eo OS eee a ’ 8, Le Soleil de Vancouver, 26 juin 1970 ‘CARNET D’UN PROMENEUR par Roger DUFRANE / I, Vj Ym Le vieux banc de pierre, au milieu du jardin sans nom, s’en— toure de pelouses et d’arbustes, Derriére moi, quelques touffes de fougeres percent entre les galets d*un talus. Les dalles 4 mes pieds sont jointoyées de mousse, Lair humide, le ciel maussade, annoncent la pluie, Un avion qui ronronne dans le haut du ciel, devant moi le mur— mure sempiternel d’un filet d’eau retombant dans une vasque, les oiseau qui piaillent ou chantent sur des tons discordants, tout cela donne l]’impression que dans l’univers chacun s’essaye A sa musique personnelle sans dai— gner s’accorder & celle d’au— trui. Egoisme aveugle et sourd de la nature et qui pourtant s’é— claire de mille lueurs” et m@éne victorieursement sa sym— phonie! Indifférente a nos cri— tiques, 4 nos destins, la nature inocule sa séve dans les arbres fleurit les massifs, verdit par mimétisme la pierre humide des sentiers, Toute lacréationsem— ble se livrer aux jeux du ha— sard, Les verts des feuillages varient selon la densité de l’air et le champ de vision du spec— tateur, argentés aux pointes des ramilles, blevatres aux faites des sapins. D’ot vient ce mi— racle de la nature ol tout s"har— monise en florissant, dirait—on, a l’aveuglette? Un pigeon au plumage irisé sautille et picore le ciment de la cour, Il cherche, pour sa pitance, les graines envolées des buissons, A deux pas, unrouge— gorge se grise, sur les gazons des gouttelettes de la nuit, L’un me pense qu’a manger; l’autre qu’’ boire, Nécessités vitales de l’existence! Et a l’insu de la gent emplumée nous nous com— plaisons a ce spectacle qui par— ticipe au rythme universel, com— me en participe cette jeune fem— me qui passe, en sa souple deé— marche, ces formes, son souri— re, Ou va—t—elle? Que pense— t—elle? Est—elle aimée ou ai— me—t—elle? Toutes questions qui harcélent la curiosité et auxquelles l’imagination répond par des mensonges. Aussi bien, pourquoi vouloir s’acharner a pénétrer le des— tin des autres? N’avons—nous pas assez d’essayer de com— prendre le ndtre? Les mobiles des inconnus, ou des inconnues, ne sont pas toujours bons & con— naitre., On retrouve la lutte pour la vie a lasource de la plu— part des actes, et cela sur tou— te l’echelle des @tres,qu’il s’a— gisse des plantes, des animaux ou des humains, Qu’importent qu’a certains moments de lan— née les passereaux se déchirent que les racines des arbres et des arbrisseaux luttent sous la terre pour l’espace vital, que les @tres jeunes ou vieux, der— riere leur sociabilité, se bous— culent impitoyablement pour conquérir ou maintenir une place au soeil, Qu’importe! Pourvu que les gestes et les couleurs que nous puissions percevoir laissent une impression de beau— te et de bonne entente, Peu nous soucie que la nature mente 4 nos oreilles, 4 nos yeux, &4 tous nos sens! Contentons—nous de ses apparences ensorceleuses: paroles du vent dans les bran— chages, senteurs. des roses chansons des jets d’eau et sou— rires des jolies femmes, Un Noir maire Newark dans le New Jersey, est premiétre ville importante du nord—est des Etats—Unis a se donner un maire noir, en la per— sonne de Kenneth Gibson, inge— nieur civil agé de 38 ans, a defait le maire sortant Hugh J. Addonizio, Celui—ci est ac— | tuellement sous le coup de pour— | suites judiciaires pour escro— | querie, Gibson a été élu par 54 17,000 | Pec. des voix, soit environ votes, qui & LES LIVRES par Roger DUFRANE SUR LA PIERRE BLANCHE — Anatole FRANCE Ce n’est pas un roman. On n’y trouve aucune intrigue, ni aucune peinture de caractéres, Il s’agit de trois tableaux illus— trant consécutivement le passé, le présent, I’avenir, Les per— sonnages qui passent dans ces tableaux sont les porte—paroles de l’auteur. Ils nous intéressent moins par leurs actions que par leurs propos, A travers ces propos percent quelques—uns des themes philosophiques chers a Anatole France; La lenteur des changements, la vanité des em— pires, les débuts obscurs du christianisme, la voracité des grandes puissances,. La psychologie, ou plutdt la sagesse d'un tel ouvrage, réside dans la véridique et saisissante projection de 1’%me des peuples a différentes époques. Le pre— mier volet du tryptique dresse un tableau de Corinthe, dans la Greéce romaine, sous le princi— pat de Claude, a la veille du re— gne tristement célébre de Néron, Anatole France y dépeint, a cdté des Romains d’esprit pratique, adonnés a 1’administration poli— tique, des Grecs asservis et a— dulateurs, brillants d’intelligence et vains dans leurs propos, Quant au peuple, fort hétérogene, on y entrevoit des Juifs, de lacom— munauté de qui sortiront les pre— miers chrétiens, Aux chrétiens, les maittres du jour reprochent des idées subversives: Eux qui acceptaient toutes les religions de 1*Asie, ils n‘agréent pourtant pas le christianisme qui préche l’avenement des pauvres et l’a— baissement des grands. Or, ces Romains lettrés et diserts, con— servateurs et fiers de la puis— sance romaine, effleurent les problemes que leur pose le christianisme naissant sans en prévoir Qu'ils traitent de l’empire ro— main, de la France d’Emile Lou— bet ou de la société future, les propos qu’Anatole France préte a ses personnages démontrent 