(1776-1862) Le. successeur du gouver- neur-magistrat MacDonell, le Gouverneur Robert Semple, outré par ces actes d’agressivité, donna l’ordre d’attaquer les “Bois Briilés”, qui avaient a leur téte le métis Cuthbert Grant, un homme d’une vingtaine d’an- nées, surnommé le “Gardien ~ des Plaines”, qui avait fait de bonnes études a Mont- réal et en Ecosse, qui, 4 son tour, fit riposter 4 partir de la partie haute de la Rivié- re Rouge, vers le Lac Winni- peck, afin de protéger et sauvegarder les biens de la North West Company. Chose curieuse, les “Bois Brilés” avaient peintur- luré leurs visages comme les Indiens en cas de guerre. Pas de coups de feu immé- diats, comme 4 la Bataille de ~. Fontenoy. Les hommes de Robert n’étaient pas des apotres a la branche d’oli- vier. ; Des coups de feu éclateé- rent, on ne sait comment. Le Gouverneur fut tué avec 21 de ses hommes et plusieurs furent blessés: les “Bois Brfilés”, un mort et un blessé. LES CONSEQUENCES JUDICIAIRES _ DU MASSACRE En 1817, le Comte de Sel- kirk revint a la colonie avec une centaine de mercenaires suisses et allemands afin de protéger ses colons et ses terres — n’a-t-on pas signalé qu’il avait obtenu de la (suite) _ D’un geste laconique, il nous montra les préparatifs du repas, nous invitant par ce geste a le partager avec lui. Evidemment, ce n’était guére recommandé pour des estomacs fragiles ou hépati- ques, mais, pour nous, jeu- nes en pleine forme physi- que et a l’appétit aiguillonné par notre marche, nous fai- sions honneur 4 cette cuisine sommaire mais cependant assez bien préparée, arrosée de nombreux ‘gobelets de thé. Le sucre étant une denrée assez rare dans les ~ . bois, nous obligefmes notre héte a puiser dans notre propre stock. L’ombre était déja tom- bée, cette ombre légére et claire qui précéde 1a-bas la montée de la lune: dans le firmament semblant un dais de satin bleu roi. - Assis a terre, a la mode ; qu’il faflait pabfois indienne, nous fumions len- tement en disant au vieux Jo nos projets et nos besoins. Et lui, 4 mots comptés, nous donnait ses conseils sur les terrains 4 parcourir en re- montantla riviére, les.pistes. . qui suivaie nt’ les' rives'et.’. quitter,” a ag (suite) Hudson Bay Cy 45,000,000 d’acres dans la vall ée de la Riviére Rouge, sous le nom d’Assiniboia. Il s’arrangea pour. faire ar- réter cert'ain's hommes et les envoya a la Cour de Justice de Montréal. Certains historiens pré- tendent que Simon Fraser était du nombre, un doute plane. Plus tard, le Comte de Selkirk fut rendu responsa- ble du massacre des Sept Chénes (Seven Oaks) et condamné a verser de fortes indemnités pour les domma- ges subis par la North West Company. Plein d’amertume, ses qualités humanitaires et sa philanthropie ignorées, il rentra dans son pays natal, en 1818. Deux années aprés, en 1820, miné par la maladie, il mourut au sud de la France, ot il était allé chercher vp climat tempéré. Quinze années aprés sa disparition, ses héritiers vendirent.la propriété Assi- niboia a la Hudson Bay Company. Une statue du Comte Selkirk flanque l’entrée est _ du Palais de l’Assemblée Législative du Manitoba, mais sans nom... En 1955, un Mémorial fut dévoilé a l’in- tersection triangulaire du Mall et Colony Street, la plaque de bronze porte I’ins- cription “Le Fondateur de Winnipeg”. pour remonter les eaux sur les hauts-fonds . ou sur des plages; _iies endroits qu’il fallait aussi traverser 4 gué, pour pren- dre la piste du cété opposé. Ces endroits étaient trés importants 4 situer; aussi étaient-ils marqués, en prin- cipe, par des poteaux reliés par une perche. Mais sou- vent perches et poteaux étaient tombés ou restaient peu visibles et la coutume voulait que l’usager en der- nier se chargeat de remettre tout en état: solidarité des hommes de bois... | Nous I’écoutions religieu- sement car, dans cette nuit calme et sauvage en méme temps, prés du feu rougeoy- ant, ses paroles semblaient venir du wa ia de ses origines: peu # peu en con-- fiance, il nous dit la fin de sa tribu qui, depuis des siécles, courait les pistes de ces foréts, et dont il était un des derniers descendants. Lors de la. grande épidémie de variole, cette fameuse “pes- te rouge”, presque tous a- vaient succombé. Ce n’était “parteut que-drapeaux- rou- -- és, par ordre des. sanitaires, au seuil Le jugement des histo- riens consultés varie de l'un a l'autre; toutefois, une majorité jettent le blame sur les deux compagnies pour le sanglant événement, parce qu’elles n’ont pas tenu comp- te du caractére impétueux de leurs hommes, des primi- tifs enclins 4 la violence, vivant loin de toute civilisa- tion ou de société policée.