VOLUME 9 - 3° EDITION- ISSN 1704 - 9970 s€pare de ses parents. Son domicile insulaire dans le Pacifique, au large de la Colombie-Britannique, province canadienne est a plusieurs milliers de kilométres de la Lorraine, sa terre natale ob demeurent encore ses pa- rents. Torturée par le sentiment de culpabilité et de I’ obligation filiale, elle ne peut plus apprécier la vie paisible et douce sur son ile du Pacifi- que. Une vie de voyages réguliers entre deux continents, les aéroports et les gares. Des séjours dans les hétels ou des hébergements temporaires dans le voisinage de ses parents ... Associé a |’image des parents qui périssent sous le poids de 1’Age, le vil- lage de son enfance connait le méme destin. La gare a disparu pour lais- ser la place a un hétel et son restaurant. « A partir de cette gare, écrit-elle, quand j’étais enfant, je suis partie en vacances avec ma famille vers les Vosges et I’Alsace. A cette gare, je suis venue accueillir mon frére qui rentrait de Verdun, puis ma sceur, étudiante a Nancy. » (64). Tant de sou- venirs heureux d’un passé qui a sombré dans la douleur et la souffrance du présent marqué par la vieillesse des parents, leur maladie et le souci généré parmi leurs enfants. L’autre image associée au bonheur de |’enfance est celle d’une mére et de sa culture franco-allemande rapportée par la narratrice dans un voca- bulaire exotique et charmant de la Lorraine : - se chipouller - étre nice - se mettre au schloff - tre une taccatte - téte de holtz - une chambre en tauillon - des cheveux en pouillotte - devenir patraque ou bien les tableaux toujours vivants comme les suivants : - Au bord de la Meuse, j’ai souvent vu dans mon enfance les la- vandiéres a genoux elles aussi, qui tapaient avec des battoirs sur de gros draps entortillés (24). - Je vois l’image persistante de ma mére enfant et de ma grand- mére, agenouillées au bord de la Lieprette, a dégraisser les bleus de travail de mon grand-pére dans le ruisseau a demi- gelé. » (25) La petite musique du clown est un récit sur la vieillesse de |’étre humain. Le livre s’ouvre sur une scéne tendre ot la « maman » assise dans son salon, « feuillette un magazine » et fulmine contre la culture populaire 25