1*éternelle imperfection des ins— titutions humaines, et la vanité de vouloir s*inspirer du passé ou du présent pour spéculer sur l’favenir, Voila ce qui ressort du récit d’anticipation qui forme la derniére partie du recueil, Celle—ci est d’une résussite inégale. Certaines prédictions font sourire, D’autres étonnent par leur ton prophétique. Au— tomatisme, télévision, engins te— léguidés, Anatole France, dés 1905, prédit tout cela. Et que dire de sa vision des moeurs de l’an deux mille? Ces femmes minces, moins feminines que n’étaient leurs aieules, ces hom— mes fraternels et froids d’une société unifiée, nous en entre— voyons déja autour de nous. Faut—il souhaiter la disparition des conflits, l’égalité des sexes, le bien—@tre universel? Sans l’universalité 4 venir. ~ doute! Mais ces progres ne staccompliront qu’aux sacrifi— | ces de la bravoure, de la cou— leur, du charme de la vie tel qu’il subsiste encore, heureuse— — ment, autour de nous. On déplore J*insistance lYauteur @ débattre de questions religieuses aujourd’hui dépas— sées par monde et des religions. En tout cas, Anatole France aiguil— lonne l’esprit du lecteur par la richesse et la diversité des i— dées. Il lui sera beaucoup par— donné, pour la grace aérienne de son style, et pour avoir su situer en précurseur le rdle de la France dans l’évolution des peuples. Témoins ce morceau; “Ta France acquiert peu a peu le sentiment de sa vraie force qui est la force intellec— tuelle; elle prend conscience de sa mission qui est de semer les idées et d’exercer l’empire de la pensée, Elle s’apercevra bientdt que sa seule puissance solide et durable fut dans ses orateurs, ses philosophes, ses écrivains et ses savants,. Aussi bien, faudra—t—il qu’elle recon— naisse un jour que la force du nombre, apres l’avoir tant de fois trahie, lui échappe défini— tivement et qu’il est temps pour elle de se résigner A la gloire que lui assurent l’exercice de l’esprit et l’usage de la raison.”’ La tension linguistique conduit a la création d’un comiteé de salut public BRUXELLES: — Des parlemen— taires bruxellois libéraux, so— cialistes, chrétiens et membres du parti des francophones, c’est— a—dire la quasi totalité de lare— presentation bruxelloise, a 1’ex— clusion des communistes et des élus flamands, ont constitué dans la capitale un ‘* Comité de salut public’’, Ils veulent mobiliser l’opinion bruxelloise contre le régime linguistique “* arbitrai— re’? dont selon eux, la capitale est menacée. Df’ores et déja des manifestations de rues sont prévues, Le programme du Co— mité de salut public sera révélé aujourd’hui, Ce pacte conclu par des re— présentants de partis idéologi— quement opposés est révélateur de l’agitation qui s’empare des Bruxellois depuis les premiers votes au Sénat sur la révision de la constitution, Passant outre 4a la volonté de la majorité des Bruxellois, la Haute Assemblée a deécidé cette semaine de di— viser le pays en régions lin— guistiques et de limiter de ma— niéres quasi définitive 4 19 com— munes urbaines la‘! région brux— elloise’’ qui bénéficie d’un régi— me bilingue, Puisque la capitale est une en— clave dans le territoire flamand, cela signifie en clair que les ha— bitants de la banlieue, demeure— ront soumis 4a un régime uni— lingue flamand aussi bien pour leur administration que pour l’enseignement de leurs enfants, Les Flamands tiennent a cette limitation aux 19 communes pour enrayer la francisation de la banlieue verte de Bruxelles dont les habitants ‘ historiques des flamands se sentent enva— his par des francophones qui ne tardent pas a réclamer un ré— gime au moins bilingue. Comme la majorité des balieusards fran— cophones appartiennent 4 une bourgeoisie aisée, ils s*instal— lent dans un habitat neuf, la re— vendication flamande n’est pas dépourvue d’un esprit de revan— che sociale, Oubliant leur sympahtie pour les francophones bruxellois, les sénateurs wallons de la majori— té ont voté comme les Flamands en faveur de ce qu’on appelle “ ‘Je carcan bruxellois’? Ce yvo— te fait partie d’un compromis qui leur donnera d’autres avan— tages. Les bruxellois francophones en tirent la conclusion qu’ils sont laminés entre les deux princi— pales régions du pays et ils congoivent une vive amertume, Sur le plan politique, les trois grands partis traditionnels so— cial—chrétien, socialiste, libe— ral — doivent faire face a des dissidences bruxelloises, Cel— les—ci ne menacent pas dans l"immédiat } *existence du gou— vernement, Mais l’agitation qui sfannonce est lourde d’incerti— tudes, Une minute pour établir qu‘une femme est enceinte NEW YORK; — Une minute! Soi— xante Secondes!ess. C est le temps * qu’il faudra désormais pour sa— voir si une femme est enceinte ou non, Cela grace & un pro— duit réalisé par un laboratoire biologique américain, Ce produit change de couleur en moins de vingt secondes lors— qu’il se trouve au contact d’une hormone que recéle l’urine de la future mbére, 13 jours apres la date des dernitres régles, 3820 rue OAK Vancouver INTERNATIONAL MOTORIST COOPERATIVE ASSOCIATION 1636 Tel;733 ‘nu Holol Metropole (Propriétaire; J. Bauché) famille, Dans le centre-ville. 320 rue ABBOT VANCOUVER 4, B. C. Tél,—681—6154 marie XE VOTRE JOURS 3 FRANCE European News 1044,rue Robson de | l’évolution m@éme du |