- La North West Company et Simon Fraser furent trés sévérement blamés; lui, re- jeta la faute sur le Comte de Selkirk et ses mandataires, la Hudson Bay Company, seuls fautifs. Toute cette pénible affaire démoralisa Simon Fraser, ‘au point de les conduire a refuser, plus tard, le titre de chevalier que le Roi d’Angle- terre voulut lui décerner et qui l’aurait placé au méme rang que son collégue Nor’Wester, Sir Alexander MacKenzie. Au cours de la derniére p artie de sa vie, il vécut malheureux et pauvre, a cause de l’opinion publique qui le condamna avec son employeur, comme des agresseurs et oppresseurs d’innocents et pacifiques co- lons. Le nom de la North West Company disparut avec la fusion des deux compagnies, la* Hudson Bay prédomina; chose curieuse, contraire- ment a la croyance générale, le comité des directeurs compremait une majorité substantielle, mais au fond “saqué” avec des fleurs.. et des pauvres cabanes ou des “teepees” en peau d’élan, et dont la seule vue faisait fuir tout passant. Quelques-uns avaient. survécu et avaient - émigré vers la basse riviére pour travailler pour les grands traiteurs de fourru- res, Hudson’s Bay ou Réveil- lon Fréres. Lui seul était resté, accro- ché 4 son sol comme les grands sapins ou les vieux tameracs qui, lentement, ‘se penchaient vers la grande riviére qui les engloutirait, un jour de colére. Il vivait 1a, solitaire, mais non loin du lieu maudit ot, un demi- siécle plus tét, sa tribu avait ‘disparu. Une vingtaine de miles au sud, prés d’un grand coude de la riviére, on pouvait encore voir, nous disait-il, dans les ronces et jes taillis, les débris des rondins des cabanes calci- nées par le feu purifiant que la Mounted Police avait allu- mé. Quant aux &étres, leurs ‘restes reposaient dans leur terre ancestrale, sous de - grands tumuli de pierres de la riviére, si longs, d’aprés lui, que l’ombre du. plus grand tamerac, jau soleil; ‘couchant, ne pouvait les de chaleureux .remercie- ments, on-le laissa tomber, tout simplement. Le méme sort advint a.son ami, son compagnon d’enfance, son collégue de travail, Daniel William Harmon, de Ben- nington. LA VIE DE SIMON FRASER APRES SA RETRAITE A son retour a Montréal, Simon Fraser, agé de 44 ans, se maria avec Catherine MacDonell, de Matilda (On- tario).-Le couple s’établit a Saint-Andrews. Il soccupa de différents commerces qui aboutirent a des faillites en chapelet; l’enthousiasme n’y était-plus, le mauvais sort de ses aieux s’acharnait sur lui, il le sera sur ses des- endants. ' “ De l’union de Simon et Catherine naquirent cing garcons et quatre filles: Simon-William (1821)-- Ro- d rick (18300)-- James-Am- brose (1831)-- John-Alexan- der (1833)-- Allan (((1840)-- Margery (1826)-- Catherine- Harriett (1827)-- Helen (1829 -- Isabella (1842).- Suivant John Spargo, les registres de la Parois- se de Saint-Andrews con- tiennent des lacunes, car pour un certain temps, la paroisse n’eut pas de curé attitré... A SUIVRE couvrir. Il nous disait aussi, avec des mots trés lents, et tirant sur la longue pipe dont le foyer était fait d'une vieille racine, les circonstances de la blessure, cause de sa claudication, qui lui avait donné son surnom. Un jour, il avait été atta- qué par une mére grizzly et, aprés une lutte acharnée, aidé par ses deux fidéles chiens, avait pu la tuer d’un coup de couteau en plein coeur. Comment avait-il pu rejoindre sa cabane? II ne l’a jamais su et ne se . souvient plus de rien. Ses chiens ’avaient sans doute aidé, et les deux belles bétes qu'il avait actuellement é- taient les descendants de ses deux