est la seule cho- se gratis au monde. La pié- ce nous fait Suivre les trois sosies de Louis, les trois Jacques, de retour de la Baie qui porte leur nom et en route vers Matshutenau, attirés par une nouvelle illu- sion. Mais Matshutenau est un nom indien qui signifie la mauvaise ville... Et les trois Jacques s’y perdront, impuissants. ‘Quand on est poisson / On vit au fond” Mononga par Adrien Gruslin (page 156). | Avec La Baie des Jacques, publié aux éditions Leméac, univers de Robert Gurik se confirme plus critique et en- raciné que jamais. Aprés la double parenthése des grands hommes (‘‘Lénine” et “Le Champion’), le dra- maturge revient a l’esprit des ‘‘Hamlet, prince du Québec”, “Les tas de sié- ges” et autres. Pour le mieux, sans conteste. Construite comme une comédie musicale ou les parties chantées sont a |’oc- casion rimées, La Baie des Jacques est une allégorie de mort. Les personnages sont démunis. lls ne savent ré- ver que de beaux habits, de Cigarettes toutes faites, de femmes et d’objets. Ils res- os héla a “La Baie des Jacques” de Gurik: une comédie musicale attachante semblent en Cela aux ‘“‘Bel- les-Soeurs”. Tout au plus ici, arrivent-ils a dire: “Fau- drait ben, un jour, remonter alasurface”’. La piéce de Robert Gurik, inspirée du ‘‘Mahoganny” de Bertold Brecht auquel le texte est d’ailleurs dédié, ne va pas aussi loin qu’il serait souhaitable. L’écrivain reste au niveau’ du constat, de la dénmonciation. C’est trop peu et a la fois beaucoup car la comédie musicale ne nous donne ha- bituellement guére de con- tenu. Et la présente, écrite et créée a l’option-théatre du Cégep Lionel-Groulx de Sainte-Thérése en 1976, est intéressante et bien enle- vée. Elle mériterait d’étre portée sur une scene pro- fessionnelle. Une revue consacrée aux beaux jours de I’histoire populaire du Québec. “Je ne connais pas de con- dition plus favorable a un con- fort animal que celle dont jouis- sait uniformément la paysan- nerie frangaise (du Canada) jus- qu’a ce que les habitants mé- sestiment leur position et don- nent libre cours aux passions refoulées qu’on éveillait insi- dieusement en eux-mémes”. Tels ne sont pas, contraire- ment a ce qu’on pourrait croi- re, les propos de queique féde- raliste contemporain profonde- ment raciste mais ceux que rapportait, en commentant les événements qui bouleversérent notre histoire en 1837 et 1838, le Britannique T.R. Preston, dans un récit intitulé “My Three Years in Canada’. A la méme époque, le Montreal Herald pu- bliait, dans son édition du 13 novembre 1838:‘‘Néanmoins, la suprématie de la loi doit rester inviolable, ainsi Que |’intégrité de l’empire, la paix et la prospé- rité des sujets anglais, quand. ce devrait étre aux dépens de toute la nation canadienne (entendre: canadienne- frangaise). L’histoire passée démontre qu’il faut les chas- ser entiérement du pays, raser leurs maisons au sud du fleuve ” . Tete «= Servet par Jacques Larue-Langlois St-Laurent et prévenir ainsi l’in- vasion des Américains...“ La peur n’est pas nouvelle, ni dans un camp ni dans |’autre. Faut-il y fonder la nature méme de nos rapports dans la recher- che de structures nouvelles en- tre Québécois et “Canadians’’? Loin‘de nous cette idée, mais il importe de ne pas l’ignorer, d’en tenir compte a chaque ins- tant et, a cette fin, d’en démon- trer le déroulement tout au long de notre histoire. Ce a quoi semble s’appliquer avec brio la nouvelle revue d’histoi- re populaire du Québec, Monon- gahéla, dont le premier numéro faisait récemment son appari- tion en librairie. Désireux de ‘“‘revaloriser” et de ‘‘populariser” l'histoire en la mettant ‘“‘au service du pré- sent”, les auteurs de cette pu- blication, Clément Roy et Ste- ve Albert, de leur propre aveu des “indépendantistes enga- gés”’, font preuve de conscien- ce et de rigueur historique en consacrant la plus importante partie de cettre premiére édi- tion a un récit ordonné, doublé d’une analyse étayée, de la ré- cf eee Fe Secu sistance des patriotes de 1837 et surtout des faits précis qui y ont abouti. Mais en vérité, la premiére qualité de ce docu- ment, essentiellement populai- re tant dans la simplicité volon- taire de ses propos que dans son prix ($2.50), tient au paral- léle historique que ses rédac- teurs ne cessent de tracer, |i- ant entre elles, comme I’histoi- re l’a fait indissolublement, les réalités d’avant-hier (régime frangais) et d’hier (l'aprés-Con- quéte) pour démontrer la conti- nuité historique dont la loi 101 et le référendum a venir sur le statut politique du Québec ne sont que la résultante logique (réalités d’aujourd’hui). A l'indéniable valeur docu- mentaire de Monongahéla, qui s'ouvre sur un hommage bien senti a l’endroit de “notre der- nier historien national, celui qui a le mieux compris et le mieux écrit sur |’événement pri- mordial de notre histoire, la Conquéte”’;, Guy Frégault, se joint une qualité de présenta- tion graphique a laquelle nous ont peu habitué les publica- tions académiques coutumié- res.