a ee en ee " 4 Le manteau rouge Le directeur d’une école me demanda un jour de présider une féte de fin d’année au cours de la- quelle seraient distribués des jouets que je décro- cherais d’un sapin. J’acceptai bien volon- tiers l’honneur qui n’était fait, et, au jour dit, je me rendis 4 l’école. C’est en de telles circonstances que les enfants ont la pos- sibilité de me voir de prés, car d’habitude je ne me montre pas en public. C’était une trés jolie féte. On m’avait réservé a la place d’honneur un splendide fauteuil, ou j’é- tais assis comme un sou- verain sur son trone. Je me trouvais face a une es- trade ot des enfants a- vaient chanté, dansé et joué la comédie. Combien de répétitions cette soirée avait-elle exi- gées! Que de travail pour retenir la musique et les textes, pour apprendre les pas de danse, pour tailler ‘les costumes et peindre les décors! Quelle patien- ce n’avait-il pas fallu aux maitresses pour diriger tout ce petit monde! Mais le résultat é- tait charmant. gramme avait débuté par un choeur de petites filles qui avaient chanté ‘‘Joli - ‘oquelicot’’. Puis un gar- con avait dit un poéme, ot il était question d’un écu- reuil qui faisait des écono- mies pour acheter un cas- se-noisettes. Aprés quoi de minuscules Bretons et Bretonnes, sous des cha- peaux noirs et des coiffes de dentelles en papier, a- vaient dansé au son aigre- let de la cornemuse. Gui- gnol avait ensuite fait son apparition dans un chatelet et, avec.l’aide de son complice Gnafron, a- vait copieusement rossé le Gendarme, pour la plus grande joie de l’assistanc Il y eut aussi une reconsti- tution historique. Charle- magne - c’était un gargon- net auquel on avait mis u- ne fausse barbe - visitait une école, faisant mettre les bons éléves a sa gau- che et les.mauvais a sa droite ou le contraire. (Je crois bien que les his- toriens ne sont pas d’ac- cord sur ce_ point) Tout cela était fort amu- sant, et les parents ne se faisaient. pas faute d’ap- plaudir leurs enfants. La représentation se poursui- vait par un numéro de clows ou les oeufs cassés et la tarte a la créme joué- rent un grand réle en dé- chainant une tempéte de rires. Le programme de- vant se terminer par la distribution des jouets, je me levai du fauteuil et m’approchai du sapin de Noél. Quel bel arbre! I était si grand que sa cime, 4 laquelle était fixée une étoile d’or, touchait au plafond de la salle. Il se tenait tout droit, en dé- ployant avec majesté des branches surchargées de Le pro-. boules rouges, bleues, jaunes et de paillettes argentées que les flam- mes des bougies innom- brables faisaient scintil- ler. Il portait aussi les pa- quets ornés de rubans, des cartons, des jouets, des albums que les en- fants dévoraient des yeux. Car ils savaient bien, les petits coquins, que toutes ces jolies choses leur é- taient destinées. Parmi ces enfants, toutefois, je remarquai u- ne petite fille blonde qui ne semblait guére s’in- téresser au sapin. Son re- gard était posé sur moi, sur ma barbe, et surtout mon: manteau. Je portais ce soir-la le magnifique manteau rouge que tout le monde connait. (J’ouvre une parenthése pour pré- ciser que j’étais jadis vétu d’une simple peau de ché- vre. Mais, depuis quel-— ques années, les commer- cants ont inventé de met- tre dans les vitrines de leurs magasins des bon- hommes Noél vétus d’un manteau rouge. - Cette couleur prend un bel as- pect a la faveur de Véclairage électrique et plait beaucoup aux en- fants. J’ai di me confor- mer a cette nouvelle mode et faire confectionner par mon ange-tailleur un manteau rouge.) Mags re- venons a notre soirée. mie une mallette conte- nant des objets de coutu- re, et en particul cr une paire de ciseaux a broder. Quand la petite fille blon- de eut en main cet outil, elle se glissa entre les groupes d’enfants qui m’entouraient et s’ap- procha de moi, tout dou- cement. Je continuai de distribuer automobiles et ballons, sans avoir l’air de rien. Au bout d’un moment, je sentis que l’on découpait la fourrure de mon manteau. Au cours de la semaine précédente, la petite fille avait assisté au mariage de sa grande soeur. Elle avait remar- qué que les invités dé- coupaient des morceaux du voile de la mariée afin de les conserver comme porte-bonheur. La blondinette, trouvant que mon manteau ressem- blait 4 un grand voile, a- vait voulu en faire autant. Soudainement, elle dressa son bras qui tenait un morceau de mon vétement en s’écriant: - J’ai un porte-bonheur! J’ai un morceau du man- teau du Pére Noél! J’aurais eu mauvaise grace 4 la gronder, tant son visage rayonnait de joie. A peine eut-elle pro- clamé son exploit, que dix voix s’écriérent: - Moi aussi, je veux un