compagnons. I] serait sans doute mort tout seul, comme meurent souvent, au fond des bois lointains, les vieux trappeurs ou prospec- teurs solitaires, si le commis du chemin de fer, ayant recu pour lui une note des Affai- res indiennes et ne le voyant pas passer, n’était venu la lui porter. il vivait maintenant, sans ambition. et sans soucis, ne désirant rien d’autre que Le Soleil de Calowbie, vendredi 24 aoat 1979 Une figure du passé: Simon Fraser Devenez membre de la Société Historique Franco-Colombienne Cotisation annuelle: $4.00 membre individuel $10.00 membre groupe Société Historique Franco-Colombienne, 9, Broadway Est, Vancouver, C.B. V5T 1V4 Rebattre et rabattre Le typographe, ou ‘serait- ce la dactylo, m’a fait com- mettre une faute qui est commune, pas grave en soi, mais qu'il est bon de rele- ver. J’employais dans une ré- cente chronique l’expression verbale “rebattre les oreil- les”. Cela devint rabattre les oreilles. C’est une faute assez cou- rante parce que le verbe rabattre est plus connu que rebattré qu'on n’emploie que rarement. Rebattre les oreilles signi- fie répéter constamment une chose a quelqu’un, lui en bat- tre les oreilles 4 plusieurs reprises. Il existe une expression qui signifie: faire taire le bavardage ennuyeux de quelqu’un: c'est lui rabattre le caquet. Le caquet est le glousse- ment d’une poule au moment ou elle pond. On peut dire par la, éga- lement, obliger quelqu’un a se taire, a abandonner ses prétentions. Un homme politique pour- rait trés bien dire de son adversaire, par exemple: Je . vais lui rabattre le caquet. Quitte 4 nous rebattre les oreilles de ses promesses a lui. Louis-Paul Béguin, Le Mot du Jour Amateurs de champignons Les Canadiens sont parmi les plus grands amateurs de champignons du monde. La consommation moyenne par habitant a atteint I’an der- demeurer sur la terre aimée des ancétres, l’hiver trap- pant les grands et beaux lynx des montagnes, les visons et les loutres et les muskrats des lacs, |’été lou- ant aux prospecteurs ou chasseurs ses poneys qu’il hivernait plus a|’est, vers les terres colonisées, avec les bétes d’un rancher ami. Il aurait certainement pu devenir riche, avec la con- naissance tellement appro- fondie de ces territoires qu’a ‘des dizaines de miles‘a la ronde il pouvait dresser une _cartographie de la région que n’auraient pas désa- vouée les arpenteurs du gouvernement. II laissait en- tendre que les anciens de sa tribu connaissaient les en- droits ot le Grand Manitou avait caché le “métal jaune”, mais que si les Blancs le savaient, ce serait la fin de leur race. De pére en fils, ils s’étaient transmis le secret, mais aucun ne l’avait trahi. Pour ‘eux auparavant, et pour lui maintenant, la ri- chesse, c’était devant eux et a perte de vue les grandes étendues ot la chasse était bonne, les fourrures abon- dantes, la viahde a profusion pour préparer le pemmican, ne. les “mooses™, pour la peau qui leur servait a faire les nier prés de 3,8 lb, soit une des plus élevées, aprés les pays scandinaves et la France. mocassins et les “teepees”, les poissons des riviéres et des lacs pour le garde-man- ger des longs mois d’hiver. C’était le ciel immense sur leur téte et sous leurs pieds les sentiers de la terre dans les bois et les vertes prai- ries. C’était la leur royaume jusqu’a l’arrivée des “hom- mes blancs” avec leurs: ma- chines fumantes et leurs “chars” monstrueux, leur dynamite aussi, dont les bruits faisaient fuir les bétes des foréts, et leurs vices et leurs appétits, la fiévre de lor et l'eau qui avait tué la race plus strement qu’avec les fusils et le plomb. Aussi était-il resté au vieux Jo non pas un dégofit ou un refus ‘systématique de l’'alcool, mais une réelle pru- dence vis-a-vis de lui. Et ce fut pour nous un étonnement majeur quand, ayant sorti notre flacon de whisky, nous le lui présentémes comme il était d’usage dans les cause- ries auprés d’un feu de camp, ce ne fut pas, de sa part, le geste avide tendant la timbale vers le liquide tant désiré par d’autres, mais au contraire le geste calme de l'homme maitre de lui-méme et de sa volonté. (a suivre)