n'avoir pas compris qu'il découvrait I'Amérique (et c'est la raison pour laquelle elle s'appelle Amérique et non Colombie; il faut relire "Amerigo" de Stéphane Zweig, un remarquable petit livre !), Christo- phe Colomb a également commis une erreur d'évaluation économi- que. Il a tenté désespérément d'attirer I'Espagne dans I'aventure co- loniale américaine en invoquant le potentiel aurifére du continent. S'il a réussi quelque peu avec l'Amérique du Sud, ou il y en avait bien un peu d'or, la colonisation nord américaine ne s'est enfin ébraniée que plus d'un siécle plus tard pour..., je vous le donne en mille, ... pour la peausserie ? Oui, ... non, pas vraiment ! En fait, pour le bois surtout ! En Europe ou toute l'industrie reposait sur l'utilisation du bois (les outils, les maisons et, surtout, la construc- tion navale), la situation était devenue dramatique. Le bois devenait extrémement rare et le chéne avait presque disparu. En Afrique du Sud, au XVII°"° siécle, les Hollandais, conscients du probleme, avaient méme tenté d'acclimater le chéne aux conditions sub-méditerranéennes de la Province du Cap. Sans succés d'ail- leurs: la région, trop humide sans doute, ne laissait pousser que des .masses de liége creuses, maigres en aubier et sans bois. C'est alors qu'ils ont découvert leur bois jaune (Podocarpacées), un bois remarquable pour la fabrication des navires. Colbert, ce remar- quable ministre de Louis XIV, a, pour sa part, organisé la gestion des foréts de France d'une maniére si remarquable que, par la suite, la France a pu perdre |'Amérique sans trop de problémes, c'est-a-dire sans crise excessive du bois. Et, rappelez-vous, parmi les premiers colons d'Amérique, les verriers étaient les artisans les mieux représentés, car leur industrie avait presque disparu d'Europe. II faut le dire, la fonte du verre consom- mait énormément de bois de forét. Et I'Amérique du Nord est in- croyablement riche en coniféres de toute sorte, arbres remarquables parmi les plus grands, les plus larges et les plus rectilignes ! A suivre. Jean-Jacques Lefebvre Jean-Jacques Lefebvre habite a Victoria, Colombie-Britannique depuis 1982. Il adore la botanique, la photographie, lire et écrire. Il rapporte de ses nom- breux voyages des photographies qu'il expose sous le nom de KATANA.