morceau du manteau! J’avais commencé a décrocher d’une branche basse une patinette a pé- dale, lorsque je sentis que l’on tirait sur le bord de mon manteau. Mes yeux voient tout, méme ce qui se passe derriére mon dos, et je n’eus pas be- soin de me retourner pour savoir que la petite fille blonde accrochait la four- rure blanche qui forme la bordure de mon véte- ment. Avec ses petites mains, elle tirait sur les poils pour essayer d’en ar- racher quelques-uns. Elle voulait assurément les garder en souvenir de moi. Mais le manteau é- tait de bonne qualité et elle ne parvenait pas a ses fins. Je la vis s’éloi- gner et demander a un petit camarade. de lui préter son couteau. C’é- tait un beau couteau a . lames multiples que je ve- nais de décrocher du sa- pin. Le gargon essaya d’ouvrir une lame; mais les ressorts étaient neufs, et malgré ses efforts il ne put en venir 4 bout. La blondinette conféra alors avec une amie et, dans leurs chuchotements, je percus le mot ciseaux. Il venais d’offir 4 cette a- Moi aussi, je veux un sou- venir du Pére Noél! Et, oubliant les jouets, les petits garcons et les petites filles se disputé- rent des lambeaux de mon beau manteau rouge. Le directeur de l’école était confus. - Cher Pére Noél, me dit-il, je suis navré de cet incident. En vous deman- dant de venir ici, je ne m/’attendais pas que. vous soyez traité de la sorte... C’est justement ce genre d’incident auquel il faut s’attendre quand on est célébre. Je rassurai l’ex- cellent homme, lui assu- rant que mon ange-tail- eur remettrait rapidement de l’ordre dans ma garde- robe. Et c’est ainsi que les ‘enfants de cette école rentrérent chez eux avec un jouet -.ce qui n’est pas extraordinaire -mais aussi avec un morceau de mon vétement, ce qui est beau- coup plus rare. Quand a moi, je repris le chemin de mon royaue ; me céleste en m’enrhu- mant pour la premiére fois de ma vie, car mon man- teau était réduit 4 une simple veste! ami. Le Soleil de Colombie, Ven dredi 22 décembre 1978 9 RRR REK KAKA K KKK KKK KA AK RAK RAK KKK LAKHS Fédération des Franco-Colombiens HF RRR ERK KERR Joyeux Noél, Bonne Année 79 de la part dela _ étes LA FEDERATION KRREERKREKRKRERRRKEKRRERRKRKKEREKRKEKRKRRRREREKEEEE \Y ae. HK KKK KKK KK KKK KK KK KR KKK KEK KEKE KR ERE Les trois petits sourds-muets ; Ils étaient trois petits fréres sourds et muets. Ils n’entendaient pas le cog réveiller la campagne ni leur nom quand on les appelait, ni les cloches qui sonnent avant la nuit. Et ils ne savaient pas dire. non plus le moindre mot de tous les jours, la moindre lettre d'alphabet ni le nom d'un Ils_n'avaient pas d'amis: qui donc serait venu parler a qui ne répond pas? .De ces trois malheureux enfants on avait fait les bergers d'une grande bergerie. On disait sur leur pas- sage: - Comme ils ont les yeux tristes, ou encore - Comme ils chan- tent bien... car ils chan- taient, a leur maniére. L’un avec la bou- che bien fermée comme un vent tres doux qui passe sur les arbres. L ‘autre la bouche ouverte en O comme une siréne sortie de la mer et le troisiéme soufflait dans une trompette et on eut dit un cri d’oiseau de paradis. Et quand tous trois se mettaient a chanter, les paysans sur leur terre s'arrétaient un instant, charmés. Les femmes dans les maisons ou- vraient les fenétres, et dans la forét tous les animaux remuaient vio- lemment le cou, de plaisir. Un soir ils virent l’étoile dont tout le monde parlait et ils virent aussi les gens du village partir les uns apres les autres les bras chargés de cadeaux. Apres s'étre réunis sur la colline et avoir fait de grands gestes ils partirent aussi avec cha- cun une brebis sur le dos. Tout le long du chemin ils chantaient et on s'émerveillait. Mais quand ils ne chantaient pas- ils restaient seuls et on disait sur leur passage: - Comme ils ont les yeux tristes. Ils arrivérent xg au d de la créche, et ils offrirent un merveilleux concert, si beau que tous les assis- tants tombérent a genoux et que Marie pleura. On eit dit que le ciel et la mer et les foréts se mettaient a chanter une musique trés douce. Aucun violon du monde, ni clarinette ni voix d'or n'‘avaient jamais ainsi enchanté la terre. Alors il arriva une chose étonnante. Le ciel se mit d’étoile tomba comme tombent les larmes, la, au milieu des trois petits sourds-muets. Ils furent si surpris, si heureux, peut- étre aussi eurent-ils un peu peur, qu'ils s'arréte- rent de chanter: - Le beau caillou, dit l'un habitué aux plierres des coteaux. - Il tombe du ciel, dit l'autre. - C'est le Bon Dieu qui nous l'envoie, dit le dernier. Ainsi vinrent @ par- ler les trois petits sourds- muets. 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